Quand les présidents ont leur montre et quand la minceur transgresse : c’est l’actualité pré-électorale des montres<!-- --> | Atlantico.fr
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Une autre logique mécanique pour un nouveau paradigme ultraplat (Bulgari)…
Une autre logique mécanique pour un nouveau paradigme ultraplat (Bulgari)…
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Atlantic-Tac

Mais aussi les codes contemporains d’un verre saphir, les pop-codes chromatiques des néo-urbains, les codes fervents d’une grande demoiselle et les sino-codes d’un style français « à la suisse »…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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ROLEX : Assurance tous risques…

On a dit de la Day-Date de Rolex qu’elle était la « montre des présidents » : c’est vrai qu’un marketing habile a permis de la remarquer au poignet de quelques présidents des États-Unis. Lancée en 1956, cette montre était la première de l’histoire horlogère à indiquer à la fois la date (sous la fameuse « loupe cyclope ») et le jour de la semaine – en toutes lettres, en vingt-six langues et même, si on en croit les initiés, en latin pour les papes catholiques ! Jusqu’ici proposée en 36 mm, la nouvelle Day-Date 2022 s’offre un boîtier de 40 mm en platine, avec un cadran bleu glacier et avec, pour la première fois chez Rolex, une lunette cannelée en platine [jusqu’ici, on reconnaissait les Day-Date en platine à une lunette lisse dont l’élégance n’est plus à prouver]. Comme quoi, contrairement à une légende tenace, Rolex sait faire évoluer ses collections ! Le mouvement automatique est un des meilleurs de sa génération, toutes marques confondues, par ses performances comme par sa fiabilité chronométrique, calée autour de plus ou moins deux secondes d’écart de marche quotidien. Le bracelet Président (trois maillons) en platine à fermoir invisible s’intègre parfaitement dans le boîtier. Ne sursautez pas en découvrant le prix : 57 200 euros – vous êtes chez Rolex, c’est une montre en platine et, même si vous avez du mal à en acheter une en boutique, vous n’aurez aucune peine à la revendre en réalisant un coquet bénéfice. Une Rolex pour le prix d’une belle voiture : aujourd’hui, c’est un placement plus sûr que le dollar, l’euro ou le yen ! Il n’y a rien de magique là-dedans : c’est seulement le résultat d’un siècle d’efforts constants pour se maintenir au meilleur niveau et pour garantir aux amateurs une qualité optimale dans les moindres détails. À part Rolex, qui d’autre ?

BELL & ROSS : Pop-codes urbains…

Ce qu’il y a de bien, avec Bell & Ross, c’est qu’on n’est jamais déçu : les années passent et les belles idées s’enchaînent, en consolidant l’image de la marque sans redondances superflues. Témoin la nouvelle BR V2-92 Orange, qui ne saurait renier son air de famille avec l’esprit Bell & Ross, mais qui sait se distinguer par la nuance pas si banale de son cadran orange [un vrai orange primaire, dans le goût des années 1960] et par l’architecture même de ce cadran aux grands chiffres « instrumentaux » et aux index très lisibles. Avec ce style néo-vintage bien assumé, on est évidemment beaucoup moins dans les codes militaires chers à la marque que dans les marqueurs des nouveaux dandies du street wear et des cultures urbaines, un peu hip-hopeur de luxe, beaucoup skateur ou même surfeur selon les saisons et les humeurs – et pourquoi pas plongeur chic, avec une étanchéité à 100 m et une excellente luminosité dans la pénombre ? La lunette tournante vers l’avant ou vers l’arrière servira, au choix, à minuter la cuisson des pâtes ou à caler l’heure du prochain rendez-vous : en ambiance urbaine, on trouve toujours l’usage d’une montre dont le boîtier de 41 mm s’assortit à toutes les tenues, avec cette touche de non-conformisme qu’apporte l’orange du cadran. Comptez dans les 3 300 euros pour la version à bracelet caoutchouc – sachant qu’il n’y aura que 500 pièces de cette série parfaitement Swiss Made (mouvement automatique) en dépit de la nationalité française de Bell & Ross…

CHANEL : Une auréole de diamants…

Sérieuse, Mademoiselle Chanel (Gabrielle) pose avec son légendaire sautoir en perles : c’est la gardienne du temple, la maîtresse du temps, l’icône d’une des plus célèbres marques mondiales. C’est presque un de ces portraits de famille qu’on accrochait dans les galeries des châteaux de la vieille aristocratie européenne. La nouvelle montre J12 Gabrielle Calibre 3.1 rend à la grande Mademoiselle un hommage empreint d’élégance et de ferveur, dans un boîtier en céramique (38 mm) serti de 46 diamants baguette qui pèsent à peu près 5,46 carats, auxquels il faut ajouter le brillant logé dans la couronne de remontage. Le profil de Gabrielle Chanel est en or, alors que le mouvement mécanique à remontage manuel joue la transparence avec sa platine en saphir. Pas la moindre fausse note dans cette J12 chanelissime dont il faut savoir saluer la réussite absolue…

BULGARI : Régime minceur…

On ne va pas oublier de vous signaler qu’un record très difficile à égaler et à dépasser vient d’être battu : l’horloger-joaillier italien Bulgari (groupe LVMH) célèbre cette année les dix ans de sa collection Octo avec une version Finissimo Ultra qui est désormais la montre la plus mince (la plus plate) du monde, avec seulement 1,8 mm d’épaisseur – moins de deux millimètres : à peu près la finesse d’une carte de crédit standard. Pour maîtriser cette minceur ultime, Bulgari n’aura pas déposé moins de huit brevets, qui ne font que renforcer les sept records du monde déjà enregistrés par cette collection Finissimo, qui a été récompensée par une soixantaine de prix internationaux. Originalité de cette version Finissimo Ultra : un QR code est gravé sur le barillet de la montre (là où est logé le ressort qui apporte au mouvement son énergie) et il ouvre les portes d’un univers digital dédié à l’écosystème Bulgari. À quoi peut bien servir une montre qui flirte avec les frontières du possible dans l’ultra-minceur ? La sensation au poignet est d’autant plus étrange qu’il n’y a précisément pas de sensation ! On a l’impression de ne rien porter et il faut se rassurer en regardant plus souvent qu’on ne devrait ce chef-d’œuvre de micromécanique, histoire de vérifier qu’il est toujours cramponné au poignet. En fait, cette Finissimo Ultra est une sorte de laboratoire créatif pour imaginer de nouvelles solutions mécaniques, un peu comme les bolides de F1 contribuent à renforcer la sécurité et la fiabilité des voitures de M. Tout-le-Monde : pour parvenir à cette finesse absolue et en maîtriser les paramètres pour faire fonctionner une montre, il faut déconstruire les idées reçues et transgresser les frontières physiques des certitudes mécaniques les mieux acceptées. Au lieu de répéter [ce qui est souvent le péché véniel des horlogers suisses], il faut inventer, réinventer, penser « en dehors des clous » et avoir l’audace de créer son propre style. On peut ne pas aimer cette Finissimo Ultra [dont la facture se situe un peu au-dessous du demi-million d’euros !] et sa minceur record, mais on ne peut pas négliger l’incroyable somme de performances et d’ingéniosité qu’elle représente…

ATELIER WEN : Un style d’ici pour un art de là-bas…

Le nom de cette très jeune marque sino-française ne vous dit probablement rien, du moins pas encore, parce qu’elle vient de prouver que, même loin des icônes suisses et de leurs puissantes marques, il y avait toujours un avenir pour les marques indépendantes et créatives. Née il y a tout juste cinq ans, à Hong-Kong, de la rencontre entre deux jeunes designers français (Wilfried et Robin) autour de leur double passion pour l’horlogerie suisse et pour les métiers d’art chinois, la marque Atelier Wen vient de réussir un coup de maître : vendre en moins de vingt-quatre heures les 300 nouvelles montres Perception proposées en souscription à un peu moins de 2 000 euros à une communauté d’amateurs trop heureux de cette aubaine (boîtier en acier de 40 mm avec bracelet métallique intégré, cadran délicatement guilloché sous un verre saphir en dôme, mouvement automatique ultraplat à rotor en tungstène, etc.). On discerne une influence « architecturale » chinoise dans les lignes de la montre, mais avec un très net souci de qualité dans les finitions « à la suisse » et une indéniable touche française dans le style élégant de la proposition. Cette première série des Perception – trois couleurs de cadran étaient proposées – est donc à présent sold out, comme on dit sur les réseaux sociaux, mais il est conseillé de s’inscrire en ligne sur le site d’Atelier Wenpour avoir des informations sur les séries suivantes, qui ne manqueront pas d’attiser la passion des collectionneurs…

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• CODE41 : les iconoclastes de Code41 viennent de récidiver ! Cette jeune équipe indépendante suisse a entrepris de dynamiter les convenances horlogères en proposant de la haute horlogerie Swiss Made à des prix accessibles. Cette fois, la X41 (c’est la sixième édition) nous arrive dans un de ces boîtiers en verre saphir qui étaient jusqu’ici la chasse gardée des très grandes marques, seules capables de vendre de telles pièces à plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines de milliers d’euros – il faut savoir qu’un boîtier en verre saphir est vingt-deux fois plus coûteux à produire qu’un boîtier en titane ! Atout mécanique de cette X41 : un mouvement automatique réellement Swiss Made, développé en partenariat avec la manufacture Timeless et doté d’un rotor périphérique (en orbite autour du mouvement, et non plus axé de son centre) qui permet de profiter cette belle mécanique. La version de ce boîtier entièrement transparent en verre saphir est proposée autour des 14 000 euros à la grande communauté des amis de Code41 [vous avez encore quelques jours pour souscrire], les versions en titane demeurant ultra-accessibles à un peu plus de 5 000 euros – elles vaudraient quatre à cinq fois ce prix si elles étaient signées par une « grande » marque. Admirez au passage le style dépouillé de la grande date à midi (elle indique le « 11 »)… •••• ROLEX : qui a dit que rien ne changeait jamais chez Rolex ? La marque devrait abandonner cette année sa collection « citadine » Cellini [qui n’a jamais vraiment été promue et assumée dans ses boutiques] pour consacrer l’essentiel de ses capacités productives à ces Oyster qu’une demande exponentielle fait disparaître plus vite des boutiques que des glaçons sur une dune saharienne. Il semblerait que Rolex soit également en train de renoncer à plusieurs références de ses Oyster Perpetual à cadrans colorés – des montres en acier dont une spéculation ahurissante multiplie les prix par quatre ou cinq sur le marché secondaire. Faut-il voir dans cette flambée des prix pour des montres impossibles à trouver en boutique un hommage aux valeurs patrimoniales de Rolex ou une maladie chronique du turbo-capitalisme qui financiarise à outrance les moindres élans de passion du marché ?

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• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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