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"Le tabac coûte 47 milliards d'euros par an aux Français"
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Magot des mégots

A l'occasion de la Journée mondiale sans tabac, l'Organisation mondiale de la santé estime que d'ici à 2020, le tabac sera la principale cause de décès et d'incapacité, avec plus de 10 millions de victimes par an. Le tabagisme entrainera alors plus de décès à travers le monde que le Sida, la tuberculose, la mortalité maternelle, les accidents de voiture, les suicides et les homicides combinés... Une mort qui, en plus, coûte très cher.

Gérard  Audureau

Gérard Audureau

Gérard Audureau est président de l'association DNF (les Droits des non-fumeurs) depuis 2002

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Atlantico : A qui profite le business du tabac ?

Gérard Audureau : Les seuls qui en profitent réellement sont les industriels du tabac qui continuent à tuer un de leurs consommateurs sur deux même s'ils refusent de l'assumer. Pour le savoir, il suffit de lire leur bilan qui exprime clairement que les profits sont énormes – y compris en période de récession. Ils demeurent de grands bénéficiaires.

Les taxes sur le tabac sont également une manne pour l'État... Bercy a une politique à très court terme. C'est-à-dire que Bercy voudrait pouvoir encaisser des sommes importantes en temps normal, et encore plus en majorant les taxes... sans pour autant réduire la consommation. Si on fait le calcul, les taxes représentent 10 milliards d'euros et la TVA, 1,2 milliard. Soit un total de 11,2 milliards d'euros. Cette politique va totalement à l'encontre de celle du ministère de la Santé puisque les dépenses liées à la consommation de tabac coûtent globalement à la nation 47 milliards d'euros chaque année. On a donc une cigarette qui coûte quatre fois et demi plus qu'elle ne rapporte. Imaginez que les seules dépenses de santé de ville ou de santé hospitalière représentent déjà 18 milliards d'euros. En plus de ces dépenses directement liées au tabagisme, il faut ajouter les dépenses sociales, les arrêts de travail, beaucoup plus importantes chez les fumeurs que chez les non fumeurs, etc. (1)

Malgré la crise et les lois sévères anti-tabac, les industriels du tabac ne connaissent pas la crise ?

Les lois font régresser la consommation quand elles sont bien appliquées. Mais ce n'est pas le cas en France. L' Angleterre ou le Canada ont une véritable politique qui fait baisser la consommation de tabac. Ils sont arrivés à 10 ou 15 % de taux de prévalence (le pourcentage de personnes qui fument). Nous en sommes au double !

Comment l'expliquez-vous ?

La faute au lobby et des pressions qui existent encore sur la presse, les annonceurs, etc. Par exemple aux États-Unis, l'industrie du tabac a été obligée de rendre publique les archives de sa comptabilité. Un contrat avec Sylvester Stallone proposait ainsi 500 000 dollars à l'acteur si on le voyait fumer à six reprises dans un de ses films. En France, des élus s'affichent avec des lobbyistes du tabac... Les lobbies n'ont jamais été aussi puissants. Ainsi, depuis que le décret Bertrand (qui prévoit notamment l'interdiction de fumer dans les lieux publics) est passé, on a eu affaire à sept propositions de loi assassines qui tendent à réduire l'influence des associations qui luttent contre le tabac...

(1) Coût social du tabagisme selon l'association DNF (les Droits des Non-Fumeurs)
Le tabac est une drogue qui impose un coût très élevé à la France. Les dépensés liés au tabac atteindraient47 739 millions d’€ (soit 3,05% du PIB), ce qui représente une dépense de 772 € par français [6].Le montant est évalué :- pour les pertes de productivité (entreprises-arrêts maladie/absentéisme) à 18 086 millions d’€ ;- pour les pertes de revenus pour les individus (consommateurs ou non) à 7 657, millions d’€ ;- pour les dépenses liées aux soins à 18 254 millions d’€ répartis entre soins hospitaliers (8731millions d’€)et médecine de ville (9522millions d’€) ;- pour les pertes de prélèvements obligatoires à 3 737 millions d’€ ;- pour la prévention à 2,82 millions ;- pour la lutte contre les feux de forêts à 1,78 million d’€.

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