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La laïcité : c’est du lard ou du cochon ?
©Reuters

Attention brouillard !

Il y a des mots comme ça qui ne veulent plus rien dire. Ou plutôt qui servent à enfouir la réalité.

Benoît Rayski

Benoît Rayski

Benoît Rayski est historien, écrivain et journaliste. Il vient de publier Le gauchisme, maladie sénile du communisme avec Atlantico Editions et Eyrolles E-books.

Il est également l'auteur de Là où vont les cigognes (Ramsay), L'affiche rouge (Denoël), ou encore de L'homme que vous aimez haïr (Grasset) qui dénonce l' "anti-sarkozysme primaire" ambiant.

Il a travaillé comme journaliste pour France Soir, L'Événement du jeudi, Le Matin de Paris ou Globe.

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C’est intelligent, c’est raffiné, c’est équilibré. Toutes ces épithètes s’appliquent à l’entretien publié par Atlantico sur le porc et les cantines scolaires. Les "obsédés de la laïcité" en prennent pour leur grade. Et les "obsédés du multiculturalisme" ne sont pas mieux traités. Plus neutre et plus consensuel que ça, tu meurs…

La laïcité a en effet beaucoup de points communs avec les feuilles de vignes dont se paraient Adam et Eve. Un mot cache-tout, un mot cache-sexe dont tout le monde – de l’extrême-droite à l’extrême-gauche – se gargarise pour ne rien dire. Pour jeter un voile sur une réalité qu’on ne veut pas nommer. Pour apaiser sa conscience et fortifier sa volonté de ne rien faire. Pour ne pas stigmatiser, pour ne pas heurter. En un mot, pour faire l’autruche.

La laïcité fut naguère en France un combat avec un ennemi désigné : l’Église catholique. Une guerre civile, certes pas toujours sanglante. Commencée, pour faire simple, avec Voltaire et son célèbre : "Écrasons l’infâme". Elle se continua tout au long du XIXe siècle et sur une partie du XXe. Avec des épisodes qui témoignent de l’âpreté des batailles menées. Qui bénissait les Versaillais en 1871 quand ils fusillaient les Communards ? Les prêtes catholiques ! Qui tenait les écoles, et donc les âmes, jusqu’à la loi de 1905, séparant l’Église de l’État ? Les congrégations religieuses ! Qui alla se blottir contre l’uniforme du maréchal Pétain en 1940 ? L’Église (heureusement pas toute l’Église) ! Puis, vaincu, le catholicisme baissa la tête et devint ce qu’il n’aurait jamais du cesser d’être : une religion pacifiée, bienveillante et, aussi, républicaine.

Aujourd’hui, ce n’est pas dans les Églises qu’on entend des prêches de haine. Aujourd’hui, ce ne sont pas des jeunes catholiques qui partent combattre au bout du monde animés par une foi fanatique. Aujourd’hui, ce ne sont pas des curés qui imposent de manger telle chose plutôt qu’une autre. Aujourd’hui, ce ne sont pas des moines ou des nonnes qui réclament qu’on jeûne ou qu’on mange maigre. Et ce ne sont ni des évêques ni des cardinaux qui désignent les filles court vêtues comme de la viande à consommer.

Cet ennemi-là n’est pas nommé. Ça ne se fait pas… Pourtant il est là : il a ses généraux, ses places fortes et de nombreux soutiens étrangers. Mais le désigner heurterait tellement de sensibilités écorchées… Alors on se drape dans le mot "laïcité". C’est commode. Ça ne fâche ni le Qatar ni l’Arabie Saoudite, ni les imams ni la Courneuve, ni les quartiers nord de Marseille.

A lire du même auteur : Le gauchisme, maladie sénile du communisme, Benoît Rayski, (Atlantico éditions), 2013. Vous pouvez acheter ce livre sur Atlantico Editions.

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