Ukraine : c'est la menace d’une guerre économique qui calmera la Russie<!-- --> | Atlantico.fr
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La Russie, l'Europe et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour éviter la montée des tensions en Ukraine.
La Russie, l'Europe et les Etats-Unis se sont mis d'accord pour éviter la montée des tensions en Ukraine.
©Reuters

Epée de Damoclès

La Russie a annoncé avoir trouvé un accord à Genève avec les Etats-Unis, les Etats européens et l'Ukraine pour mettre un terme à la montée des tensions. Le gaz n'est pas étranger à cette conciliation.

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre

Jean-Marc Sylvestre a été en charge de l'information économique sur TF1 et LCI jusqu'en 2010 puis sur i>TÉLÉ.

Aujourd'hui éditorialiste sur Atlantico.fr, il présente également une émission sur la chaîne BFM Business.

Il est aussi l'auteur du blog http://www.jeanmarc-sylvestre.com/.

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La Russie a semble-t-il pris au sérieux les menaces de sanctions proférées par les Etats-Unis et l’Europe… sauf que pour les entreprises européennes c’était aussi très risqué.

Le plan de sanctions économiques contre la Russie était en gros identique a celui qui avait été imposé à l’Iran. Sauf qu’avec la Russie, l’impact eût été beaucoup plus lourd.

Ces sanctions portaient principalement sur un arrêt des échanges commerciaux entre la Russie et le couple Europe-Etats-Unis.

Le premier levier aurait été d’organiser l’arrêt des importations de gaz et de pétrole. Ce commerce de gaz ou de pétrole est vital pour l’Europe, mais calamiteux pour la Russie.

Ces importations sont très importantes pour l’Europe occidentale et notamment pour l’Allemagne, qui n’a pas beaucoup de sources d’approvisionnement  alternatives. Théoriquement, l’Europe occidentale a deux années de stocks de gaz. L’Allemagne par exemple peut tenir deux ans, la France un peu plus .

Mais la Russie, elle, ne pouvait pas se priver de ventes de gaz et de pétrole pendant une aussi longue période. Le gaz russe est donc le nerf de la guerre, mais la Russie  aurait eu du mal à supporter l’interdit. Vladimir Poutine n’a pas d’autres ressources financières pour alimenter son budget et répondre au peuple russe, qui s’est habitué aux charmes de la rente gazière et pétrolière. La Russie n’a pas beaucoup d’autres sources de richesses.  Se mettre en Jachère, c’était pour lui prendre le risque d’évènements sociaux difficiles à surmonter.

Cela dit, la première victime d’un arrêt  des livraisons de gaz aurait été l’Ukraine. L’Ukraine gagne sa vie en percevant un droit de passage du gaz dans le gazoduc qui traverse l’Europe d’est en ouest. Si le gaz ne passe plus, l’Ukraine aussi perd ses ressources.

Avec le gaz, tout le monde se tient par la barbichette. Il est d’ailleurs symptomatique de constater que pendant les évènements d’Ukraine , personne n’a essayé de toucher ou de perturber  les robinets du gazoduc qui transportait de quoi vivre ou survivre.

Si l’Europe a des stocks et si Moscou ne pouvait pas se priver des recettes gazières, il est évident que Poutine ne pouvait pas aller au bout de sa logique.  

Ceci étant, à côté d’un blocage des ventes pétrolières et gazières, il ne fallait pas négliger le poids des entreprises européennes qui se seraient retrouvées piégées sur les marchés russes.

A commencer par les entreprises pétrolières, Total, BP ou Repsol… qui possèdent toutes d’importants intérêts dans les équipements d’extraction russe.

Autres secteurs touchés, l’industrie automobile française et allemande qui vend beaucoup en Russie, la banque, avec notamment la Société Générale, l’industrie pharmaceutique, gros exportateur, les industries d’équipements comme Alstom, ou des cimentiers comme Lafarge.

Le blocage des exportations de toutes ces  entreprises aurait été grave pour l’équilibre économique de ces secteurs, mais le blocage des ventes de gaz aurait été insupportable par Moscou.

En fait, La Russie de Poutine avait beaucoup plus à craindre d’une escalade des menaces que l’Europe et les Etats-Unis.

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