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L'hiver nucléaire 
sur le Parti socialiste
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Affaire DSK

L'affaire DSK a sans aucun doute bouleversé l'échiquier politique. Les candidatures devraient se multiplier au sein du PS en vue de la primaire. Le Parti socialiste, donné gagnant, repart de zéro, à un an de la présidentielle.

Philippe David

Philippe David

Philippe David est cadre dirigeant, travaillant à l'international.

Il a écrit trois livres politiques : "Il va falloir tout reconstruire", ouvrage qui expliquait le pourquoi du 21 avril,  "Journal intime d'une année de rupture", sorti en 2009 aux éditions de l'Ixcéa, qui retrace les deux premières années de présidence Sarkozy et  "De la rupture aux impostures", Editions du Banc d'Arguin (9 avril 2012). 

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"Je ne suis pas du tout, loin de là, un adepte des complots, mais j'ai encore en tête le fait qu'on avait promis à DSK le feu nucléaire dès qu'il ferait ses premiers pas de candidat". Ainsi s'exprimait hier Jean-Christophe Cambadélis, un proche de DSK suite à l'affaire mettant en cause le Directeur Général du FMI à New-York. Et il faut bien avouer que, même si la déclaration de candidature de DSK n'était qu'un secret de polichinelle (Martine Aubry et Ségolène Royal, sans cet événement, devant annoncer leur ralliement à sa candidature cette semaine), il s'agit bel et bien d'un cataclysme nucléaire qui frappe aujourd'hui le Parti socialiste.

Des cours que j'ai suivi du temps révolu de la conscription, j'ai appris (si ma mémoire est bonne) que l'explosion d'une bombe nucléaire avait trois effets majeurs : Pour commencer l'effet lumino-thermique suivi immédiatement de l'effet de souffle suivi lui même peu après de l'effet radioactif. Les deux premiers ont une durée qui se chiffre en secondes, le dernier variant selon la puissance de la bombe et, il faut bien le dire, cette fin de weekend et ce début de semaine auront eu pour le Parti socialiste l'effet d'une explosion nucléaire.

On peut positionner l'effet lumino-thermique au moment où chacun d'entre nous a appris la nouvelle qui semblait à peine croyable : l'arrestation d'un des grands favoris de la prochaine présidentielle pour des faits particulièrement graves s'ils sont avérés. Cette nouvelle a véritablement fait l'effet d'une bombe nucléaire avec sa luminosité et une chaleur si intense que nul ne pouvait y échapper.

L'effet de souffle a immédiatement suivi, emportant avec lui tout le schéma mis en place par le Parti socialiste pour la prochaine présidentielle : DSK annonce sa candidature, Aubry et Royal lui apportent leur soutien, tuant dans l'oeuf la candidature Hollande du même coup. La voie royale, sans jeu de mots, était alors toute tracée pour DSK qui était, d'après les sondages, le seul socialiste certain de passer l'obstacle du premier tour le 22 avril prochain.

Et maintenant arrive l'effet radioactif, d'une durée inconnue la durée de vie de l'isotope DSK n'étant pas mentionnée sur le tableau de Mendeleiev. Pourquoi? Tout simplement parce que les ambitions et les rancoeurs vont renaitre au sein du PS, y rendant l'atmosphère aussi invivable que lors du congrès de Reims il y a 2 ans et demi ou qu'aux abords de la centrale de Fukushima aujourd'hui.

Pléthore de candidatures

Qui peut en effet imaginer Ségolène Royal se ralliant à François Hollande vu le contentieux qui existe entre eux depuis leur séparation ?

Qui peut croire que les Strauss-Kahniens vont regarder la primaire se faire sans eux, Pierre Moscovici ayant annoncé depuis bien longtemps que : « Si DSK n'y allait pas il irait » ?

Qui peut croire que Martine Aubry ne sera pas appelée à la rescousse en tant que première secrétaire pour devenir le PPMC (Plus Petit Multiple Commun) afin d'éviter une foire d'empoigne généralisée rue de Solférino et dans les sections socialistes, de la plus grande à la plus petite ? Sachant que Martine Aubry n'a pas envie, son ralliement annoncé à DSK étant là pour le prouver, de partir comme candidate il lui manquerait la première qualité nécessaire à tout challenger : l'envie de gagner, si important dans la course à l'Elysée.

Risquent donc de naitre d'autres ambitions qui pourraient s'appeler Manuel Valls, Arnaud Montebourg ou encore Benoit Hamon et qui ajouteraient de la division à la division bref, le parti donné généralement gagnant par les sondages depuis des mois repart désormais de zéro puisqu'il n'a plus de candidat naturel et toujours pas de programme censé représenter une alternance à Nicolas Sarkozy.

Pierre Moscovici a appelé son dernier livre :  « Défaite interdite » il semble que, vu les circonstances la défaite risque d'être inéluctable car, après l'effet lumino-thermique, l'effet de souffle et l'effet radioactif, les poussières des débris montent dans le ciel, cachant les rayons du soleil et créant une luminosité hivernale pour une longue durée qui s'appelle « hiver nucléaire ».

Jean-Christophe Cambadélis avait raison, c'est bien le feu nucléaire qui a frappé dimanche et, sauf renversement de tendance complet dans le parcours judiciaire de DSK aux USA, nous sommes au début de l'hiver nucléaire du Parti socialiste.

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