Les grandes villes face à la menace de l’invasion de super rats<!-- --> | Atlantico.fr
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Des rats ont été vus gambadant sur les pelouses de nombreux jardins de Paris
Des rats ont été vus gambadant sur les pelouses de nombreux jardins de Paris
©Reuters

Ce n'est pas très rat-goûtant

Les rats envahissent chaque jour un peu plus nos villes, nos rues, nos parcs. Il y en aurait actuellement à Paris deux pour un habitant. Et pourtant, les municipalités lancent chaque année au minimum deux grandes campagnes de dératisation à base d'anticoagulants.

Frédéric Devanlay

Frédéric Devanlay

Frédéric Devanlay est le gérant d'Avipur, société de désinsectisation, dératisation, désinfection et assainissement.

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Atlantico : De nombreux rats se baladent actuellement sur les pelouses des jardins publics de Paris. De plus un rapport montre qu'il y a actuellement environ deux rats pour un habitant. Comment les grandes villes s'y prennent-elles pour dératiser leurs sous-sols, parcs et rues ?

Frédéric Devanlay : Les grandes villes, à l'instar de Paris et de la grande couronne, lancent effectivement des campagnes de dératisation régulièrement. Ces campagnes visent notamment un traitement des réseaux d'assainissement et des réseaux d'égouts.

On procède généralement de la sorte : on soulève les plaques d'égout et on dispose un bloc hydrofuge raticide, c'est-à-dire un anticoagulant qui provoque une hémorragie chez le rat dès lors qu'il l'ingère, puis le fait mourir quelques heures plus tard. Concernant les opérations menées auprès des bâtiments communaux, on dispose des postes d'appâtage sécurisés contenant des raticides ne pouvant se répandre. Pour ce qui est des parcs et jardins, il s'agit toujours de ces postes d'appâtage contenant anticoagulant mais que l'on cache avec précaution cette fois, afin d'éviter tout type d'accident comme l'ingestion par des enfants, des chiens ou des chats. Cependant, il est bon de préciser qu’un seul passage ne suffit jamais. Les équipes de dératisation se doivent de repasser déposer des appâts régulièrement.

Comment attester de l'efficacité de ces méthodes ?

Pour être sûr que la technique ait bien marché, on établit dans un premier temps plusieurs passages et on vérifie qu’il y ait bien consommation du produit dans le poste d’appâtage. Si la consommation n’est que partielle, on réalimente jusqu’à ce qu’il n’y ait plus de produit. On voit également la baisse de la population sur les dégâts occasionnés, qui par conséquent sont moindres, et on constate la présence d’excréments qui est symptomatique de la taille de la population.

Par ailleurs, les anticoagulants dernière génération sont souvent utilisés par la plupart des sociétés de dératisation. Cependant, dans le cadre du Grenelle de l'Environnement et de la directive biocide, il existe une réglementation très stricte concernant la concentration des matières actives que contiennent les produits raticides. Selon moi, cette concentration est insuffisante étant donné que les rongeurs développent pour la plupart une accoutumance à ces produits.

A combien s'élèvent en moyenne les dépenses des municipalités dans la dératisation ?

En moyenne, les prestations peuvent aller de 30 000 à 50 000 €. Mais à vrai dire, les dépenses sont très variables étant donné qu’elles dépendent de la taille du réseau d’assainissement, du nombre de bâtiments communaux et de la fréquence de passage.

Quelles sont les raisons de la recrudescence des rats dans les grandes villes ? Pourquoi les rats prolifèrent-ils autant, malgré les moyens mis en place ?

Plusieurs facteurs expliquent cette recrudescence. Tout d’abord, l’augmentation des chantiers tout au long du périphérique a fortement contribué à déloger les rats et à les faire migrer vers le cœur de la ville. De plus, les montées des eaux dues aux précipitations qu’il y a pu avoir ces derniers temps, notamment au niveau de la Seine, ont obligé les rats à migrer cette fois un peu plus vers la surface.

On peut également attribuer cette recrudescence à une accoutumance de la part des rats à des produits moins efficaces qu’ils ne pourraient l’être. Enfin, les rats s’habituent de plus en plus à la présence de l’homme. D’autant plus que du côté de l’homme, des dispositions ne sont pas toujours prises correctement. Je pense notamment à l’utilisation de sacs simples pour l’évacuation des déchets, alors que des containers hermétiques seraient bien plus adaptés.

Finalement, quels problèmes les rats posent-ils ?

Les rats, et les rongeurs plus généralement, ont – comme leur nom l’indique – tendance à tout ronger. Ils coupent notamment les circuits électriques et d’alimentation, pouvant parfois mener à des incendies. Ce type de dégâts peut parfois se chiffrer à plusieurs millions d’euros. Dans les milieux de restauration, les rongeurs souillent les aliments, ce qui entraine des coûts importants de produits à la poubelle. Enfin, les rongeurs, et principalement les rats, peuvent être vecteurs de germes pathogènes, comme la leptospirose, qui est certes bénigne mais qui peut parfois conduire à une insuffisance rénale, voire à la mort dans 5 à 20 % des cas, selon l’Institut Pasteur. Il n’est d’ailleurs pas impossible qu’à l’avenir d’autres maladies se développent et qui soient véhiculées par cet animal.

Quels sont les autres types d’animaux nuisibles présents dans la capitale ?

Il y a bien évidemment les souris qui sont elles aussi en nombre exponentiel. Le désavantage des souris résident dans le fait que, contrairement  aux rats, elles montent dans les habitations et vivent de manière très importante chez l’habitant, à savoir chez les particuliers, dans les hôtels, etc. Pour cette raison, ce type nuisibles est peut-être même pire que les rats.

On assiste également depuis quelques années à une recrudescence des fouines. A l’origine, elles se trouvaient dans les campagnes et progressivement, on les a vu apparaître dans les banlieues puis les villes.

Mais le fléau le plus important aujourd’hui est sans aucun doute la recrudescence des punaises de lit. En 18 ans de métier, je n’avais reçu des appels que d’hôtels un peu miteux. Aujourd’hui, les appels sont quotidiens, provenant de particuliers vivant pourtant dans des appartements propres, d’hôtels étoilés, etc.  L’augmentation de cet insecte s’observe au niveau mondial, surtout à New York., et s’opère grâce aux voyages et aux échanges entre les différents pays. Elles s’installent et sont difficiles à combattre, étant donné qu’on observe chez elles également un phénomène d’accoutumance. De plus, pour les mêmes raisons que les raticides, les produits actuels ne sont pas aussi efficaces qu’ils ne pourraient l’être.

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