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Comment ça fonctionne, 
un pervers narcissique ?
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Pulsion et perversion

Ils nous entourent et sont plus nombreux qu'on ne peut le penser. Ils n'hésitent pas à mentir ou à manipuler pour arriver à leurs fins : ce sont les pervers narcissiques. Dans son livre sur le sujet, le psychanalyste Jean-Charles Bouchoux décrit ces personnages dans leur fonctionnement au quotidien. Extraits (1)

Jean-Charles Bouchoux

Jean-Charles Bouchoux

Jean-Charles Bouchoux est psychanalyste et formateur en institut dans la région d'Arles et Montpellier

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Le pervers narcissique structurellement accompli utilise le lien familial, professionnel ou amoureux pour assujettir l’autre. Il a besoin de cette proximité pour exercer son emprise et ne permettra pas à sa victime de prendre de la distance. Il est froid intérieurement, ne connaît pas la culpabilité et n’hésite pas à culpabiliser les autres. Ses valeurs, ses sentiments et son comportement changent en fonction des gens et du contexte qui l’entourent. Extérieurement, il est aimable et peut feindre la compassion et la sympathie. Il est séducteur et si nécessaire, peut être ponctuellement très serviable, surtout si cela lui permet d’atteindre ses objectifs, bien souvent aux dépens des autres. Il ne prend jamais en compte les besoins et les sentiments des autres, sauf pour s’en servir, manipuler sa victime, l’isoler et l’amener à faire ce qu’il veut. Il est égocentrique, exige de l’autre la perfection.

Un communicant habile  

C’est aussi un menteur. Généralement habile avec la parole, il se sert largement du double sens des mots pour manipuler, se positionner en victime pour se faire plaindre ou rendre l’autre volontairement mal à l’aise. Même s’il n’a aucune valeur propre, il utilise la morale et les valeurs des autres pour arriver à ses fins. Il peut mettre en avant des raisons apparemment très logiques pour justifier ses passages à l’acte, il peut être jaloux et infidèle. Il ne supporte pas la critique mais critique sans cesse. Pour se revaloriser, il se nourrit de l’image de sa victime : plus il la dévalorise, plus il se sent fort. Qu’il ressente une angoisse et rapidement, cette angoisse habite l’autre. Par des mécanismes que nous allons étudier, il fait porter aux autres ce qui devrait être sa rage, ses peurs et sa culpabilité, autant dire sa folie.

Or si le pervers narcissique accompli existe, il faut savoir que nous sommes tous amenés à utiliser à certains moments des mécanismes pervers narcissiques. Aussi, plus qu’un essai sur le pervers narcissique, cet ouvrage tente de présenter une cartographie des mécanismes et des origines de la perversion mentale. Il se propose d’esquisser la limite entre normalité et perversion.

Des illustres exemples

À ce sujet, les personnages de Dom Juan et Casanova, par exemple, sont bien difficiles à situer. Dom Juan séduit des femmes et leur donne des rendez-vous auxquels il ne se rend pas mais envoie son valet Sganarelle vérifier qu’elles sont bien venues. Si c’est le cas, il est satisfait. Quant à Casanova, il séduit des femmes, se rend, lui, au rendez-vous, « consomme » puis disparaît. L’un comme l’autre se défendent d’une angoisse liée à l’idée qu’ils se font de leurs pouvoirs. Dom Juan vérifie le pouvoir de son image et Casanova s’assure qu’il n’est pas castré. Nous pourrions donc voir en Casanova un pervers sexuel et en Dom Juan un pervers narcissique. Toutefois, les deux s’enfuient après avoir séduit car une relation amoureuse les mettrait trop en danger.

Un dangereux personnage

Le pervers narcissique tel que nous allons l’étudier séduit sa proie à l’instar de Dom Juan mais la conserve ensuite et cherche à détruire l’image de sa victime. Il s’en nourrit et projette sur elle sa propre folie. Il assujettit son souffre-douleur et le pousse à la dépression, à la violence, à la perversion, à la folie, à la maladie voire dans les cas les plus graves à la mort par suicide ou par accident.

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Extraits de "Les pervers narcissiques", de Jean-Charles Bouchoux, Eyrolles (Juin 2011)


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