Watson : l'intelligence artificielle d’IBM, au service de la médecine<!-- --> | Atlantico.fr
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Watson vient de commencer des études de médecine.
Watson vient de commencer des études de médecine.
©Reuters

La minute "Tech"

Watson vient de commencer des études de médecine. Le système informatique d’IBM ingurgitera toute la littérature oncologique disponible jusqu’en février prochain. Dans deux ans, il devrait aider les praticiens à affiner leurs diagnostics sur les cancers.

Nathalie Joannes

Nathalie Joannes

Nathalie Joannès, 45 ans, formatrice en Informatique Pédagogique à l’Education Nationale : création de sites et blogs sous différentes plates formes ;  recherche de ressources libres autour de l’éducation ;  formation auprès de public d’adultes sur des logiciels, sites ;  élaboration de projets pédagogiques. Passionnée par la veille, les réseaux sociaux, les usages du web.

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Watson, l'intelligence artificielle d’IBM, se compose de 90 serveurs de la génération Power 750 Express. Dans chacune de ces 90 machines tournent 32 processeurs. L’ensemble est piloté par un noyau (kernel) de système d’exploitation virtuel qui incite à se représenter Watson, non pas comme une gigantesque armoire bourrée d’électronique, mais comme une grappe (cluster) de serveurs surpuissants. La « grappe de serveurs » est capable d’effectuer 1000 milliards d’opérations élémentaires par seconde. Elle est équipée d’une base de connaissances en vocabulaire et notions cliniques ainsi qu’un d’un système de formulation vocale.  Les 2880 processeurs et l’encyclopédie médicale  mémorisée permettront à la « grappe » d’analyser 200 millions de pages de données en quelques secondes puis de proposer oralement des options de diagnostic.

Réduire les erreurs de diagnostic

Watson s’était fait remarqué il y a quelques mois en battant deux cerveaux humains dans un jeu télévisé de devinettes sur des connaissances générales. Il avait été spécialement configuré pour répondre à des questions du genre : « Grande tour en métal dans Paris ? ». C’était la deuxième fois qu’un dispositif informatique battait des bipèdes pensants : en 1997, Deep Blue avait défait le champion du monde Kasparov aux échecs. Désormais déprogrammé des jeux télévisés, Watson renoue avec le deuxième terme de l’acronyme IBM. Il va générer du business.

International Business Machine s’est en effet associée à la compagnie d’assurances  WellPoint Inc. pour vendre aux médecins et aux hôpitaux des aides au diagnostic sur le cancer. Pourquoi le cancer ? Parce que c’est le mal qui progresse le plus vite aux Etats-Unis et qui coûte le plus cher aux compagnies d’assurances. Pourquoi une aide au diagnostic ? Parce que, selon WellPoint, 10 à 15 % des diagnostics initiaux sont erronés. Diminuer de moitié ces erreurs humaines d’appréciation permettrait d’augmenter le taux de guérison et, donc, de gagner de l’argent.

Des aides au diagnostic existent déjà sur le web. Le plus célèbre est « Isabel Healthcare », auquel sont abonnés une trentaine d’hôpitaux américains. Le nom de ce service en ligne vient d’une petite fille qui a souffert pendant des années de traitements inappropriés. Quand sa maladie a été enfin identifiée, son père, Jason Maude,  a démissionné de son poste dans la finance pour créer un site susceptible de faire gagner du temps aux médecins. L’abonnement à cette base de connaissances est de 375 dollars par an pour un praticien individuel, 50 000 dollars pour un hôpital et jusqu’à 400 000 pour des ensembles médicaux plus larges. Un autre outil d’aide au diagnostic, Simul Consult est spécialisé dans les problèmes d’ordre génétique.

Watson est supposé travailler d’une toute autre manière que ces sites. Outre la littérature médicale qu’il est en train d’ingurgiter, il collectera en permanence non seulement les publications scientifiques, des rapports soumis aux symposiums spécialisés dans le cancer et certains témoignages que peuvent contenir les blogs des personnes qui souffrent de cette maladie.

Démontrées à l’occasion du jeu télévisé Jeopardy !, ses capacités phénoménales d’analyse et d’inférence vont assister - et non remplacer - les médecins. La « grappe de serveurs » collecte beaucoup plus d’indices que plusieurs individus pourraient le faire. L’inférence consistera à confronter certains de ces indices à ceux que le patient formule ou recèle, ainsi qu’à son dossier médical. Le résultat de la confrontation entre les indices et les données pourra être un éventail d’options dont certaines conduiront à un diagnostic. Watson pourra aussi suggérer des questions de plus en plus précises. Jamais il ne s’avisera d’imiter Louis Jouvet en docteur Knock dans le film inspiré par la comédie de Jules Romains : « Does it tickles or does it itches ? » (« ça vous chatouille ou ça vous gratouille ? »).

Outre la réduction de ses dépenses, WellPoint disposera grâce à sa collaboration avec IBM d’un fantastique capital de données médicales sur le cancer. Un capital immatériel qui devrait lui conférer un surcroît d’autorité dans la lutte contre le cancer ainsi que des occasions de rentabiliser ses investissements en vendant par exemple des paquets d’informations sur la santé des citoyens américains.

Un iPhone transformé en microscope

Avant d’être mis à la disposition du corps médical et des statisticiens probabilistes de la compagnie d’assurances, Watson devra répondre pendant deux ans à des déluges de questions posées par les plus grands spécialistes du cancer.  Aucune erreur ne lui sera pardonnée.

A une échelle beaucoup plus modeste, des chercheurs en biophotonique du centre Davis (Université de Californie) viennent de mettre au point une lentille qui, accouplée à un iPhone, fait office de microscope connecté au web. Une petite application implémentée dans le téléphone nomade permet de déceler certaines anomalies dans une goutte de sang. L’image envoyée à un laboratoire sera exploitable pour diagnostiquer une maladie connue. Le dispositif ne coûte pas cher. Il devrait donc se répandre dans les pays les plus pauvres.

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