Ah tiens mais au fait, comment font donc les Américains pour créer des emplois même avec une croissance "plate" ou négative ?<!-- --> | Atlantico.fr
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L'économie américaine a créé 596 000 emplois depuis le 1er janvier.
L'économie américaine a créé 596 000 emplois depuis le 1er janvier.
©Reuters

Cherchez l'erreur

Malgré une croissance à -2,9% au premier trimestre 2014, l'économie américaine a créé 596 000 emplois depuis le 1er janvier. La France s'en tire moins mal au niveau de sa croissance, mais son chômage suit une tendance inverse. Certains cherchent l'erreur, nous on l'a trouvée !

Nicolas Goetzmann

Nicolas Goetzmann

 

Nicolas Goetzmann est journaliste économique senior chez Atlantico.

Il est l'auteur chez Atlantico Editions de l'ouvrage :

 

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Le jeudi 26 juin, Michel Sapin déclarait "Le premier trimestre de cette année a été plat, trop plat, quand on a un trimestre très plat du point de vue économique, c’est rare que ça fasse évoluer dans le bon sens le chômage". En effet, la croissance française aura été on ne peut plus plate en ce premier trimestre 2014, en affichant une croissance de 0%, c’est-à-dire une stagnation totale. Une platitude qui aura eu pour conséquence de faire progresser le nombre de chômeurs de 42 000 personnes pour les 3 premiers mois de l’année.

A l’inverse, aux Etats-Unis, les chiffres apparaissent contrastés. La croissance américaine a lourdement flanché au cours du premier trimestre 2014, pour atteindre -2.9% en chiffres annualisés, c’est-à-dire son plus mauvais résultat depuis 5 ans. Une véritable déconvenue  pour le pays. Mais bizarrement, cette chute ne semble inquiéter personne.

En effet, les chiffres de l’emploi affichent des résultats en totale inadéquation avec ceux de la croissance. Les Etats Unis ont ainsi crée un total de 569 000 emplois depuis le 1er janvier de cette année, de quoi rendre fou n’importe quel projectionniste. Le taux de chômage a quant à lui baissé, passant de 7% en décembre 2013 à 6.7% en avril, pour atteindre 6.3% aujourd’hui. 569 000 emplois de plus d’un côté et une croissance négative de 2.9%. Un résultat qui ferait sans nul doute sursauter Michel Sapin, un ministre peu adepte des "calculs de chambre" (Selon ses déclarations du 23 juin dernier).

Le puzzle américain mérite d’être détaillé. La consommation continue de progresser mais à un rythme faible de 1% au premier trimestre, au lieu d’une croissance attendue de 3.1%. Cet écart est principalement lié à l’écroulement des dépenses de santé qui ont été bien moins fortes que prévues. Un effet  inattendu et pour le moment attribué aux réformes du système de santé "Obamacare".

De la même façon, les exportations ont chuté très fortement sur un rythme de 8.9% sur ce premier trimestre. Une chute qui est la conséquence de la faible demande extérieure adressée aux Etats Unis, et ce notamment en raison de l’agonie de la demande européenne et du coup de mou des économies émergentes en ce début d’année. Les Etats Unis ont subi un hiver polaire et la faiblesse de  l’activité économique est régulièrement perçue comme une conséquence de cette situation,  notamment en raison du blocage des chaînes de production.

Dans un tel contexte, il est surprenant de constater que les marchés financiers ont continué de progresser et que les entreprises ont continué d’embaucher. Les américains semblent bien se moquer de ce trimestre calamiteux. Car en comparaison, et malgré sa stagnation, l’économie française a fait bien mieux que son concurrent américain. Et c’est là que la différence essentielle apparaît.

L’économie américaine a confiance en son avenir. Le soutien apporté à l’économie par la réserve fédérale permet aux agents économiques d’en savoir plus sur la tendance à venir du niveau d’activité. Ce discours est rassurant et optimiste, les entreprises voient l’avenir en rose et agissent en conséquence. Ce n’est pas un mauvais chiffre qui va les alarmer. C’est ainsi que malgré le tassement, ce sont encore 282 000 emplois qui ont été créé au mois d’avril 2014 puis 217 000 au mois de mai. Pour le deuxième trimestre 2014, la croissance économique américaine est attendue proche de 4%.

Ce qui constitue, non pas une différence, mais un gouffre, en comparaison de la nouvelle stagnation français et européenne. Les Etats Unis ont confiance en leur avenir et le niveau d’activité actuel bat des records. Les indices avancés sont à la hausse  et l’institut Markit indique que "l’industrie américaine est à nouveau en plein boom, indiquant un plus haut de 4 ans en ce mois de juin". De leur côté, les européens se contentent de leur médiocrité, comme le déclarait le communiqué du Conseil européen du 27 juin, "Pour autant, nous ne reviendrons pas aux promesses d’antan" (en évoquant la croissance économique).  

La stratégie économique américaine fonctionne, grâce au soutien apporté par son autorité monétaire. Les perspectives sont positives et les entreprises bénéficient d’une importante visibilité. A l’inverse, l’Europe stagne, en raison même de son inertie monétaire. Les entreprises européennes prennent acte de cet immobilisme et agissent également en conséquence. Ne rien faire, ne pas embaucher, ne pas investir.

Pour lire le Hors-Série Atlantico, c'est ici : "France, encéphalogramme plat : Chronique d'une débâcle économique et politique"

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