Vitale Barberis Canonico, la plus vieille filature au monde, fête ses 350 années d’existence sans interruption<!-- --> | Atlantico.fr
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L’entreprise Vitale Barberis Canonico produit en effet 8 millions de mètres de tissus chaque année.
L’entreprise Vitale Barberis Canonico produit en effet 8 millions de mètres de tissus chaque année.
©DR

Atlantico Chic

Hommage à la plus vieille entreprise de filature de laine au monde, fondée en 1663 et dirigée aujourd’hui par la treizième génération de la famille Barberis Canonico.

Hugo Jacomet

Hugo Jacomet

Fondateur et éditeur de "Parisian Gentleman", Hugo Jacomet est une plume reconnue dans le domaine du style masculin.

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Vous ne le savez peut-être pas, mais au moment où vous lisez ces lignes, il y a de grandes chances pour que vous possédiez du tissu Vitale Barberis Canonico (VBC) dans votre dressing.

L’entreprise produit en effet 8 millions de mètres de tissus chaque année, soit une quantité équivalente à plus de 2.5 millions de costumes et de vestes. En 2013 seulement, ce sont pas moins de 4000 tissus de motifs et de couleurs différents qui ont été créés  par Vitale Barberis Canonico.

Entre Drapers, société-soeur de VBC (située à Bologne) qui fournit les ateliers de bespoke et de sur-mesure de par le monde et VBC qui alimente directement de très nombreuses usines et manufactures de prêt-à-porter, l’entreprise est  l’une des plus importantes au monde dans le secteur du tissu de luxe en laine.

@ Lyle Roblin

@ Lyle Roblin

Il fut un temps, encore très récent, où les consommateurs ne se préoccupaient vraiment du type de tissu utilisé pour fabriquer les vêtements. La plupart des gens ne demandait en effet rien de plus que des vêtements qui leur plaisent et dans lesquels ils se sentent bien.

De nos jours pourtant, le client attend beaucoup plus du prêt-à-porter… L’explosion médiatique du style masculin (principalement sur l’internet) a changé la donne. Les hommes se sont éduqués en la matière et le choix du tissu, même en prêt-à-porter, est devenu un sujet auquel il font  de plus en plus attention.

Ceux parmi vous ayant déjà acheté des vestes fabriquées avec du tissu de faible qualité sont probablement au fait des multiples désagréments que cela occasionne : Comme ces petites boules de tissus s’accumulant par centaines autour des poignets, les fibres du tissu qui s’usent et se cassent ou les couleurs qui perdent de leur intensité… autant de défauts qui nous incitent à réfléchir désormais à la qualité des matières premières, probablement le facteur le plus important à prendre en compte pour la longévité de nos costumes et de nos vestes.

Savoir choisir un tissu de qualité n’est pas très compliqué et permet d’éviter de nombreux déceptions. Y a t-il en effet quelque chose de plus déprimant qu’un beau costume (acheté cher de surcroit) dont la qualité se dégrade littéralement à vue d’oeil, parce que le tissu est de faible qualité ?

@ Lyle Roblin

Soyez prudent. Demandez des informations au vendeur, renseignez vous sur les tissus que vous aimez, lisez les étiquettes, posez des questions, faites confiance à votre oeil et à votre main. Et surtout assurez vous d’acheter un tissu de qualité.

La qualité des tissus n’est bien entendu pas due au hasard: les laines Vitale Barberis Canonico par exemple sont réputées pour être particulièrement douces, parce que VBC utilise certaines parties de la toison du mouton australien qui requièrent plus de travail pour être nettoyées et peignées correctement, mais qui, en contrepartie, sont plus douces que le reste de sa laine. Cette technique très spécifique fait partie des secrets maison qui font, par exemple, des flanelles VBC des choix intéressants à la fois esthétiquement et en terme de confort, avec un contact très agréable au toucher.

Les étapes de fabrication d’un tissu de laine destiné à la confection d’un costume sont nombreuses et complexes. En voici un petit résumé :

LA TONTE : En moyenne une fois par an, quand les conditions climatiques sont favorables, les moutons sont tondus. Entre 2 et 8 kilos (!) de laine sont obtenus en moyenne… par mouton.

LA CLASSIFICATION : La laine brute est classée par qualité (le plus souvent dépendant de la provenance de l’animal). Les différentes « classes » ainsi formées sont ensuite compressées et empaquetées en « ballots ».

LE LAVAGE : Avant d’être filée, la laine est lavée. La terre, le gras et la transpiration présente dans la laine à l’état brut sont éliminés par un cycle de lavage, rinçage et séchage. Il arrive que la graisse de la laine, la « lanoline », soit extraite pour être vendue à l’industrie cosmétique.

LE CARDAGE : La laine est ensuite placée dans de gros cylindres dentelés afin d’extraire les derniers déchets et de préparer le lot pour le filage, en retirant les fibres trop faibles.

LE PEIGNAGE : Les fibres les plus courtes (les « bourres ») sont retirées, alors que les fibres les plus longues sont assemblées en pelotes.

LA TEINTURE : A ce stade, il arrive que les fibres soient teintées, bien que cette étape puisse également se produire à la fin du processus.

LA FILATURE : Les fibres sont filées et assemblées en bobines durant cette étape.  Le résultat produit est alors dit « en laine peignée » (worsted cloth).

LE TISSAGE :  Les bobines sont placées de manière à former la trame du tissu sur le métier à tisser. La trame est constituée de fils placés à la verticale sur le métier. Est alors entrelacé un autre jeu de fils placé quant à lui à l’horizontale : la chaine.

LE FOULAGE : Il arrive à ce stade que la laine passe par un autre cycle de lavage / battage / séchage / repassage. La laine peut rétrécir de presque un tiers de sa taille  durant cette étape, qui a pour but de rendre le tissu plus résistant.

LES FINITIONS : Le tissu peut être teinté ou blanchi à ce stade de la fabrication. Les pièces ne passant pas l’inspection finale peuvent faire l’objet de traitements spécifiques.

L’INSPECTION : chaque pièce de tissu est inspectée en detail et à la loupe. Le  produit est alors soit accepté, soit renvoyé à la finition, soit rejeté.

Vitale Barberis Canonico, avec exactement trois siècles et demi d’existence est  la plus ancienne entreprise de filature au monde encore en activité puisqu’elle n’a jamais interrompu sa production depuis sa création en 1663.

@ Lyle Roblin

Ainsi ce sont pas moins de treize générations (!) qui se sont succédées à la tête de la maison. Une longévité impressionnante permettant à VBC de tirer le meilleur parti de son expérience mais aussi de ses énormes archives, régulièrement rééditées à côté des milliers de nouveaux motifs voyant le jour chaque année.

A une époque où le « tradition-washing » règne en maitre et où n’importe quel petit-cousin éloigné par alliance ayant ciré quelques chaussures (au sens propre) un siècle plus tôt peut se voir élevé à titre posthume au rang de fondateur d’une grande entreprise de chaussures de luxe, rencontrer (et raconter) une histoire aussi limpide que celle de VBC est un vrai soulagement. Car l’histoire de la famille Barberis Canonico semble en effet aussi pure que les eaux de Biella, dans le Piémont, où l’entreprise est installée. Cette eau, utilisée pour nettoyer le tissu, qui jouit d’une réputation mondiale pour sa pureté permettant de préserver les couleurs et de ne pas altérer même les blancs les plus profonds.

@ Fredi Marcarini

Les quarante dernières années ont vu la qualité globale de la production maison bondir avec une volonté farouche et permanente des différentes générations de dirigeants d’égaler voir même de surpasser ce qui se fait de mieux sur le marché. Et même si l’entreprise a plus de trois siècles d’expérience, sortir près de quatre mille nouveaux motifs de tissus chaque année reste un tour de force impressionnant.

Le business maison, sous l’impulsion de Francesco Barberis Canonico, continue donc de prospérer malgré des périodes récentes compliquées pour l’industrie du textile en Italie, et il règne à Pratrivero une indéniable ambiance familiale que VBC s’attache à diffuser également auprès de ses clients avec une authentique gentillesse.

Cette façon si singulière, et si italienne, de faire des affaires est sans aucun doute, avec la superbe qualité de sa production, l’une des clés du succès de VBC et de sa longévité unique au monde.

A saluer et à méditer.

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