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Journée mondiale contre la sécheresse : risque de crise alimentaire mondiale
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Journée mondiale

Journée mondiale contre la désertification et la sécheresse ce 17 juin : si 3,5 millions de morts sont provoquées chaque année par les inondations ou les contaminations bactériennes, en retour, la sécheresse impacte dramatiquement l'agriculture et aggrave la crise alimentaire mondiale.

Peggy Pascal

Peggy Pascal

Peggy Pascal est ingénieur agronome spécialisé sur les pays pauvres.

 

 

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Atlantico : La sécheresse est-elle en progression dans le monde ?

Peggy Pascal : Oui, les sécheresses sont de plus en plus fréquentes et de plus en plus graves, car elles se produisent de plus en plus souvent lieu dans des pays pauvres à la démographie en explosion.

Par exemple, sur la bande du Sahel, alors qu'il en arrivait une tous les 6 à 10 ans, la fréquence est aujourd'hui plutôt de l'ordre de 2 ans. Il y a aussi un nombre croissant de dry spells (micro-sécheresses) : les agriculteurs sèment, la saison des pluies s'arrête brutalement pendant trois semaines, toutes les graines sèchent et la récolte entière est gâchée.

Désertification et sécheresse sont-elles forcément liées ?

On peut avoir l'un sans l'autre, comme en France ce printemps, par exemple. Une sécheresse est un manque de précipitations par rapport à la norme, alors que la désertification est une tendance de long-terme, accompagnée d'une dégradation des sols. Les sécheresses sont par contre inhérentes aux zones arides et en désertification, c'est pourquoi on devrait être capable de monter dans ces zones des plans de luttes autrement que quand elles surviennent.

L'eau est-elle aujourd'hui plus que jamais un enjeu stratégique ?

Oui, il y a déjà beaucoup de conflits liés, entre autres, à des questions de répartition de l'eau : entre agriculteurs et éleveurs au niveau local, mais aussi entre des États.

Le manque d'accès à l'eau potable est la première cause de mortalité dans le monde. Mais il ne faut pas se méprendre, c'est davantage un problème de qualité que de quantité : la plupart du temps, la mortalité est provoquée par l'insalubrité de l'eau. A titre d'exemple, l'épidémie d'E. Coli qui a tué 34 Allemands fait des milliers de victimes chaque jour dans les pays du Sud.

Il y a un problème majeur avec l'agriculture, qui consomme aujourd'hui 80 à 90 % des ressources d'eau mondiales, alors que seulement 3 % de l'eau disponible sur terre est potable. La plupart des systèmes agricoles du monde sont pluviaux, et non irrigués, ce qui accentue les problèmes de la sécheresse : quand il ne pleut pas, impossible d'utiliser les réserves, et la crise alimentaire survient.

Que peut-on faire ?

Il faut mettre le paquet sur le réchauffement climatique, car en dépassant la barre des deux degrés de réchauffement [NDLR : par rapport à 1990], on ne sait pas ce qui peut se produire.

Il faut également travailler concrètement sur les conséquences de la sécheresse, en investissant dans l'irrigation, dans les énergies renouvelables et dans la petite agriculture familiale plutôt que dans les grandes exploitations industrielles de type sud-américain, très gourmandes en eau.

1640 milliards de dollars sont investis chaque année dans l'armement, alors qu'il suffirait de 42 milliards pour lutter contre la faim et 11 milliards contre le problème de l'eau, qui tue chaque année 3,5 millions de personnes.

La terre est-elle capable de fournir assez d'eau et de nourriture à sa population ?

Oui, elle est aujourd'hui capable de nourrir 6 milliards d'êtres humains, et pourra en nourrir 9 milliards en 2050. C'est un problème de répartition, de choix politiques : mettre la priorité sur l'agriculture familiale, changer les règles du commerce mondial, faire des efforts sur l'irrigation. La marge de progression est énorme.

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