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A quand un jour férié 
pour le Ramadan ?
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Laïcité positive

Pas facile de vivre le ramadan en entreprise, dans une société française où l'on doit laisser ses convictions religieuses au vestiaire. Il serait pourtant possible de mieux organiser le monde du travail pour laisser plus de liberté aux salariés.

Ludovic Lassauce

Ludovic Lassauce

Ludovic Lassauce est responsable produit marketing global chez un équipementier télécom en charge du Machine-to-Machine (Internet des objets). Il a un diplôme d'ingénieur en télécommunications, ainsi qu'un MBA en économie et finance de l'Université de Chicago- Booth School of Business.

 

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Chaque début de Ramadan repose le problème de la place de cette fête religieuse dans l’organisation du travail. Tout d’abord, certains métiers souffrent d’un pic de pénurie de main d’oeuvre. Ainsi par exemple, un jour d’Aïd al-Fitr, il faut vraiment lutter en gare de Bruxelles-Midi pour trouver un taxi (la population musulmane étant fortement représentée dans ce métier). Mais aussi, l’effort sur la santé que ce rite impose aux fidèles musulmans est tel qu’il peut mettre en danger la bonne marche d’une entreprise, la sécurité d’autres employés ou clients. Comment une démocratie laïque doit-elle intégrer cette nouvelle dimension ? Que le Ramadan tombe en plein mois d’août dans une France atrophiée par les vacances est sûrement un débat encore plus gênant.


La liberté est aux entreprises

Pour reprendre l’exemple des taxis, s’il était possible d’envisager un système d’offre et de demande équilibré, nous n’aurions pas de discussion sur le sujet. Le manque de taxi serait très vite comblé par de nouveaux entrants désireux de gagner leur vie. C’est bien parce que l’organisation du travail est dirigiste et peu flexible que la société ne peut plus s’adapter à une fluctuation de l’offre et de la demande qui la dépasse de plus en plus. Notre déficit économique n’est que le résultat qui se creuse entre un monde qui avance et un système politico-socialo-économique vétuste de la dernière guerre.

Les dirigistes avanceront la solution du jour férié pour les musulmans sans pour autant résoudre le problème de fond ou imposeront d’autres règles toutes aussi absurdes aux entreprises. Si nous pointons du doigt les problèmes que peuvent poser le Ramadan dans les entreprises, nous ne remercierons jamais assez les épiceries musulmanes d’être ouvertes le dimanche, pendant que les chrétiens célèbrent leur repos dominical.

Si les 35 heurs sont ridiculisées comme la catastrophe économique, la loi a eu le mérite de révolutionner l’organisation du travail en permettant une annualisation des forfaits pour tenir compte de la saisonnalité du travail. C’est vers une liberté totale d’aménager sa vie active qu’il faut tendre, afin qu'employeurs et employés puissent librement négocier leurs conditions contractuelles. Il faut ainsi donner la liberté aux entreprises de négocier la manière dont elles veulent intégrer les conditions culturelles de leurs employés. Certaines ne feront aucune concession, quand d’autres seront sensibles au poids économique que représente le monde musulman.

Nulle solution imposée par un code du travail ne pourra jamais refléter la diversité du monde actuel. Décentraliser la négociation au niveau de l’entreprise, c’est aussi éviter les situations de conflits ou de discrimination. Dans un marché du travail verrouillé, quel employeur ne serait pas tenté de ne pas embaucher un musulman parce qu’il peut potentiellement être indisponible pendant un mois ?


Laïcité positive vs laïcité à la française

La place de la religion dans la société est sujet sensible. Avec les dernières lois sur le port de signes ostentatoires religieux, les apôtres de la laïcité à la française font de la religion un objet dont on doit se cacher avec comme résultat la stigmatisation des communautés religieuses. C’est une religion d’Etat qu’ils ont finalement créée : la religion de l’absence de religion. Une cohésion nationale est malheureusement difficile lorsque les citoyens doivent mettre de côté une partie de leur soi. La vie dans une société libre, c’est avant tout la possibilité de débattre et partager son point de vue.

L’exemple de Singapour sur le sujet est intéressant, car il favorise une laïcité positive. Personne ne se pose de questions lorsqu’il voit un fonctionnaire porter un turban ou un voile. Chaque religion y est représentée dans le respect des coutumes ; la vie de la cité est organisée pour permettre une émancipation totale de celles-ci. Elles deviennent ainsi transparentes et naturelles. Ce sentiment est une arme efficace pour désamorcer toute tentative de montée des extrémismes.

Finalement, notre sujet c’est bien de rompre avec un système qui dans un monde de mobilité accrue n’a plus les outils pour créer un véritable espace de libertés. La société française ne doit plus se cacher derrière une illusion de république indivisible mais bien au contraire accepter sa diversité et proposer des solutions adaptées à ses communautés. La mise en place de statistiques éthniques est une pierre angulaire permettant de comprendre notre diversité.

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