Quand le soleil illumine le vert et quand dansent les œillets : c’est l’actualité des montres en mode brumaire<!-- --> | Atlantico.fr
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Une danse macabre trop festive pour ne pas être mexicaine (De Bethune).
Une danse macabre trop festive pour ne pas être mexicaine (De Bethune).
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Atlantic-Tac

Mais aussi les mille lumières d’une classique fusionnelle, les lignes fluides d’une nouvelle sobriété, l’hommage tourbillonnant à un grand monsieur, des perturbations sur les enchères, un concurrent au cœur de silicium et une star pour des montres circulaires…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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FRANCK MULLER : Jamais sans mes codes…

La maison genevoise Franck Muller vit un nouveau printemps créatif : elle n’en finit plus de rajeunir ses collections, sans jamais renier ses codes identitaires. La nouvelle série des Vanguard Oltremare témoigne de cette stylisation minimaliste de l’esprit des Curvex d’ancienne génération. Le titane (plus léger) a remplacé l’épais bloc d’or qui avait fait la réputation de la manufacture. Les lignes ont été épurées pour ne conserver que la sveltesse des courbes. Le cadran de cette Oltremare 01 a été réduit à l’essentiel : heures, minutes, petites secondes sur un fond bleu des plus reposants. Sous le cadran, un mouvement automatique manufacture signé Franck Muller. On notera aussi la réussite de l’intégration du bracelet en titane dans ce boîtier cambré. Le prix risque de vous surprendre, tellement il est en phase avec la simplicité de ce boîtier ramené à 41 mm pour s’adapter à tous les poignets : on serait presque tenté de dire « Enfin, une Franck Muller pour le prix d’une montre » (la série est limitée à cinquante pièces pour le monde entier) ! Retirez le nom de Franck Muller du cadran et vous aurez tout de même reconnu une Franck Muller, avec toutes les connotations attachées à cette marque désormais plus que trentenaire : c’est peut-être ça, le nouveau quiet luxury, ce qui reste quand on a tout oublié des forfanteries marketing dont abusent la plupart des marques !

KRAYON : L’art de prendre son temps…

Comme chacun sait, le vert est le nouveau bleu qui était le nouveau noir et ainsi de suite : les saisons passent et les couleurs de l’année trépassent, sauf quand elles ont quelque chose de fort et de profond. Dans quelques années, le vert puissant de cette montre Anywhere Aurora de la jeune marque suisse Krayon restera toujours aussi fort parce qu’il est juste. Juste dans son évocation de la nature, les pâtures après la pluie, les forêts, les grands espaces qui font rêver d’évasion : la mise au point de ce vert relève du grand art des nouvelles technologies de « déposition atomique ». Cependant, cette montre est, elle aussi, très juste dans sn évocation des rythmes de la nature : elle indique l’heure du lever et du coucher du soleil dans le lieu de votre choix, en fonction de votre mémoire, de votre lieu de vie, du paradis de vos rêves ou de votre parcours personnel : de l’aube au crépuscule, c’est l’intimité de votre temps privé (à la périphérie) qui vient doubler l’affichage classique des heures (au centre). Dans un boîtier en titane de 39 mm, ce temps personnalisé se prolonge tout au long de l’année grâce au calendrier intégré à six heures (date et mois). Il n’y aura malheureusement que vingt-cinq montres de cette série, qui permet à chacun de vraiment prendre son temps, le sien, celui qui n’est qu’à lui et qui ne sera pas le temps de tout le monde…

HUBLOT : Montre ou bijou ?

Autant vous prévenir tout de suite : comme il faut un peu de poésie dans cet univers de montres masculines pures et dures, retenons la poésie des six chiffres nécessaires pour s’offrir cette coûteuse Classic Fusion Haute joaillerie 2023 proposée par la maison Hublot. Comptez un peu plus de 370 000 euros pour cette création qui fait jouer la lumière avec ses 431 diamants baguette (14,6 carats au total), minutieusement sertis pour souligner la géométrie adoucie de cette montre en or gris de 42 mm, qui peut se permettre un bracelet en alligator doublé de caoutchouc [c’est l’esprit intemporel de la marque] fermé par une boucle déployante qui ne compte pas moins de 36 diamants baguette ! Il faut au moins 200 heures de travail pour fignoler ce sertissage des plus spectaculaires (120 heures pour le seul cadran), sachant que de nombreuses heures ont précédé cette mise en lumière pour étudier chaque diamant et le faire tailler aux dimensions ultra-précises de son futur emplacement sur une montre dont il n’est produit qu’un exemplaire toutes les trois semaines ! Le miracle reste que la simplicité stylistique de la montre sait effacer ce déploiement de savoir-faire hautement spécialisé, pour ne laisser subsister que la pureté fugace des jeux de lumière qui illuminent les pierres. Est-ce une montre ? Est-ce un bijou ? Est-ce une montre-bijou ? Aux femmes qui auront la chance de pouvoir en porter une de décider…

LOUIS ÉRARD x ALAIN SILBERSTEIN : Association de bienfaiteurs…

Alain Silberstein, c’est la valeur sûre de la nouvelle horlogerie : un style reconnaissable quels que soient les codes des marques qui lui consacrent une série limitée en « collab » (collaboration), une communauté internationale de fidèles qui se dispute pour s’arracher en quelques minutes ces séries limitées, une forme de valeur garantie dans le temps. La maison Louis Érard a été la première à bien comprendre ce halo de gloire autour de celui qui a été et qui est toujours le plus fameux des designers horlogers français. Le succès de trois éditions spéciales (une montre en 2021, puis un tryptique et un dyptique) n’a fait que confirmer la pertinence de cette association. Il fallait forcément faire plus fort : Louis Érard – maison jusqu’ici réputée pour son approche originale de l’horlogerie accessible – ose se risquer sur un « tourbillon », spécialité mécanique que les horlogers portent aux nues en considérant qu’il s’agit d’une complication superlative. Il n’y aura que 78 exemplaires de ce nouveau tourbillon Louis Érard x Alain Silberstein, qui ne sera disponible que dans un coffret spécial, en association avec un semainier et avec un régulateur, le tout étant facturé un peu plus de 22 000 euros hors taxes (pour les trois montres). Ce tourbillon mécanique à remontage manuel est signé Olivier Mory, la star montante de la haute complication accessible. Un de ses principaux atouts est sa réussite esthétique, au carrefour de plusieurs influences : on appréciera son style « régulateur » [lecture des heures, des minutes et des secondes désaxées : une spécialité chez Louis Érard], mais aussi sa couleur vert militaire associée au rouge vif du cadran des heures, son style sportif chic, souligné par le bracelet « militaire » et son allure très contemporaine dans sa fausse simplicité et sa vraie complexité horlogère. Si Alain Silberstein n’existait pas, il faudrait l’inventer – heureusement, Louis Érard est son prophète. Bénis soient ces bienfaiteurs de l’amour des montres !

DE BETHUNE : Une joyeuse danse macabre…

C’est la montre la plus incroyable de la semaine, sinon du mois, voire même du trimestre – on va s’arrêter là ! Pourquoi, alors qu’il ne s’agit que d’une pièce unique ? Tout simplement parce que cette pièce unique est un joyeux cocktail propre à séduire tout grand collectionneur de montres : on y marie sans vergogne haute mécanique, créativité artistique, enracinement culturel, polissonnerie érotique et décalage humoristique (on pourrait même ajouter réussite esthétique). Si cette expression « artistique » peut paraître un peu décalée  vue d’Europe, elle résonne très fort dans l’inconscient collectif des Latino-Américains tant elle consonne avec leur fusion des traditions précolombiennes (Aztèques, Mayas, etc.) et hispano-chrétiennes. On ne s’étonnera donc pas de savoir que cette « danse macabre » vient d’être présentée ces jours-ci au Mexique à l’occasion de la joyeuse Fête des morts mexicaine et qu’elle soit baptisée « Cempasúchil », une sorte d’œillet d’Inde de la famille des Tagètes qui est l’emblème floral du Mexique, où on l’appelle la « fleur des morts ». Au recto, côté cadran, deux squelettes sur une piste de danse fleurie mais semée de crânes – les heures et les minutes semblent classiques, il ne manque que la musique de la Danse macabre de Camille Saint-Saëns (1874). Au verso (en haut de la page), car la montre est « double face », deux automates rigolards qui s’animent à la demande (poussoir à douze heures) pour démontrer leur virtuosité en matière de Kamasutra (la courte vidéo ci-dessous est très explicite). Le tout avec des finitions de rêve et une minutie incroyable dans les moindres détails de cette parade enfiévrée. Deux « visages » pour une même montre dotée d’un fort indice d’expressivité culturelle. Ne demandez pas le prix, il est à six chiffres, mais vous pouvez toujours commander votre propre automate, avec ou sans joyeux calaveras (nom mexicain de ces spectres squelettiques) et avec ou sans gigue d’amour plus ou moins courtois.

BON À SAVOIR : En bref, en vrac et en toute liberté

•••• ENCHÈRES HORLOGÈRES : l’affaire Only Watch (vente aux enchères charitable de pièces uniques horlogères) a trouvé de nouveaux développements du côté de la politique française. Off Investigation a révélé les liens très étroits entre la présidente d’Only Watch et les équipes de communication d’Emmanuel Macron. La pression des réseaux sociaux a poussé Only Watch à fournir les informations financières que tout le monde attendait, mais certaines grandes marques ont préféré retirer leur montre de cette vente scrutée de très près. Pendant ce temps, l’inquiétude s’installe sur les prochaines enchères horlogères, avec des spéculateurs qui détournent le regard et des grands collectionneurs qui ont du mal à se mobiliser pour des icônes dont le prix leur paraît encore trop élevé compte tenu de la baisse de moitié constatée depuis dix-huit mois : beaucoup de vendeurs, qui avaient surpayé leurs montres du temps des vaches grasses, n’ont pas compris que ces prix s’étaient effondrés un peu partout dans le monde…  •••• ID GENÈVE : c’est la ruée sur l’heure ! Si le footballeur Cristiano Ronaldo a choisi d’investir dans la plateforme horlogère de ventes en ligne Chrono24, le comédien américain Leonardo DiCaprio (ex-ambassadeur TAG Heuer), très engagé dans le combat pour l’environnement, a préféré participer à un « tour de table » (levée de fonds) de deux millions d’euros activé par le jeune marque genevoise ID Genève, fondée en 2020 sur un concept de montres mécaniques de luxe durables et issues de l’économie circulaire (boîtier, bracelet, cadran, écrin et même mouvement recyclés, avec la plus faible empreinte carbone possible pour les opérations menées par l’entreprise). Ci-dessous, Leonardo DiCaprio porte une ID Genève Circular S de 41 mm, une montre en acier 100 % recyclé et fondu à l’énergie solaire, avec un bracelet 100 % réalisé à base de déchets végétaux. Le comédien américain se déclare «ravi d’avoir investi dans ID Genève, une marque qui insuffle le changement dans l’industrie du luxe – et au-delà – grâce à une approche basée sur l’innovation constante et sur les principes de l’économie circulaire »…•••• THE TIME CHANGER : excellent départ pour la campagne de sociofinancement de la montre à moteur silicium conçue et réalisée en France par l’équipe de Silmach (Besançon). 120 000 euros ont déjà été souscrits sur Kickstarter à un prix de lancement de 850 euros : il en reste quelques-unes, mais il ne faudrait pas tarder. Présentée en avant-première aux lecteurs d’Atlantic-Tacen juin dernier et rebaptisée depuis The Time Changer, cette montre propose une technologie capable de démoder toutes les actuelles montres à quartz grâce à son « cœur silicium » (vidéo ci-dessous), qui permet d’animer beaucoup plus précisément plusieurs aiguilles sur un cadran tout en occupant beaucoup moins de place dans un boîtier…

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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