Et maintenant une loi pour la croissance… et bientôt une contre la pluie ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Bientôt une loi contre la pluie ?
Bientôt une loi contre la pluie ?
©Reuters

Puisqu'on y croît

Le ministre de l’Économie Arnaud Montebourg vient d'annoncer qu'il souhaitait présenter un projet de loi pour la croissance d'ici l'automne. Une déclaration sémantique qui en dit long sur la conception qu'a notre personnel politique de l'économie.

Charles Gave

Charles Gave

Charles Gave est président de l'Institut des Libertés, un think tank libéral. Il est économiste et financier. Son ouvrage L’Etat est mort, vive l’état  (éditions François Bourin, 2009) prévoyait la chute de la Grèce et de l’Espagne. Il est le fondateur et président de Gavekal Research et de Gavekal Securities, et membre du conseil d’administration de Scor.

 

 

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Atlantico : Dimanche 29 juin, le ministre de l'Economie Arnaud Montebourg a évoqué la présentation à l'automne prochain d'un grand projet de loi sur la croissance et le pouvoir d'achat. Quelle peut-être l'utilité d'une loi à cet égard ? Une loi peut-elle sinon provoquer, du moins encourager la croissance ?

Charles Gave : Etant à la fois économiste et homme d'affaires depuis quarante ans, je sais maintenant avec certitude que l'économie française va s'effondrer dans les trimestres qui viennent puisque monsieur Montebourg va faire passer une Loi pour la croissance, comme il avait promis de sauver la sidérurgie française.

Ce projet vient de loin : en 1981, la droite ayant été battue, un député de droite survivant avait lancé à la Tribune:  "Vous allez vous  fracasser sur la Loi de l'Offre et de la Demande". La réponse avait aussitôt fusé des bancs socialistes. "Nous allons abolir cette Loi". C'est sans aucun doute ce à quoi va s'attacher monsieur Montebourg et il va réussir aussi bien que Lénine, Staline ,Mao, Castro, Chavez ou que monsieur Mitterrand de 1981 à 1983.

En fait, l'économie  ne croit  que si le système légal permet le déroulement du processus de création destructrice chère a Schumpeter. Or en France, la quasi-totalité des lois portant sur des domaines économiques visent à empêcher la destruction, ce qui revient immédiatement à empêcher toute création, c'est-à-dire toute croissance.

Réfléchissons deux minutes : dans quels secteurs pourrions-nous avoir une croissance aujourd'hui en France ? A mon avis, dans tous les secteurs qui sont liés a l'éducation, aux transports en commun, aux medias, à la culture, à la Sante. La Suède fit faillite en 1992 et pour s'en sortir dérèglementa et privatisa tous ces secteurs, et aujourd'hui elle se porte comme un charme. 

En France, tous ces secteurs sont sous le contrôle de l'Etat, c'est-à-dire sous le contrôle de la CGT ou des syndicats professionnels ou des enseignants. 

La loi de monsieur Montebourg devrait donc abolir le système des syndicats représentatifs datant de l'après-guerre, faire la lumière sur le financement de ces syndicats et leurs rapports avec les partis, interdire toute relation entre les bétonneurs et les hommes politiques ainsi que tout ce capitalisme de connivence qui ruine la France, casser les grandes banques françaises en de multiples entités régionales, privatiser la Sécu et que sais-je encore... et là je serais certain que la croissance repartirait comme une fusée.

Mais je ne sais pas pourquoi, j'ai des doutes....

Voir aussi : "Mais à quoi Arnaud Montebourg peut-il donc concrètement penser quand il dit vouloir (et pouvoir) “réformer les mécanismes profonds de l’économie” ?"

D'où vient cette obsession française à considérer que la loi a le pouvoir de remodeler le réel ?

Faire une loi sur la croissance, c'est croire que le futur est connaissable, ce qu'il n'est pas, comme l'a fort bien montré Karl Popper en théorie, et l'URSS en pratique. Un point important doit être mentionne ici : pour la PREMIERE fois dans l'histoire de notre pays, il n'y a pas un seul membre du gouvernement qui ait la moindre expérience du secteur privé. Tous les membres de ce gouvernement ont toujours été payés par nos impôts, et jamais par un client.

Ils sont tous députés maires ou conseillers-généraux et pour se faire élire par leurs troupes, il suffit d'augmenter les impôts sur ceux qui ne votent pas pour eux, ou d'emprunter.

Et donc le poids de l'Etat dans l'économie augmente sans cesse. Et s'il y a une loi qui ne connait pas d'exception, c'est que plus le poids de l'Etat augmente, plus la croissance économique diminue. Donc, pour que la croissance revienne il faut que le poids de l'Etat baisse, ce qui est impossible dans notre système politique.

Dans les trois démocraties les plus anciennes, Suisse, Grande-Bretagne , USA, un fonctionnaire peut se présenter aux élections mais il doit alors donner sa démission de la fonction publique pour toujours, pour ne jamais y retourner.

Rien de tel en France ou un fonctionnaire battu retourne dans son corps d'origine en attendant la prochaine élection, sa carrière ayant évolué comme s'il était reste fonctionnaire. Du coup, nos élus sont majoritairement fonctionnaires. Si la Chambre était majoritairement composée de garçons coiffeurs, elle prendrait des mesures favorables aux garçons coiffeur

Et donc les fonctionnaires a la chambre prennent des mesures favorables aux fonctionnaires. Et donc le poids de l'Etat augmente et avec lui le nombre des chômeurs. Chaque fois qu'un fonctionnaire de plus est engagé, trois travailleurs du secteur prive perdent leur emploi.

A quelle situation absurde cette obsession conduit-elle actuellement ?

Très simple : le pays qui devrait être le plus riche du monde compte tenu de ses avantages naturels et de la qualité de sa force de travail est en train de s'appauvrir a vue d'oeil.

Comme je l'ai écrit dans un livre paru en 2002, Des Lions menés par des Anes les entrepreneurs français sont comme le tiers Etat en 1789, ils portent sur leur dos la noblesse (le système politique) et le clergé (le système syndical) et la France en crève. La France est sur le chemin qu'a suivi l'Argentine depuis un Siècle. Rien ne peut empêcher un pays de se suicider. Nous sommes sur la bonne voie

Quelles sont les meilleures façons de provoquer la croissance ? A quoi doit-on borner le rôle de l'Etat dans ce processus ? En quoi peut-il être malgré tout utile ?

Monsieur Hollande a été élu a peu près en même temps que monsieur Cameron. Peut-être faudrait-il faire ce qu'a fait le Premier Ministre Britannique?

Virer 600 000 fonctionnaires, et donc permettre au secteur privé de créer 2 000 000 d'emplois,  dérèglementer l'école sur le modèle suédois, baisser le taux d'imposition marginal, baisser les impôts sur le capital, bloquer toute croissance des dépenses de l'Etat avant que de les faire baisser et dire aux Français qu'ils allaient en baver, mais que le désastre socialiste devait être réparé

Et peut-être aussi dire aux Français qu'il n'y a pas un seul exemple dans l'histoire d'une économie qui soit gérée par un Etat qui ne soit conclu par la faillite et la tyrannie ? Que le socialisme est destructeur et mortifère... Que rien ne peut être bâti sur l'envie, le pire des péchés capitaux comme nous le disent les dix commandements?

Et peut-être prendre sa retraite et demander pardon, en laissant la place à d'autres?

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