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Pour les soutiens d'Anne Hidalgo, tout est encore possible 

Anne Hidalgo ou le symptôme éclatant du mal politique français

<p><strong>Atlantico : </strong><strong>Anne Hidalgo a &eacute;t&eacute; choisie par le Parti Socialiste pour &ecirc;tre sa candidate &agrave; l&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle face &agrave; St&eacute;phane Le Foll sans qu'un r&eacute;el d&eacute;bat ait eu lieu. Bien qu&rsquo;elle essaie de s&rsquo;en d&eacute;partir, elle souffre notamment parmi ses d&eacute;tracteurs de l&rsquo;image de &laquo; bobo &raquo; parisienne. Cette candidature est-elle en ad&eacute;quation avec ce qu&rsquo;incarne id&eacute;ologiquement le PS ?</strong></p>
<p><strong>Christophe Bouillaud :</strong> Oui, malheureusement pour le PS, en ce sens qu&rsquo;elle incarne tr&egrave;s bien&nbsp; l&rsquo;incapacit&eacute; du PS &agrave; choisir vraiment que faire du bilan des ann&eacute;es Hollande, &agrave; r&eacute;fl&eacute;chir aux raisons qui ont fait qu&rsquo;un parti qui, en 2012, dispose du fait de ses victoires &eacute;lectorales de tout le pouvoir (Pr&eacute;sidence, Assembl&eacute;e nationale, majorit&eacute; des r&eacute;gions, etc.) , se retrouve, &agrave; grands coups de d&eacute;routes &eacute;lectorales entre 2012 et 2016, en 2017 avec un Pr&eacute;sident si discr&eacute;dit&eacute; et si manipul&eacute; par son futur successeur qu&rsquo;il n&rsquo;a m&ecirc;me pas le courage de se pr&eacute;senter &agrave; l&rsquo;&eacute;lection pr&eacute;sidentielle. Comme le PS dans sa majorit&eacute;, &agrave; la fois, elle ne le renie pas compl&egrave;tement, elle ne l&rsquo;endosse pas non plus compl&egrave;tement. Dans sa lettre de candidature &agrave; la candidature adress&eacute;e aux militants du PS, St&eacute;phane Le Foll regrette cette position, et consid&egrave;re qu&rsquo;il faudrait d&eacute;fendre l&rsquo;&oelig;uvre du PS au pouvoir en 2012-2017. Inversement, du strict point de vue de la performance &eacute;lectorale, il aurait peut-&ecirc;tre fallu au PS exercer un devoir d&rsquo;inventaire bien plus radical sur les ann&eacute;es Hollande que celui qui a &eacute;t&eacute; fait, qui certes existe bel et bien, au moins sur le papier, mais qui n&rsquo;est pas tr&egrave;s apparent pour le grand public, ceci pour apparaitre comme un parti ayant fait son examen de conscience et son mea culpa et qui&nbsp; repartirait sur des bases plus saines. &nbsp;&nbsp;Anne Hidalgo en tout cas essaye de se d&eacute;tacher de cette s&eacute;quence, en esp&eacute;rant sans doute dans le fond que la nouveaut&eacute; repr&eacute;sent&eacute;e par sa personne et le fait de ne pas avoir &eacute;t&eacute; ministre pendant la Pr&eacute;sidence Hollande &nbsp;l&rsquo;exon&eacute;reront d&rsquo;avoir &agrave; se positionner trop clairement. Elle est d&rsquo;ailleurs une candidate un peu &eacute;trange pour le PS, puisqu&rsquo;elle ne fait pas trop usage des rituels partisans pour se mettre en sc&egrave;ne, preuve s&rsquo;il en est qu&rsquo;elle est bien consciente de l&rsquo;incapacit&eacute; du PS &agrave; assumer ou &agrave; critiquer son pass&eacute; sous Hollande. Ce dernier dans le fond, c&rsquo;est le Guy Mollet du PS, le politicien &agrave; la m&eacute;diocrit&eacute; telle dans ses grands choix politiques qu&rsquo;il entraine par le fond son camp pour quelques d&eacute;cennies. Entre 1956 et 1981, la &laquo; remontada &raquo; fut en effet bien longue.</p>
<p>Par ailleurs, le fait d&rsquo;&ecirc;tre maire de Paris la situe par d&eacute;finition en opposition avec le reste de la France. Ce n&rsquo;est certes pas un handicap insurmontable. Jacques Chirac avait eu le g&eacute;nie politique et l&rsquo;habilit&eacute; juridique d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la fois maire de Paris et implant&eacute; en Corr&egrave;ze, cette situation lui permettait d&rsquo;apparaitre &agrave; la fois comme parisien et comme provincial. Anne Hidalgo ne peut pas d&rsquo;&eacute;vidence jouer de cette ressource. La conqu&ecirc;te par la gauche et les &eacute;cologistes des mairies des grandes agglom&eacute;rations correspond de plus &agrave; une &eacute;volution sociologique des &eacute;lecteurs en ces lieux de centralit&eacute;, qui est caricatur&eacute;e sous le terme de &laquo;&nbsp;bobo&nbsp;&raquo;, et qui n&rsquo;est effectivement pas tr&egrave;s pr&eacute;sente dans le reste du territoire. Il y a du coup un risque d&rsquo;enfermement dans une base &eacute;lectorale, urbaine et tr&egrave;s dipl&ocirc;m&eacute;e. Mais ce risque pourrait &ecirc;tre contrecarr&eacute; par le d&eacute;veloppement d&rsquo;un discours en direction des classes populaires et moyennes vivant en dehors de ces r&eacute;alit&eacute;s, ce que justement St&eacute;phane Le Foll, un &eacute;lu implant&eacute; de longue date en province, se proposait de faire.</p>
<h3>Sa candidature est l&eacute;gitim&eacute;e, notamment, par sa r&eacute;&eacute;lection &agrave; la mairie de Paris. Est-ce suffisant pour l&rsquo;imposer comme une candidate de poids pour le scrutin national ? Souffre-t-on d&rsquo;un d&eacute;ficit plus large de candidats &eacute;vidents et de leaders naturels ?</h3>
<p>Cela serait suffisant si, par ailleurs, elle &eacute;tait elle-m&ecirc;me responsable du fait d&rsquo;&ecirc;tre &agrave; la t&ecirc;te de Paris. C&rsquo;est avant tout Bertrand Delano&euml; qui a conquis Paris et c&rsquo;est lui qui a lanc&eacute; les grandes transformations en cours. Elle n&rsquo;est qu&rsquo;une h&eacute;riti&egrave;re, certes l&eacute;gitim&eacute;e par le suffrage universel. De plus, le fait d&rsquo;&ecirc;tre maire de Paris repr&eacute;sente une situation risqu&eacute;e. En effet, comme toute la presse nationale, &eacute;crite et audiovisuelle, est concentr&eacute;e en r&eacute;gion parisienne, chaque journaliste de la presse nationale peut juger sur pi&egrave;ce de la qualit&eacute; r&eacute;elle de la gestion de Paris. Il est du coup plus difficile de b&acirc;tir un r&eacute;cit enchant&eacute; des r&eacute;ussites de la maire de Paris. Un candidat g&eacute;rant une collectivit&eacute; locale moins en vue de la presse nationale peut plus facilement faire oublier cet aspect ou le pr&eacute;senter sous un jour favorable. Par exemple, qui s&rsquo;interroge vraiment dans la presse nationale sur la qualit&eacute; de la gestion r&eacute;gionale de Xavier Bertrand&nbsp;? On se contente de constater qu&rsquo;il a &eacute;t&eacute; bien r&eacute;&eacute;lu, idem pour Val&eacute;rie P&eacute;cresse, pourtant d&eacute;j&agrave; plus visible dans son action par les journalistes nationaux. Laurent Wauquiez serait candidat &agrave; la candidature &agrave; droite, presque personne n&rsquo;irait l&rsquo;emb&ecirc;ter sur sa gestion de la r&eacute;gion AURA.</p>
<p>Quant &agrave; d&eacute;cr&eacute;ter que l&rsquo;on manquerait de candidats &eacute;vidents, je ne suis pas en mesure d&rsquo;en juger. L&rsquo;&eacute;vidence d&eacute;pend d&rsquo;abord de la vie interne de chaque camp. Par contre, la sym&eacute;trie entre le PS et les R&eacute;publicains est &agrave; ce stade frappante. Dans les deux cas, il y a eu le refus de se choisir apr&egrave;s 2017 un chef qui aurait vocation &agrave; &ecirc;tre le candidat du parti &agrave; la prochaine pr&eacute;sidentielle. On a voulu attendre et voir, on a choisi comme dirigeant quelqu&rsquo;un qui n&rsquo;avait d&rsquo;&eacute;vidence pas cette vocation, et l&rsquo;on se retrouve au final &agrave; devoir choisir in extremis un champion pour aller &agrave; la pr&eacute;sidentielle et probablement la perdre. C&rsquo;est une situation dysfonctionnelle&nbsp;: une stature d&rsquo;opposant au centre du jeu se construit dans la dur&eacute;e, et le fait d&rsquo;&ecirc;tre tr&egrave;s officiellement le leader du parti peut aider.</p>
<h3>Anne Hidalgo semble pour le moment faire plus campagne sur des enjeux soci&eacute;taux qu'&eacute;conomiques. M&ecirc;me &agrave; droite, l&rsquo;&eacute;conomie semble &ecirc;tre moins au c&oelig;ur des propositions. Est-ce une tendance de fond que l&rsquo;on observe de campagne en campagne ? A quel point l&rsquo;&eacute;conomie est-elle devenue un sujet secondaire pour les politiques ? A quoi est-ce d&ucirc; ?</h3>
<p>De fait, c&rsquo;est un constat assez courant en Europe de voir le combat politique basculer de th&eacute;matiques &eacute;conomiques et sociales vers des enjeux plus &laquo;&nbsp;soci&eacute;taux&nbsp;&raquo; ou identitaires. Cela correspond toutefois dans le cas fran&ccedil;ais au fait que les partis porteurs de ces enjeux &eacute;conomiques et sociaux sont moins capables de proposer des choses nouvelles, de faire le d&eacute;bat. La droite n&eacute;o-lib&eacute;rale ronronne dans son d&eacute;sormais &eacute;ternel thatch&eacute;risme. Appeler aux &laquo;&nbsp;r&eacute;formes n&eacute;cessaires&nbsp;&raquo; fait du coup un peu redite, et, comme l&rsquo;a dit r&eacute;cemment Bruno Le Maire devant l&rsquo;Assembl&eacute;e nationale dans une r&eacute;ponse &agrave; un &eacute;lu LR, la majorit&eacute; actuelle a tout fait en la mati&egrave;re, sauf, selon le m&ecirc;me Bruno Le Maire, la ni&egrave;me r&eacute;forme des retraites. C&rsquo;est loin d&rsquo;&ecirc;tre faux. Et de son c&ocirc;t&eacute;, la gauche est, pour l&rsquo;instant, incapable d&rsquo;articuler une proposition &eacute;conomique ou sociale dont les m&eacute;dias seraient oblig&eacute;s de parler. De plus, comme l&rsquo;a montr&eacute; l&rsquo;exemple du doublement du salaire des profs propos&eacute; par Anne Hidalgo, les propositions en la mati&egrave;re se heurtent imm&eacute;diatement &agrave; une pluie de critiques de la part des m&eacute;dias, car ces derniers sont, dans leur majorit&eacute;, tr&egrave;s conservateurs en mati&egrave;re &eacute;conomique et sociale. Il faut donc avoir des propositions plus durcies pour passer la rampe, alors que, du c&ocirc;t&eacute; &laquo;&nbsp;soci&eacute;tal&nbsp;&raquo; ou identitaire, n&rsquo;importe quelle proposition mal ficel&eacute;e, mais s&eacute;duisante, qu&rsquo;elle soit &laquo;&nbsp;progressiste&nbsp;&raquo; ou &laquo;&nbsp;r&eacute;actionnaire&nbsp;&raquo;, fera bien l&rsquo;affaire. &nbsp;Zemmour avec sa francisation forc&eacute;e des pr&eacute;noms est un mod&egrave;le en la mati&egrave;re. Tout le monde en a parl&eacute;, mais peu de gens dans les m&eacute;dias ont eu la culture juridique et historique suffisante pour vraiment rendre caduque l&rsquo;id&eacute;e.</p>

Allo madone bobo

Anne Hidalgo ou le symptôme éclatant du mal politique français 2022 campagne électorale élection présidentielle gauche droite parti socialiste démocratie Christophe Bouillaud

Présidentielles 2022

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