Séries télévisées : "mes conseils" pour l'été

Atlantico : quelles séries télévisées peu médiatisées, peu connues, conseilleriez-vous  de voir ?

Guy-Patrick Saintderichin : Je fais partie du petit groupe de scénaristes qui a organisé depuis cinq ans les rencontres « Scénaristes en Séries » (la cinquième édition a eu lieu en octobre dernier à Aix-les-Bains).

Chaque année, nous avons découvert et fait découvrir des séries étrangères remarquables et étonnantes. Nous avons sondé les séries québécoises, britanniques, israéliennes, scandinaves. Certaines de ces séries ont été adaptées.

Deux exemples : la série israélienne BetiPul, connue par sa version américaine In Treatment, la série québécoise Les Bougon, qui a fait l'objet d'une transposition française. Dans ces deux cas, l'original est selon moi très au-dessus de la copie, et mériterait d'être visité.

De même, la magnifique série québécoise Minuit le soir a beaucoup perdu dans sa version doublée en français, en dépit du soin qui y a été apporté. La question du doublage français, ou, pour mieux dire, de l'horreur du doublage français, appellerait d'ailleurs de plus amples développements.

Il faut signaler aussi la série politique (feuilletonnante) danoise Borgen, dont le premier épisode de la saison 1, montré à Aix-les-Bains, est simplement renversant.

Enfin, je trouve qu'on a mésestimé l'invraisemblable Boston Legalcréée par l'immense David E. Kelley (ndlr : connu pour la création de la série Ally McBeal).

Certes, il s'agit d'une série à peu près inexportable, ou plus exactement inimportable. C'est pourtant un extraordinaire chef d'œuvre de mélange des genres, sans équivalent à ce degré, du moins à ma connaissance, dans la littérature, le théâtre ou le cinéma contemporain, qui montre définitivement que l'art des séries n'a rien à leur envier. Nouvelle illustration du fait que les meilleures séries ne ressemblent à rien de connu. Chacun trouvera, pour illustrer cette fière déclaration, les exemples qui lui conviendront.

Je voudrais mentionner aussi, parmi les séries mal ou trop vite jugées, Xanadu(diffusée sur Arte), pour son audace et son intelligence formelle et narrative. Du point de vue (étroit) du scénariste que je suis, ce qui définit une bonne série, c'est quand elle est stimulante.

Il y a forcément des thèmes moins "porteurs" que d'autres : les "grandes" chaînes françaises (TF1 par exemple) ont-elles du mal à diffuser des séries non-"grand public" et qui ne traitent pas, en gros, de la famille ou des séries policières au sens large ? 

Je ne sais pas si elles ont du mal. Le fait est qu'elles n'essaient pas très fort, ni de les diffuser, ni de les produire (car l'art des séries ne saurait se réduire à l'importation américaine, par pitié). 

Cela dit, le projet de TF1, ni d 'aucune autre "grande chaîne", ne peut consister à diffuser des séries destinées à un public restreint. Mais peut-être ont-elles aussi une vision très appauvrie des attentes  du « grand public » (par définition inconnues : en la matière, c'est toujours l'offre qui crée ou révèle la demande, et nul ne peut prédire aucun succès).

Et y a t-il des séries trop médiatisées ? 

Je trouve la série Dexter surmédiatisée. Question de goût : pour moi, la série n'est pas si originale et novatrice qu'on le dit.

Propos recueillis par Philippe Lesaffre