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OTAN : à quoi servent les sommets ?
©REUTERS/Larry Downing

Bonnes feuilles

En mutation permanente, le domaine d'action de l'Alliance Atlantique va bien au-delà de la relation entretenue avec la France. Les enjeux liés à l'OTAN sont bien plus intéressants que ce prisme réducteur, et il est temps de comprendre enfin comment s'est transformé ce qui était un héritage de la guerre froide. Extrait de "L'Otan au XXIe siècle", de Olivier Kempf, publiés aux Editions du Rocher (1/2).

Le sommet des chefs d’État et de gouvernement constitue un outil majeur de la vie contemporaine de l’Alliance. Il est devenu de plus en plus important pour deux raisons : d’une part, la multiplication de sommets similaires (grands sommets de l’ONU, sommets de l’UE, sommets du G8/G20, etc.) milite pour qu’une organisation internationale prouve son importance par sa capacité à réunir régulièrement les chefs d’État (phénomène de concurrence) ; d’autre part, la visibilité médiatique que cela assure permet d’évoquer publiquement les problèmes et d’ouvrir un débat qui serait cantonné autrement à des spécialistes (phénomène de médiatisation). Ces deux motifs tiennent à la recherche d’une plus grande démocratie, par l’investissement des grands décideurs et l’investissement du public. Ajoutons une raison plus organique et interne à la structure : un sommet permet d’accélérer la prise de décisions, ce que les procédures normales de négociation ne permettent pas aussi rapidement (phénomène de cristallisation).

Cette invention date des années 1970, au moment d’ailleurs de la réunion du G5, devenu depuis G8. Auparavant, si l’on exclut le sommet des Bermudes de 1953 qui réunit les chefs d’État américain, anglais et français, les États utilisaient leurs ambassadeurs au CAN. Le premier sommet des chefs d’État et de gouvernement se tient à Paris en 1957, à la suite du lancement du Spoutnik par les Soviétiques (accord sur la mise à disposition des alliés de missiles balistiques de portée intermédiaire et de sites nucléaires américanisés). Le format est ensuite abandonné jusqu’à 1974, où se tient un sommet de l’Alliance à Bruxelles (déclaration sur les relations atlantiques), puis un à Londres en 1977. Les suivants se succèdent tous les trois ou quatre ans : Washington en 1978, Bonn en 1982, Bruxelles en 1985 puis en 1988. Le rythme s’accélère à cause de la Perestroïka de M. Gorbatchev, et un nouveau sommet se tient en mai 1989. Il y a ainsi eu huit sommets de 1949 à 1989, et dix de 1990 à 2009.

Alors que le rythme initial était quadriennal, et sauf l’exception des années 1988 à 1991 où l’on observe un sommet chaque année, les années 1990 voient donc des sommets tous les trois ans en moyenne, et les années 2000 tous les deux ans. C’est du moins ce qu’on croyait puisqu’à l’issue du sommet de Riga (novembre 2006), il était décidé de se réunir deux fois : en avril 2008 (Bucarest) et en 2009, à l’occasion du soixantenaire de l’Alliance. Avec le sommet de Lisbonne de novembre 2010 et celui de Chicago en mai 2012, on constate donc que le rythme s’est accéléré à un sommet tous les dix-huit mois52. Toutefois, alors qu’un sommet était prévu à l’automne 2013, il se tiendra en septembre 2014 : on reviendrait alors à un rythme biennal, qui semble plus raisonnable car avec le recul, certains sommets sont apparus creux. Un allongement du rythme permettrait de les densifier.

Formellement, les chefs d’État et de gouvernement siègent au Conseil de l’Atlantique Nord, puis aussi à tous les conseils de l’OTAN (conseil du partenariat euroatlantique – CPEA, Conseil OTAN-Russie, Conseil OTAN-Ukraine, formation ad hoc des pays participant à la FIAS, etc.). Le sommet dure deux jours. Il est conclu par une « déclaration finale », qui est le document politique récapitulant les décisions du sommet (elle a été longuement négociée à l’avance par les chancelleries). Des déclarations annexes peuvent également être publiées, afin de donner l’accent sur tel ou tel sujet. En fait, ces réunions permettent aux responsables politiques d’organiser des entretiens séparés sur des questions liées à l’Alliance… ou à d’autres sujets.

Extrait de "L'Otan au XXIe siècle", de Olivier Kempf, publiés aux Editions du Rocher, 2014. Pour acheter ce livre, cliquez ici.

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