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"Les banques britanniques ont leurs pauvres et leurs subprimes"
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Bonnes feuilles

Le système bancaire britannique devra trouver près de 600 milliards de dollars pour refinancer ses dettes en 2011, comme l'écrit Norbert Silverbach dans son "Petit manuel d'économie : en attendant la fin du monde". La preuve avec ce troisième extrait que publie Atlantico.

Norbert Silverbach

Norbert Silverbach

Norbert Silverbach est professeur agrégé d'histoire et essayiste.

Il est l'auteur du Petit manuel d'économie en attendant la fin du monde (David Reinharc, juin 2011).

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Le destin financier de l’Irlande pourrait bien au travers des risques de contrepartie engager la stabilité des banques britanniques : en effet (International Herald Tribune, Reuters rubrique « Inside the markets », 22 décembre 2010), les cinq plus grandes banques britanniques, Barclays, HSBC, Lloyds, Nationwide Building Society et Royal Bank of Scotland sont exposées à l’Irlande pour 148,5 milliards de dollars, soit quelque 45 % du montant de leurs capitaux propres, c'est-à-dire le montant à recapitaliser pour couvrir les provisions en cas de pertes correspondantes.

Dans une telle hypothèse, seul le contribuable britannique pourrait apporter les 148,5 milliards de dollars nécessaires à ces cinq banques trop grosses pour faire faillite. (International Herald Tribune,  Reuters « Inside the markets », 22 décembre 2010).

Certes, ces banques britanniques n’ont guère prêté à l’État irlandais, mais elles barbotent jusqu’au cou dans la bouse des prêts hypothécaires en Irlande, lesquels sont souvent aussi délicieux que de vulgaires subprimes américains. Déjà, la moitié des 42 milliards de dollars investis par la banque Lloyds dans le secteur privé en Irlande est tout juste bonne à être provisionnée.

De toute façon, les banques britanniques ont leurs pauvres et leurs subprimes :

Les prix de l’immobilier résidentiel britannique, qui jusque-là n’avaient connu qu’un déclin miraculeusement doux, commencent à branler.Si la lutte contre l’inflation force les banques centrales à accroître les taux de leurs avances au système financier, les taux des crédits interbancaires vont refléter la hausse.

Or, en Grande-Bretagne, les taux des crédits immobiliers sont révisables et indexés sur les taux des marchés interbancaires (en Grande-Bretagne, le Libor).

Si les taux montent, les emprunteurs auront du mal à payer, d’autant plus que les réformes de structures décidées par le Premier ministre Cameron vont frapper (600 000 emplois publics seront supprimés et encore plus d’emplois privés, soit 1 million de chômeurs supplémentaires prévus). Cela ne promet pas des crédits ensoleillés, mais plutôt des défauts de paiements, comme pour les subprimes américains.

Et ce n’est pas tout : les prix de l’immobilier commercial, qui  atteindraient la moitié des crédits des banques britanniques sont en baisse de 35 % (International Herald Tribune, 18 février 2011, Reuters « Inside the markets »).

De nombreux emprunteurs n’assurent plus le service de leurs dettes. Certes, les banques essaient de provisionner les pertes, mais ces provisions sont soustraites des capitaux propres (en fait des bénéfices). Aussi, une pratique courante consiste à reporter les échéances et attendre un temps meilleur (ce qui en Angleterre est très aléatoire), c'est-à-dire la remontée espérée des prix de l’immobilier.

En même temps, les garanties du gouvernement britannique accordées aux banques lors de la tempête financière de l’équinoxe d’automne 2008, pour un montant de quelque 500 milliards de livres, arrivent à échéance fin 2012.

Selon la Bank of England, de 525 à 600 milliards de dollars de dettes des banques britanniques viennent à échéance pour l’année 2011, il faudra donc que le système bancaire britannique trouve les mêmes sommes (525 à 600 milliards de dollars), pour refinancer ses dettes à l’échéance du cours de l’année 2011.

Pour les deux années 2011 et 2012, le total des échéances atteint 500 milliards de livres (800 milliards de dollars).

Or, en 2010, les banques britanniques ont emprunté 141 milliards de livres (Wall Street Journal, 2 mars 2011).

Puis, lors de l’échéance, fin 2012, des garanties de l’État britannique, soit 500 milliards de livres (un peu plus que les garanties de l’Irlande à ses banques, 440 milliards d’euros), il faudra encore trouver la même somme… Voilà qui ne se trouve point simplement sous le pas d’un cheval… Et cela explique pourquoi les banques britanniques thésaurisent tout ce qu’elles peuvent ! (Wall Street Journal, 2 mars 2011).

Et voilà pour les héros malheureux de l’insurrection de Pâques 1916 à Dublin une douce vengeance, bien que d’outre-tombe…

Extrait duPetit manuel d'économie en attendant la fin du monde de Norbert Silverbach

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