"Danse avec les Stars" : sadique ?

Les stars sont-elles à leur place dans cette émission ?

Ce qui est intéressant c'est de déjouer la star, dans la mesure où elle peut apparaître comme compétente sur un ensemble considérable de domaines, mais dès lors qu’on lui demande de sortir de ces domaines, elle apparaît comme plutôt banale, voire ridicule.

D’une certaine manière, je pense que cette émission rassure le public. On a l’impression que la star admet : "Oui je suis mauvais, oui je suis ridicule". Consternant ! La star se met dans la situation du "je suis nul, je suis comme vous, je suis mauvais" et en oublie son statut de star. Décevant ! Cela confirme finalement que même un immense acteur, si on lui demande de faire autre chose que ce pour quoi il est connu, il peut être mauvais. Un type peut être extraordinaire sur une planche à voile, mais nul si on lui demande de jouer du violon. Ici, c’est pareil, avec la danse.

Tout cela est dû au fait que le public à tendance à prêter à la star des qualités plurielles et infinies. D’une certaine mesure, ça le rassure de voir que la star peut être mauvaise. Mais ce qui est affligeant, c'est que la star accepte de jouer à ce jeu là, de l’auto-dérision. L'explication, disons, sociologique est que dans un reality-show – et dans une société où les normes sont devenues beaucoup moins évidentes qu'elles ne l'étaient auparavant -, moins implacables, les reality-shows donnent aux gens le sentiment de pouvoir choisir que celui qui se montre égal à eux, se comporte de telle manière.

Le spectateur a ainsi l'impression d'apprendre sur celui qui est devenu son égal, sur sa manière de se comporter. Nous vivons dans un monde avec une forme de surpuissance des people, mais un monde qui n'en reste pas moins démocratique. Cette émission permet finalement de montrer que tout le monde est égal d’une certaine manière. La star est magnifique, mais elle est aussi comme nous.

Les stars ne sont donc pas des dieux ?

Les magazines ont toujours présenté des corps extrêmement bien faits, avec certes des modèles qui évoluent avec le temps mais qui restent des modèles éloignés de monsieur ou madame tout le monde, il faut bien l’admettre. Résultat, ceux qui s’approchent de ce standard se sentent admirés.

Paradoxe, lorsque le modèle est éloigné de la réalité, je pense notamment au style "garçonne", les magazines se mettent à présenter des dessins, et moins de photos.

Ce qui me paraît fort aujourd'hui, c'est que nous sommes dans des sociétés plus égalitaires qu'avant, à tort ou à raison. Voir que ceux qui sont portés au devant de la scène sont aussi comme nous, c'est rassurant, et cela nous permet d'entrer dans une sorte de légitimité du social. Au fond, nous avons une légitimité à ne pas être parfait. Cela permet à celui qui n'est pas en position de star, de se rassurer de ne pas l'être.

En définitive, j'ai le sentiment que ceux qui acceptent de participer à cette émission sont porteurs d'une lézarde, sur la pente descendante. C'est un peu comme les has-been qui reviennent se montrer dans les shows de télé-réalité.

Et c'est doublement triste, du coup.