Les 6 consignes de Manuel Valls à son gouvernement (et celle qu'il n'aurait vraiment pas dû oublier) <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
France
Les 6 consignes de Manuel Valls à son gouvernement (et celle qu'il n'aurait vraiment pas dû oublier)
©Reuters

Petites cruautés entre amis

Le premier conseil des ministres mené par Manuel Valls s'est tenu vendredi. Figurait à l'ordre du jour la méthode de travail des ministres, qui ressemble beaucoup à un recadrage par rapport aux mauvaises habitudes prises du temps de son prédécesseur.

RDV Revue de presse : Brad Pitt volage et Hollande sur la plage...

Benoît de Valicourt

Benoît de Valicourt s’inscrit dans la tradition du verbe et de l'image. Il travaille sur le sens des mots et y associe l'image réelle ou virtuelle qui les illustre. Il accompagne les acteurs du monde économique et politique en travaillant leur stratégie et leur story-telling et en les invitant à engager leur probité et leurs valeurs sur tous les territoires. 
 
Observateur de la vie politique, non aligné et esprit libre, parfois provocateur mais profondément respectueux, il décrypte la singularité de la classe politique pour atlantico.fr et est éditorialiste à lyonmag.fr
Voir la bio »

1 - "Le premier ministre dirige l'action du gouvernement"

C’est un rappel qui n’a pas lieu d’être sous les ors de la République par le Premier ministre à ses ministres car ils sont les garants de la Constitution et donc ne peuvent ignorer son article 21. Cette consigne peut s’interpréter de deux façons : soit Manuel Valls exprime une volonté de changement dans le management de l’équipe gouvernementale par rapport à la méthode de Jean-Marc Ayrault qui était davantage sous la coupe du président de la République rappelant un certain « Je commande, il exécute », soit Manuel Valls marque son territoire pour se rassurer sur son autorité jusqu’à présent plus virtuelle, pour ne pas dire communicationnelle, que réelle dans l’exercice du pouvoir.

Par ailleurs, si le Premier ministre insiste sur l’article 21 de la Constitution c’est peut-être aussi pour indiquer ou rappeler aux défenseurs de la gauche de la gauche, Messieurs Montebourg et Hamon, que le dogmatisme socialiste et l’idéal dialectique n’ont pas lieu d’être dans une situation de crise qui ne peut souffrir de la légèreté des passions mais qui impose la raison.

2 - "Collégialité"

C’est le principe même d’une équipe gouvernementale qui prend des décisions de concert dans le respect des engagements pris par le président de la République. Manuel Valls insiste sur ce point laissant entendre que l’équipe de son prédécesseur était moins unie mais il oublie sans doute que dans son gouvernement il n’a pas de représentant des Verts qui, à chaque fois qu’ils le peuvent, n’hésitent pas à tirer à boulet rouge sur le PS. Le principe de collégialité est une sorte de gentleman agreement et pour cela il faut se respecter à minima. Les tendances de la gauche présentent aujourd’hui au gouvernement peuvent cohabiter car la répartition des ministères s’est faite en fonction des lignes idéologiques. Si Benoît Hamon fait descendre dans la rue les syndicats de l’Education nationale, c’est qu’il aura délibérément essayé de piquer la femme d’un leader syndicaliste car, à part ça, je ne vois pas bien ce qui peut se passer tant le mammouth s’engraissera joyeusement sur le dos des contribuables.

3 - "Efficacité"

C’est le minimum que peuvent attendre les Français ! Dans une entreprise privée, quel chef d’entreprise accepterait de payer un collaborateur inefficace ? De là à dire que le gouvernement de Monsieur Ayrault était inefficace il n’y a qu’un pas, ce qui me semble injuste car le dernier gouvernement était davantage dans l’application du programme des élections présidentielles et donc des promesses. C’est bien connu, les promesses n’engagent que ceux qui les reçoivent et comment être efficace quand on offre du rêve ?

Le travail du gouvernement de Monsieur Manuel Valls est de répondre aux attentes des Français en matière d’emploi et de pouvoir d’achat. Cela veut dire qu’il faut laisser de côté les problèmes de riche comme le mariage pour tous et se concentrer sur ce qui créé l’emploi et ne divise pas la société. L’efficacité c’est quand toute l’énergie est concentrée sur le but à atteindre et non quand tout est fait pour masquer les errements d’une politique inadaptée à la situation.

4 - "Le risque d'inconstitutionnalité doit s'anticiper et s'évaluer"

Juste une question de bon sens ! quel est l’intérêt pour un gouvernement de faire interdire une loi au prétexte qu’elle est inconstitutionnelle ? Aucun. Et c’est normal car cela traduit une forme d’amateurisme dont les médias se nourrissent. Au-delà de la question de communication, le risque d’inconstitutionnalité est une arme pour l’opposition pour décrédibiliser l’action du gouvernement qui trop souvent confond vitesse et précipitation. Mais peut-être aussi peut-on espérer que ce principe posé par le Premier ministre est une porte entr’ouverte pour réformer l’arsenal législatif français car Manuel Valls sait que bien gouverner n’est pas forcément synonyme de légiférer. L’action du gouvernement est de conduire la politique nationale dans le respect des différences et de la justice sociale, sans répression avec toujours plus de liberté, donc moins de loi, garante de la démocratie et de la maturité des citoyens à incarner la devise de la République « Liberté, Egalité, Fraternité ».

5 - "La communication

C’est la consigne que le Premier ministre aurait pu intégrer à son rappel de l’article 21 de la Constitution car en indiquant clairement qu’il entend coordonner et valider la communication du gouvernement, il redit qu’il est le chef et que c’est bien lui qui incarne le discours de l’action gouvernementale. Il a souvent été reproché à Monsieur Valls de trop communiquer et de ne pas agir suffisamment, mais finalement c’est sans doute ce qui fait qu’il est apprécié à gauche, mais aussi à droite ! Le risque de vouloir gérer la communication du gouvernement est qu’il censure la parole de ses ministres tout en expliquant qu’il veut éviter les couacs. Il sait aussi qu’avec de fortes personnalités comme Madame Royal qui a forcément une place à part et un accès direct au président de la République, Messieurs Montebourg et Hamon qui ne sont pas issus du même courant, il doit prendre toutes les précautions pour ne pas être « renversé » de l’intérieur, la communication étant sa garantie de durer.

6 - "La recherche d'un accord doit toujours être la règle avec la majorité, c'est la base du contrat de législature fondé sur les engagements du président de la République"

Les parlementaires élus dans la foulée de l’élection présidentielle ont été élus pour permettre au président de la République et au gouvernement d’appliquer le programme de François Hollande. Sans eux, il n’y a pas de régime parlementaire et c’est donc normal que « la recherche d’un accord doit toujours être la règle avec la majorité ». Ce qui est surprenant, c’est de le rappeler alors qu’on est en droit d’imaginer une étroite association des parlementaires aux travaux du gouvernement. Il semble aujourd’hui que les parlementaires ont besoin d’exister dans une ère de communication excessive et qu’ils n’hésitent pas à jouer leur propre partition au détriment d’une action collective au service de la nation. On peut donc se poser légitimement la question de savoir si sous les prédécesseurs de Manuels Valls, c’est le gouvernement qui ne travaillait pas assez avec les parlementaires ou l’inverse.

7 - La consigne oubliée par Manuel Valls : que François Hollande cesse de gouverner par texto

L’avantage du texto, c’est qu’il permet un message clair et concis… normalement ! Mais finalement tout dépend de celui qui écrit le texto et concernant le président de la République, le problème est sans doute qu’il n’a pas de discours très clair. Arrivé un peu par hasard à l’Elysée, il cherche à donner un ton à son action et s’inscrit dans les pas de François Mitterrand en faisant sienne cette citation « Il faut laisser le temps au temps ». Le seul problème, c’est que l’économie n’attend pas, les exclus n’attendent pas, les demandeurs d’emploi n’attendent pas, la jeunesse n’attend pas ! Quand François Mitterrand utilisait cette douce formule, c’était l’homme de lettres qui parlait et qui savait que son temps était compté. Il savait aussi qu’il ne serait pas sanctionner par les urnes et qu’il pouvait laisser le temps au temps comme un vieux monarque qui regarde la grandeur de son royaume qu’il emportera dans sa tombe. François Mitterrand aurait pu, lors de son deuxième mandat, utiliser la citation « Après moi le déluge », ce qu’il a fait sans le dire. Mais pour François Hollande, sa relative jeunesse, la nécessité impérieuse de redresser le pays et l’éventualité d’un deuxième mandat devraient lui interdire de se positionner en garant du temps !

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !