Un voyage à Bagdad pour rien ? Ces pays où une visite de François Hollande aurait été nettement plus utile pour résoudre les problèmes irakiens<!-- --> | Atlantico.fr
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Un militaire irakien survolant Bagdad.
Un militaire irakien survolant Bagdad.
©Reuters

Encore râté

Dans sa volonté de lutter contre l'avancée de l'Etat islamique en Irak, François Hollande sera présent ce vendredi à Bagdad en vue d'apporter son soutien à son homologue irakien. John Kerry, de son côté, continue sa tournée des pétromonarchies dans le but de constituer une coalition contre l'Etat islamique. Un choix de pays sûrement plus judicieux à cette fin que celui du président français.

Frédéric Encel

Frédéric Encel

Frédéric Encel est Docteur HDR en géopolitique, maître de conférences à Sciences-Po Paris, Grand prix de la Société de Géographie et membre du Comité de rédaction d'Hérodote. Il a fondé et anime chaque année les Rencontres internationales géopolitiques de Trouville-sur-Mer. Frédéric Encel est l'auteur des Voies de la puissance chez Odile Jacob pour lequel il reçoit le prix du livre géopolitique 2022 et le Prix Histoire-Géographie de l’Académie des Sciences morales et politiques en 2023.

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Atlantico : François Hollande est attendu ce vendredi 12 septembre à Bagdad pour une visite à son homologue irakien. A quelques jours de la tenue lundi d'une conférence internationale pour "la paix et la sécurité en Irak" à Paris, quel intérêt y a-t-il à entreprendre une telle visite ? Ce voyage présente-t-il un réel intérêt diplomatique ?

Frédéric Encel : Il s'agit pour un chef d'Etat de démontrer sa détermination. Et pas n'importe lequel puisque François Hollande incarne le chef politique - et militaire, ne l'oublions pas - de l'un des seuls pays au monde à disposer d'une vraie capacité de frapper puissamment les barbares de l'Etat islamique. Cette visite ne s'inscrit dons pas seulement dans une dimension symbolique ; s'y joue aussi une crédibilité, à la fois vis à vis de nos alliés occidentaux parfois hésitants, comme l'Allemagne, et de nos partenaires locaux, tels les Emirats arabes unis. Enfin François Hollande vient soutenir in situ un Etat en pleine décomposition, à savoir l'Irak.

Cette visite du président français, et celle du Secrétaire d'Etat américain John Kerry mercredi en Irak, visent-elles à signifier le rôle à jouer par ce pays dans la lutte à engager en vue de la destruction de l'Etat islamique ?  

Oui, également. Après tout, les deux vieux alliés se retrouvent une fois de plus dans le même combat. C'est d'autant plus important que la querelle de 2003 (déjà liée à l'Irak) avait laissé des traces, et qu'aujourd'hui un Hollande peut rappeler à un Obama qu'il y a un an, celui-ci avait refusé de le suivre dans des frappes sur le régime criminel d'Assad en Syrie. Clairement, en 2013, c'est le président français qui avait eu raison, son homologue américain étant à présent contraint de frapper ceux qui, soit disant ennemis mais objectivement alliés du despote syrien, n'auraient sans doute pas percé de cette façon.

Avec cette visite, François Hollande souhaite-t-il prolonger son image de chef de guerre engagé dans la lutte contre le terrorisme ?  

Sans aucun doute. Et on ne peut incriminer une volonté de faire oublier ses difficultés intérieures puisque dès les premiers mois de son mandat, François Hollande avait défini très clairement sa ligne interventionniste en matière d'Affaires étrangères. Sa volonté de tenir son rang dans la lutte contre les djihadistes de l'Etat islamique fait notamment écho à l'opération Serval, au Mali, et même au très récent renforcement du dispositif judiciaire antiterroriste.

Dans le cadre de cette volonté de lutter contre l'Etat islamique, François Hollande n'avait-il pas intérêt à se rendre dans d'autres pays en priorité ? Lesquels et pourquoi ?  Comment expliquer qu'il ne l'ait pas fait ? 

Je dirais que l'Irak - ou ce qu'il en reste - constitue tout de même le théâtre d'opérations principal, et qu'aucun Etat de la région n'est historiquement allié et attaché à la France comme le serait le Tchad, par exemple, sur un autre continent. Certes, les Emirats abritent une base de Mirage depuis 2009,mais le lien bilatéral n'est pas aussi fort, autre exemple, que celui qui lie les Etats-Unis à l'Arabie saoudite.

Cela dit, un geste très fort a été de se rendre à Erbil, en terre kurde (Edit 18h00 : il s'y est en réalité effectivement rendu ce vendredi après-midi). Après tout, les combattants Peshmergas représentent aujourd'hui l'unique rempart à peu près sérieux à l'Etat islamique, si l'on excepte les milices chiites du sud. Mais enfin cela sera très mal pris par la Turquie, déjà remontée au fait qu'en 2015 auront lieu en France les commémorations du 100e anniversaire du génocide arménien...

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