Sexe, amour, et Rock’n’Net !

Est-il normal que le fils de mon voisin de l’étage d’en-dessous, lequel garçon a 17 ans, sache qui des filles de sa classe de Terminale « S » sont prêtes à accepter de faire des fellations ? Est-il même normal qu’il sache ce qu’est une fellation ? Attention, ne vous y trompez pas, il étudie dans le meilleur lycée bourgeois de Boulogne-Billancourt, banlieue parisienne chic s’il en est ! Est-ce normal qu’entre potes, ils s’amusent à reconnaître la taille de « sous-tif des meufs » (soutiens-gorge des femmes pour les non-initiés), mais surtout, est-ce normal qu’ils tombent juste 78 fois sur 80 ?

Quand le sexe fait partie du décor

Oui, c’est normal. Je ne sais pas si c’est bien ou mal, mais c’est normal. Mon voisin du dessous est né avec Internet en fond d’écran, il a été biberonné à Youtube et Google et connaît toutes les vidéos téléchargeables d’Emmanuelle sans même savoir qu’un jour, peut-être, son père a connu la première diffusion télévisée de la série de ces feuilletons à peine chaudasses !

Le père de mon petit voisin est dépité… « Il n’y a plus de jeunesse ! » qu’il me répète. Il a peur aussi, car il voit des jeunes filles défiler à la maison, des « belles carrosseries » comme il dit, et il craint que son fils ne connaisse jamais les sentiments qui vont avec l’amour. Mon voisin ne sait pas que le soir, sur Internet, son fils tchat des heures avec la belle carrosserie qu’il a quittée trois heures avant, à la fin du cours de trigonométrie. Mon voisin ne sait pas que son fils « a flippé grave » la première fois qu’il a couché avec la jeune fille, qu’il était tendre comme tous les princes charmants dont c’est la première fois et que, quand ils se sépareront, il croira mourir de chagrin.

Juste une histoire de nouvelles technologies

A l’époque de mon voisin, on aimait à dire que l’on avait appris l’amour dans les livres puis, petit à petit, dans la vie. Mon voisin a oublié les journaux pornographiques cachés sous le lit, les livres coquins piqués dans la bibliothèque de papa, les oreilles aux murs de la chambre des parents quand ils font « la chose », les têtes passées en dessous de la porte des toilettes des filles, les quelques pièces échangées à la gamine de la classe d’en-dessous en échange d’un chemisier retiré en privé. Mon voisin a oublié tout ça, il est grand maintenant, adulte, et tout était forcément plus propre et distingué quand il était jeune. Plus innocent. Il n’y a rien de moins innocent qu’un jeune !

Mon voisin ne sait pas que son fils est un jeune comme les autres, un garçon de 17 ans qui découvre l’amour comme son père l’a fait à son époque, les nouvelles technologies en sus. Le tuteur a changé, le journal et les pages « reproduction » de l’encyclopédie médicale ont laissé la place à quelques galeries de photos glanées sur Google et, sans doute, des vidéos coquines offertes sur YouTube. A part ça, rien n’a changé !