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Nicolas Hulot : l'écologie vue à la télé
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Rol TV

Nicolas Hulot a débuté sa campagne. Un coup dur pour l'écrivain Christian Rol qui n'est guère fan - c'est un euphémisme - de l'ancien présentateur télé de TF1.

Christian Rol

Christian Rol

Christian Rol est écrivain et journaliste.

Il tient pour Atlantico la rubrique "Rol TV" où il raconte l'actualité du petit écran.

Il est entre autres l'auteur du roman Les slips kangourou (Stéphane Million, mars 2011).

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Autant vous le dire de suite, cette chronique, pas plus que les autres, ne s’embarrassera d’« objectivité » ni de « mesure ». D’abord parce que ce n’est pas le genre de la maison et ensuite parce que le personnage Hulot m’a toujours agacé. Je n’ai jamais pu supporter ce côté prof de colo démago et ses émissions ennuyeuses où le vieil adolescent alternait ses leçons de morale crachées dans un masque à oxygène et des cris de mouette enthousiaste depuis un ULM. En gros, on eût aimé voir Ushuaïa mais sans son présentateur omniprésent alors même que celui-ci nous promettait que la vraie vedette du show, c’était bel et bien la Nature.

Depuis ces années 1980 qui l’érigèrent en une sorte de Cousteau en hélicoptère, ou de Kouchner des baleines blanches, Nicolas Hulot a accumulé un capital sympathie (et un capital sympathique) ; lequel capital lui confère une nouvelle stature qui l’autorisait à imposer quelque « Grenelle de l’environnement » mort né à une classe politique disposée à toutes les contorsions à la mode.

Faites ce que je dis, ne dites pas ce que je fais

Les imbéciles m’objecteront qu’on n’arrête pas le progrès ; et ils auront raison puisque même nos vertueux écolos (qui ne comptent plus leurs contradictions) se réclament, précisément du « progressisme ». C’est vous dire si nous n’avons rien en commun. Et surtout pas cette contradiction suprême conduisant les hérauts médiatiques à donner des leçons de maintien aux Français (qui se moquent royalement de la nature) alors même que leur existence dément à elle seule la trahison quotidienne.

José Bové, l’ayatollah des OGM, siège désormais à Bruxelles. Comment s’y rend-il depuis son Larzac ? A pied, à vélo, à cheval ? Et comment notre bon gros Dany le Vert met-il en pratique les (rares) préceptes écolos qu’il préconise ? En martelant qu’il faut sortir du nucléaire ? En triant ses poubelles ? C’est un peu court. Quant à Nicolas Hulot, sa carrière illustre cruellement l’escroquerie intellectuelle de cette écologie à laquelle on ne saurait adhérer puisqu’elle ne fait qu’alimenter le cynisme ambiant. D’hélicoptères (le plus polluant des transports) en avions, le VRP des shampoings Ushuaia a véhiculé sa silhouette d’instit sympa tout autour de la planète pour nous expliquer combien celle-ci est belle quoique vulnérable. Que si tous les gars du monde voulaient bien se donner la main tout irait mieux.

Seniors Quechua et bobos à Vélib

Certes, je le concède, mon argumentation pêche quelque peu. Le petit bout de lorgnette étant par définition le plus court chemin vers la raison légitime, on ne trouvera pas dans cette critique les munitions à la hauteur de la cible. Et les escrocs de l’écologie « vue à la télé » pourront indéfiniment décrédibiliser l’essence même de cette cause en servant quelques discours dérisoires prononcés par des types plein aux as, attifés comme des pédagogues en fin de carrière.

Que Nicolas Hulot pense l’écologie en termes de lobbying est une évidence mais pour dépasser les seules frontières de la cour partisane (Arthus Bertrand, les bobos du Canal Saint-Martin, les seniors désœuvrés, sapés en Quechua) il conviendrait, pour commencer, d’aller chez le coiffeur, de nouer une cravate et d’incarner l’écologie autrement que comme une opposition stérile d’ado prolongé.

Ainsi, il va bien falloir s’y faire, Hulot est parti pour un an de rhétorique sinistre, de chuintements catastrophistes et vestes mal coupées complaisamment exhibées à la télé. Il y a de l’incantation dans l’air, des « coups » foireux à prévoir (Hulot chez Décathlon ?), bref toute la grotesque artillerie des campagnes électorales que les commentateurs prennent tant au sérieux et que les humoristes trouvent tellement drôles. On peut aussi trouver tout cela prodigieusement ennuyeux et souhaiter  que Hulot en « compromis écologiste », poussé au grand écart entre les trotskystes, les sociaux démocrates, les écologistes radicaux, les verts rouges, les verts verts et les vers roses se casse vite la figure. Et que monsieur Hulot s’en retourne vite à ses grandes vacances sur TF1.

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