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La face cachée des rebelles libyens
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Kadhafi forever ?

Mais qui sont donc ces fameux rebelles présentés comme de purs démocrates ? Le caractère opaque du CNT (31 membres dont les noms de certains sont tenus secrets) est généralement justifié par la nécessité de protéger la vie de ses membres mais il obéit sans doute à des motifs moins avouables.

Pierre-Emmanuel Barral

Pierre-Emmanuel Barral

Il est secrétaire général de la Commission française d'histoire militaire (CFHM).

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Le soulèvement contre le régime du colonel Kadhafi a été interprété par les médias comme une révolte de l’ensemble du peuple libyen contre un despote abhorré et une aspiration de la population à l’instauration dans ce pays d’une démocratie  à l‘occidentale. Cette lecture du conflit et la volonté de protéger les civils de massacres par ailleurs nullement avérés ont servi de justifications à l’intervention armée des puissances européennes (France et Grande-Bretagne principalement) appuyées par les Etats-Unis.

Cette interprétation a également conduit un certain nombre de gouvernements à reconnaître le Conseil National de Transition (CNT) mis en place par les insurgés à Benghazi comme le seul représentant légitime du peuple libyen. Cette reconnaissance a été accélérée par l’irruption bruyante d’un pseudo-philosophe germanopratin notoirement mythomane, égocentrique et exhibitionniste dont la pensée n’est pas aussi profonde que la chemise ouverte, en quête permanente de gloriole médiatique et qui s’est auto-proclamé porte-parole de la rébellion.

Quatre mois plus tard, tandis que les rebelles se sont révélés incapables de remporter le moindre succès militaire décisif et étalent au grand jour leurs divisions (dont un épisode emblématique fut l’assassinat dans des conditions mal éclaircies du chef militaire de la rébellion, le général Younès), l’opinion publique française commence à se lasser d’une intervention  dont  elle ne voit pas la fin. Mais qui sont donc ces fameux rebelles présentés comme de purs démocrates ? Le caractère opaque du CNT (31 membres dont les noms de certains sont tenus secrets) est généralement justifié par la nécessité de protéger la vie de ses membres mais il obéit sans doute à des motifs moins avouables.      

Quatre tendances politiques se dégagent  sans compter les divisions tribales qui constituent un fait majeur dans la structuration de la société libyenne :

  • les partisans d’une démocratie libérale à l’occidentale comme Mahmoud Jibril sont mis systématiquement en avant dans les médias mais ils sont extrêmement minoritaires et vivent pratiquement tous à l’étranger.

  • La tendance majoritaire est nostalgique de la Monarchie et liée à la puissante confrérie des Sénoussis tenante d’un l’islam particulièrement rigoriste. L’étendard brandi par les insurgés est d’ailleurs l’ancien drapeau royal. L’engagement du Qatar en faveur des insurgés pourrait s’expliquer par la volonté de créer à terme un émirat pétrolier aligné sur les monarchies du Golfe.   

  • Il faut également compter avec des Kadhafistes fraichement repentis (dont le chef du CNT Mustapha Abdul Jalil qui est l’ancien ministre de la justice de Kadhafi,  zélé persécuteur des infirmières bulgares !).  

  • Les partisans d’un islamisme radical se font  discrets mais sont  bien présents. Ils sont les héritiers du « Groupe islamique des combattants libyens » sévèrement réprimés par Kadhafi. La lecture d’un rapport  de l’Académie militaire de West Point de 2007 dû à Joseph Felter et Brian Fishman, est à cet égard édifiante et inquiétante. Il est  basé sur des listes de six cents Djihadistes saisis dans une localité irakienne de Sinjar à la frontière de la Syrie. Il montre que la Cyrénaïque, en particulier le corridor qui relie les villes de Benghazi et Tobrouk, est un des principaux viviers de recrutement pour les combattants d’al-Qaïda. La  Libye (et la  Cyrénaïque de manière écrasante) est le second pays fournisseur de djihadistes (20%), le premier proportionnellement à sa population. Le record est  détenu par la ville de Derna qui a fourni 60% des combattants libyens (contre seulement 24% pour Benghazi) et compte un djihadiste pour 1000 habitants ! Les islamistes libyens sont  également plus enclins à devenir des bombes humaines que les autres nationalités (à 85% contre  56%  pour les autres nationalités). Dans un tel contexte, le pire des scénarios serait une anarchie à la Somalienne avec l’implosion du pays, la disparition de l’Etat central et la guerre générale entre toutes les tribus.

    Ce serait un enfer  même «  pavé de bonnes intentions »  pour les Occidentaux et le paradis pour  les Djihadistes du monde entier. 

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