Quand s’aligne le calendrier et quand le soleil a rendez-vous avec la Lune : c’est l’actualité pré-estivale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Jour, date et mois alignés comme pour une parade calendaire (Patek Philippe)…
Jour, date et mois alignés comme pour une parade calendaire (Patek Philippe)…
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Atlantic Tac

Mais aussi une horloge qui nous recentre sur la Terre, une source sous le sabot d’un cheval, une certification à l’épreuve des week-ends, une redécouverte des guépards africains et une défense des rhinocéros…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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PATEK PHILIPPE : Une ligne triplement brevetée…

C’est bien simple : cette montre signée Patek Philippe sous la référence 5236P-001 nous propose ce qui est probablement la plus géniale avancée de l’horlogerie mécanique depuis bien des années. On aurait pu trouver plus sexy que ce nom de code commercial, mais faisons confiance à la communauté des collectionneurs pour trouver très vite un surnom apocryphe qui s’imposera. Cette réf. 5236P est un « quantième perpétuel », charabia horloger signifiant qu’il s’agit d’une montre capable d’indiquer non seulement les heures, les minutes et les secondes, mais aussi les phases de la Lune, ainsi que le jour de la semaine, la date et le mois, un petit guichet à quatre heures précisant le caractère bissextile ou non de l’année (365 jours ou 366 jours tous les quatre ans). Ces indications ne connaîtront pas le moindre décalage avant le 1er mars 2100, année séculaire qui ne sera exceptionnellement pas bissextile – ça laisse de la marge ! L’innovation horlogère fondamentale de ce « calendrier perpétuel » (autre nom de cette complication) est que son affichage du jour, de la date et du mois [sous le nom de la marque, à midi] est disposé en ligne, dans un même guichet, au lieu d’être réparti, comme sur tous les autres quantièmes perpétuels sur différents compteurs : la lecture est directe et d’autant plus évidente qu’il n’y a pas de décrochage entre les indications des quatre disques de cet affichage. On parle ici d’un « quantième perpétuel en ligne », mais on ne va pas pour refaire un cours de mécanique horlogère pour vous détailler toutes les subtilités de ce mouvement mécanique, qui sont désormais protégées par trois brevets : prenez le temps de visionner la vidéo ci-dessous, les explications sont limpides et très accessibles. Comme l’exige la signature Patek Philippe, non seulement les finitions sortent de l’ordinaire, mais la montre elle-même en platine [c’est le « P » du 5236P], avec un superbe cadran bleu et – privilège des pièces en platine de chez Patek Philippe – un petit diamant serti à six heures entre les cornes d’un boîtier de 41,3 mm, donc très facile à porter. Inutile de dire que les amateurs ont déjà passé commande, moyennant près de 130 000 euros, et que la réf. 5236P est déjà sur liste d’attente un peu partout dans le monde et qu’il faudra montrer patte blanche pour avoir le droit d’en acheter une : cette gestion de la pénurie est une des coquetteries du luxe horloger suisse ! Attention, 2021 a de bonnes chances de rester comme le millésime du « quantième en ligne Patek »…

TUDOR : Plus rigoureusement certifié, tu meurs…

L’événement n’est pas que cette Black Bay Ceramic de 41 mm – c’est la « plongeuse » la plus iconique de la maison Tudor – soit en céramique noire, mais que cette montre soit certifiée « Master Chronometer » par le Metas (l’institut fédéral de métrologie suisse). C’est la première Tudor à bénéficier de ce certificat qui répond aux normes d’exigence les plus élevées qui soient pour ce qui est de la précision du mouvement, de sa résistance aux champs magnétiques et de l’étanchéité de son boîtier. Jusqu’ici, seule la marque Omega a réussi à décrocher un tel certificat, bien plus strict que le simple bulletin du COSC (Contrôle officiel suisse des chronomètres) dont se contentent toutes les autres marques. Les tolérances du Metas en termes de précision ne tolèrent qu’une dérive maximale de 5 secondes par jour, contre 10 secondes pour le COSC, qui ne dit rien de l’amagnétisme de la montre (15 000 Gauss pour cette Tudor, soit un champ magnétique supérieur à tout ce qu’on peut rencontrer dans la vie). La certification officielle par le Metas est d’autant plus élevée que la montre est testée deux fois (une fois par le COSC qui pré-certifie son mouvement et une fois la montre montée, dans six positions, à deux températures et avec deux niveaux de réserve de marche. Impossible de trouver plus rigoureux en Suisse ! Tudor prend ainsi un train d’avance sur les marques concurrentes, qui vont avoir du mal à rejoindre cette ligue de l’hyperprécision où évoluent désormais Omega et Tudor, qui relance la partie sur le terrain des montres suisses relativement accessibles (comptez 4 500 euros pour cette Black Bay Ceramic, dont on peut deviner qu’elle ne sera facile à dénicher, du moins dans un premier temps). Savez-vous que cette montre automatique fournie avec deux bracelets (caoutchouc et textile genre Nato) est… weekend proof – quelque chose comme « à l’épreuve du week-end » ? Cela signifie que vous la quittez le vendredi soir pour la reprendre le lundi matin, à la bonne heure, sans avoir à la remonter grâce à ses 70 heures de réserve de marche…

VICENTERRA : Trois astres en translation…

Le Soleil a effectivement rendez-vous avec la Lune, mais aussi avec la Terre : que d’astres satellisés autour du cadran de cette AstroLuna Classic T1 qui s’offre un cadran en verre aventuriné qui évoque un ciel étoilé. La jeune marque indépendante suisse Vicenterra est une des plus intéressantes de ces dernières années par la modicité (relative) des hautes complications qu’elle propose aux collectionneurs. On découvre ici une Lune sphérique qui nous dévoile ses différents quartiers tout au long du mois lunaire (on la voit éclairée ou non par le soleil), mais aussi une Terre sphérique tridimensionnelle dont les océans sont peints à la mer et qui tourne en vingt-quatre heures comme notre planète bleue : cette Terre est surmontée d’un soleil d’or qui permet de repérer facilement les différents fuseaux horaires (là où il est midi, minuit, six heures du matin ou six heures du soir). Ces astres se meuvent sur un arrière-plan de verre aventuriné bleu nuit comme piqueté d’étoiles lointaines. Le boîtier de cette AstroLuna (41,5 mm) est en titane et cette montre automatique ne sera éditée qu’à 99 exemplaires, facturé dans les 15 000 euros – ce qui est le prix d’une simple montre trois-aiguilles chez les grandes marques suisses !

HERMÈS : Aux sources mythologiques d’une histoire d’amour…

Il y a des montres qui s’imposent à nous comme des « doudous » pour les grands enfants que nous sommes ou comme des fétiches [disons, pour parler moderne, comme des « objets transactionnels »] capables de nous rappeler de quoi les grandes marques sont capables pour nous séduire ou nous étonner. Soyons bien clairs : personne, dans la vie, n’a vraiment besoin d’une montre comme cette Slim La source de Pégase proposée par Hermès. La référence à la mythologie grecque – Pégase, le cheval ailé, faisant jaillir la source Hippocrène d’un coup de sabot – est déjà d’un niveau supérieur, mais l’exécution est carrément d’un niveau exceptionnel dans le registre des « métiers d’art », avec un mariage subtil et presque féérique de la science des couleurs avec la marqueterie en paille de seigle, l’émaillage grand feu et la gravure. L’esthétique de cette Slim automatique (boîtier en or de 39,5 mm serti de 52 diamants baguette) est tout simplement extraordinaire. On y retrouve le style expressif du carré de soie Hermès « La source de Pégase » imaginé par Pierre Marie : sur le poignet et aux dimensions d’une montre, le motif est encore plus spectaculaire : entre Hermès et les chevaux, c’est une ancienne et féconde histoire d’amour, pleine de passions et jalonnée de beaux enfants comme cette Slim…

BACKES & STRAUSS : Un hommage aux grands chats…

Pour ceux qui ne le sauraient pas, la maison Backes & Strauss est la plus ancienne maison diamantaire du monde : elle a été fondée en 1789 ! Son héritage se perpétue aujourd’hui à Londres dans différentes collections horlogères qui s’ouvrent à présent aux « métiers d’art » : la nouvelle collection Vitesse a été développée avec Son Altesse Royale (HRH) la princesse Michael de Kent, pour l’aider dans son combat pour la survie des léopards africains [il n’en reste plus qu’environ 7 000 et ils sont menacés de disparition]. Les montres serviront à collecter des fonds qui seront affectés aux organisations qui œuvrent à la conservation du « peuple léopard ». Richement ornées, ces montres font appel à différentes techniques décoratives et d’artisanat horloger pour nous présenter ces « grands chats » si attachants...

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté…

••• HUBLOT : les rhinocéros sont tout aussi menacés que les léopards, notamment par les braconniers qui revendent leurs cornes aux trafiquants chinois dont les clients croient aux vertus aphrodisiaques de ces cornes. Avec une nouvelle série de montres Big Bang, la maison suisse Hublot (groupe LVMH) soutient ceux qui protègent nos amis les rhinocéros de leurs redoutables prédateurs humains (vidéo ci-dessous)… ••• MIKI ELETA : son nom ne vous dira probablement rien, mais on le considère comme un des plus géniaux créateurs d’horloges de son temps. Il s’agit la plupart du temps de pièces uniques comme cette Svemir (« univers » en croate) qui vous propose de tout comprendre à la mécanique céleste et à l’astronomie traditionnelle dans une pendule d’un mètre quatre-vingt-cinq de haut lancée à la conquête du temps et de l’espace. Installé en Suisse, Miki Eleta a mis un an pour assembler les 900 pièces de cette horloge qui est la première, dans l’histoire de l’humanité, à nous faire comprendre, dans un même objet du temps, à la fois la vision qu’avaient nos ancêtres d’une Terre autour de laquelle tournait tout l’univers et la vision contemporaine que nous avons de la Terre tournant autour du soleil. Les deux systèmes – héliocentrique et géocentrique – fusionnent ici en nous donnant l’heure (quel que soit le fuseau de référence), mais aussi la position des planètes, la course du zodiaque dans le ciel, les équinoxes, les six principales planètes avec les décalages de leurs révolutions, le soleil et ses éclipses, la Lune et ses éclipses, les marées et les saisons. On n’a pas dû faire mieux depuis la Machine d’Anticythère et les horloges astronomiques des cathédrales ! C’est évidemment une pièce unique, qu’il faudra remonter toutes les semaines, mais on mettra des années avant d’en apprécier toutes les subtilités mécaniques. Tant qu’il y aura des Miki Eleta, la Suisse horlogère garde toutes ses chances de survivre aux convulsions électroniques et numériques de cette planète…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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