Aménagements du SMIC : Laurence Parisot n'est peut-être pas esclavagiste... mais sans aucun doute totalement aliénée<!-- --> | Atlantico.fr
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Laurence Parisot a accusé Pierre Gattaz d'adopter "une logique esclavagiste" en réponse à sa proposition de créer un "SMIC intermédiaire"
Laurence Parisot a accusé Pierre Gattaz d'adopter "une logique esclavagiste" en réponse à sa proposition de créer un "SMIC intermédiaire"
©REUTERS/Benoit Tessier

La folie du SMIC !

L'ancienne présidente du MEDEF Laurence Parisot ne lésine pas sur ses mots en accusant son successeur Pierre Gattaz d'adopter "une logique esclavagiste", en réponse à sa proposition de créer un "SMIC intermédiaire". Des paroles trop poussées qui frôlent l'incohérence pour une mesure dont la vocation est d'apporter une solution aux exclus du travail.

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon

Sophie de Menthon est présidente du Mouvement ETHIC (Entreprises de taille Humaine Indépendantes et de Croissance) et chef d’entreprise (SDME).

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Le titre a été choisi par la rédaction d'Atlantico et n'engage en rien Sophie de Menthon. 

Atlantico : En quoi parler d’"esclavagisme" n’est pas réellement approprié ?

Sophie De Menthon : Je trouve absolument scandaleux qu’une ancienne présidente du MEDEF utilise le terme "esclavagiste". En France, l'hostilité est omniprésente et il existe une idéologie qui consiste à faire croire que le patron est un esclavagiste... Que l’ancienne responsable des patrons avance de tels propos, cela semble inadmissible et complètement incohérent.

De plus, nous n'avons pas perçu d'avancement de sa part sur la politique du travail. En revanche, Pierre Gattaz souhaite faire avancer les choses, il prend des risques comme un patron. Il a contribué à faire passer l’idée du pacte de responsabilité. Il essaye de mettre en avant le fait que la création d'emplois est une tâche complexe. Le gouvernement a légèrement entendu cette position. Pierre Gattaz prend des risques et nous ne pouvons que saluer cette démarche. 

Pourquoi repenser le SMIC est primordial pour une tranche de la population ? Un SMIC intermédiaire permettrait-il d'éviter l’exclusion ?

De nombreuses personnes avancent que le SMIC est un frein à l’emploi, qu’il est trop haut et qu'il nuit par ailleurs aux salaires qui sont juste au-dessus. Pierre Gattaz s’attaque à une chose établie et c’est un point encourageant. Il n’a jamais avancé l'idée qu’il fallait totalement remettre en question le SMIC : c'est une éventualité qui serait une transition pour aider des personnes qui n’arrivent pas à accéder à l’emploi - et tout vaut mieux que de rester hors de l’emploi. Un jeune qui est sans emploi pendant de nombreuses années n'aura sans doute pas les possibilités de retrouver un travail par la suite. Est-ce un avenir envisageable pour ces jeunes ? Le gouvernement au pouvoir ne prend pour l'instant pas cette part de responsabilité. 

Lorsque Pierre Gattaz met en avant cette mesure, il souhaite avant tout soutenir les jeunes et leur permettre de trouver un chemin vers l'emploi. Il ne faut pas le voir comme une aide aux entreprises car elles se développent avec cette situation qui dure depuis des années. Il fait le choix de se battre pour trouver une solution afin de réinsérer les exclus du travail. Il faudrait même aller plus loin et mettre en place un SMIC régional. Il faut prendre en considération des facteurs démographiques par exemple, vivre à Paris avec la même somme que celle attribuée à une personne qui vit dans une autre région, ce n'est pas la même approche. Les personnes vivent très mal avec un SMIC à Paris et d’autres vivent très bien avec un SMIC dans certaines régions où le logement n’est pas cher. Il faudrait réorienter la mesure. En l’occurrence, il ne faut éliminer aucun axe qui peut remettre les personnes sur le chemin de l’emploi.

En quoi le discours de Laurence Parisot peut paraître maladroit et déplacé ?

La névrose sur la souffrance au travail, sur l’esclavagisme, est à nuancer. Il faut absolument arrêter cette obsession suicidaire.

Les personnes sont mises à l’écart et nous essayons de les convaincre qu'il n'y a aucune réforme qui pourrait les aider et que la société est face à une forme de fatalité. Cette vision est nuisible. Néanmoins, il faut amener les changements sans souffrance.

Dans cette logique, prenons l’exemple des stagiaires, il y a une énergie importante dépensée et une fois qu’ils sont formés, le stage est malheureusement terminé. Avoir un jeune sans qualification, c’est une charge pour l’entreprise très importante sauf dans certains métiers mais en règle générale les entreprises sont un peu réticentes et c’est la raison pour laquelle ces jeunes ne trouvent pas d'emploi. L'allégement des coûts pour les entreprises pourrait permettre une réinsertion des jeunes. En contrepartie, il faudrait réfléchir à un échange sous forme de formation par exemple. 

La priorité est de faire revenir ces jeunes à l’emploi qui sont de plus en plus nombreux à être exclus car le système d’enseignement a aussi sa part de responsabilité en France. Prenons l’exemple des jeunes qui ont fait deux années de sociologie à l’université et qui sont incapables de trouver un travail. Ils ne sont pas forcément défavorisés mais c’est une masse de personnes que l’Education nationale a été incapable de mener à l’emploi. L’Education nationale considère que ce n’est pas sa mission de mener un jeune à l’emploi, que son but est de donner un enseignement. Par la suite, ce sont les entreprises qui rattrapent cet aspect. Lorsque nous prenons des jeunes en entreprise, certains sont opérationnels et d’autres moins car cela n’a jamais été évoqué dans leur formation.

Nous avons un problème majeur en France et un SMIC moins élevé pourrait apporter des solutions. 

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