Voilà pourquoi vous devriez vous méfier des caméras Ring d’Amazon<!-- --> | Atlantico.fr
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Des caméras de sécurité Ring sont exposées sur une étagère dans un magasin Target, le 01 juin 2023, à Novato, en Californie.
Des caméras de sécurité Ring sont exposées sur une étagère dans un magasin Target, le 01 juin 2023, à Novato, en Californie.
©JUSTIN SULLIVAN / GETTY IMAGES AMÉRIQUE DU NORD via AF

La Minute Tech

Des hackers sont déjà parvenus à pirater des caméras intelligentes de la marque Ring, filiale d'Amazon. Ces caméras sont souvent installées à l'intérieur des habitations ou sur les sonnettes pour offrir un meilleur système de sécurité et de surveillance.

Anthony Poncier

Anthony Poncier

Anthony Poncier est Docteur en Histoire, membre du collectif Réenchanter Internet et expert en transformation digitale et en stratégies collaboratives. En cette qualité, il accompagne les entreprises dans la conception de leurs stratégies médias sociaux, ainsi que dans la création de leurs réseaux internes.

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Atlantico : Amazon commercialise Ring, une petite caméra qu’il est possible d’installer devant la porte de sa maison. Loin d’être une simple caméra, son installation vous inscrit par défaut sur Neighbors, une application autonome, vous montre un flux d'activité de tous les propriétaires de caméras Ring à proximité et peut également diffuser des informations aux forces de l’ordre. Comment fonctionne cette caméra ?

Anthony Poncier : Les caméras Ring d’Amazon suscitent un vrai engouement et beaucoup de questions aux Etats-Unis. Elles ne se sont pas encore totalement démocratisées en France. Cette caméra a beau s’appeler Ring, il n’y a pas besoin de sonner en réalité pour qu’elle s’active. Lorsqu’un individu passe à proximité, la caméra va se déclencher automatiquement.

Une personne, avec une application sur son smartphone, peut ainsi voir et découvrir qui est en train de passer devant son domicile.

Aux Etats-Unis, il y a beaucoup de maisons individuelles. L’enjeu central est de savoir quel sera le meilleur emplacement pour positionner la caméra. Faut-il la placer sur la porte d’entrée dans un couloir d’immeuble ? Si vous êtes dans une propriété ou un pavillon, la question se pose différemment.

Il y a une subtilité aux Etats-Unis. Bien souvent, il y a eu des accords passés avec les polices locales. Les images sont retransmises à la police qui les conservent ou les comparent avec les fichiers des caméras de vidéosurveillance des villes ou avec des fichiers de criminels. Ce n’est pas encore le cas en France.

En quoi est-ce inquiétant ? Existe-t-il un risque de mauvaise utilisation de ces images ?

Des études ont démontré qu’au-delà de la simple utilisation de ces caméras, des difficultés peuvent survenir avec la reconnaissance faciale qui se fait par l’intelligence artificielle. Pour les personnes de couleur, il y a énormément de « faux positifs » et d’erreurs. Un criminel peut être reconnu alors qu’il ne s’agit pas de la bonne personne. Le système de reconnaissance faciale ne fonctionne pas bien pour les personnes de couleur. Cela n’est pas lié uniquement à Ring et à Amazon. La difficulté est liée aux bases de données qui ont été constituées par les ingénieurs.

Ces caméras peuvent-elles vraiment améliorer la sécurité des citoyens ?

Des études ont démontré les bienfaits de ce type de dispositif sur le plan sécuritaire. Cela est lié à la télésurveillance. Cela concerne les villes où des caméras ont été installées.

D’autres exemples montraient que cela ne faisait pas baisser particulièrement la criminalité ou que cela ne permettait pas d’aider à résoudre les enquêtes plus rapidement.

Londres est une ville où la vidéosurveillance est très présente, beaucoup plus que certaines villes françaises. Lorsqu’il y a eu les attentats dans le métro, toute l’attention s’est portée sur les images de vidéosurveillance afin de tenter de retrouver et d’identifier les terroristes. Cela a demandé néanmoins d’importants moyens humains, beaucoup de temps… De nombreux spécialistes considèrent qu’il est important d’avoir recours aux techniques habituelles, qui auraient pu permettre de résoudre l’affaire plus rapidement, et de ne pas tout miser sur les caméras et la vidéosurveillance.

En France le retour sur investissement avec l’achat d’une caméra Ring peut être intéressant sur le plan de la sécurité car elle ne coûte pas très cher.

Mais la vidéosurveillance à elle-seule ne change pas la donne sur le plan sécuritaire. Jusqu’à preuve du contraire, ce n’est pas le cas, selon les études sur l’impact de la vidéosurveillance au sein des villes.   

Bien qu’abordables, que penser de ce type de technologies ? Devraient-elles vraiment exister ?

Chacun est libre de s’équiper ou non de caméras Ring. Cela relève de choix individuels et de liberté de choix. Mais la multiplication des applications ou des systèmes de surveillance peut rapidement devenir anxiogène. Ce fut la même chose avec les applications qui permettaient de savoir dans quels quartiers se déroulaient le plus d’agressions. Cela créait néanmoins un état d’esprit particulier pouvant conduire à de la paranoïa.

Une surenchère s’installe alors chez les habitants. Les citoyens songent aux meilleurs moyens de se protéger même s’ils résident dans une zone criminogène assez faible. La peur de ce qui pourrait arriver est plus forte. Il y a un réflexe assez humain de volonté de se protéger mais qui peut entraîner une surenchère dans les cas les plus extrêmes. Ces caméras peuvent être un moyen de pallier ce besoin et d’être rassuré. La liberté individuelle est au cœur de ces enjeux. Mais cela peut contribuer à démultiplier le côté anxiogène et paranoïaque.

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