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Quand le coton chic décalque le temps et quand il faut une loupe pour foudroyer les secondes : c’est l’actualité des montres à l’heure de la galette des rois
©DR

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Mais aussi les dents pointues d’un clown transgressif, les triangles minimalistes d’un carré constructiviste et les malheureux chiens d’une rengaine zodiacale…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

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GREUBEL FORSEY : Un coup de foudre mécanique dans l’infiniment petit…

Historiquement, les montres – objets du temps portables – ont dû répondreà deux contraintes majeures : l’espace disponible (particulièrement confiné sur une montre-bracelet) et la consommation d’énergie (réserve limitée). Non contente de maîtriser des mécaniques innovantes dans le domaine des hautes complications (doubles tourbillons, etc.), l’équipe du laboratoire EWT (Experimental Watch Technology) mis en place par la manufacture Greubel Forsey a décidé de traquer l’infiniment précis dans l’infiniment petit. C’est le concept « Mechanical Nano », qui règle à une échelle nanométrique à la fois la contrainte d’espace et la contrainte d’énergie [une première démonstration avait permis d’atteindre une réserve de marche de 180 jours !]. Il faut juste une loupe capable de grossir 23 fois pour admirer cet exploit, mais elle est intégrée dans la montre qui sert de « démonstrateur » (à gauche, sur l’image ci-dessous, la loupe ; on distingue la nano-aiguille dans l’axe de cette loupe) !  La mise au point de la première « seconde foudroyante » en mode nanométrique rend évidente cette avancée mécanique inouïe : l’aiguille de 1,4 mm de longueur affiche bien le huitième de seconde [c’est ce qu’on demande généralement à cette « seconde foudroyante »], mais l’ensemble qui s’y rattache consomme 1 800 fois moins d’énergie qu’une mécanique ordinaire, en occupant 96 % d’espace en moins que des rouages classiques (vidéo ci-dessous). Au fait, à quoi ça sert, cette nano-horlogerie ? Objectivement : à rien ! En fait, c’est un banc d’essai comparable au rôle joué par la F1 pour l’industrie automobile : sans la course et sans l’extrême d’une compétition au plus haut niveau, pas d’avancées technologiques qu’on retrouve ensuite banalisées dans les moteurs de M. Tout-le-monde. Le concept « Mechanical Nano » nous fait pénétrer dans un univers radicalement différent, où nous découvrons une grammaire de performances mécaniques qui nous permettra d’écrire l’histoire de l’horlogerie de demain…

CORUM : Gueule de clown…

Avec la Bubble (une montre ronde placée sous un volumineux dôme de verre saphir), Corum tient un modèle à la fois emblématique (facilement identifiable) et déclinable à volonté : la pureté de la ligne et le boîtier de 47 mm autorisent tous les détournements. C’est ce que l’artiste américain Matt Barnes a compris avec sa Bubble Clown transgressive. Ce clown magnifié par l’effet loupe de la « bulle » est loin d’être aussi gentil qu’on aurait pu le croire : hirsute et tatoué, il subvertit en nous dérangeant tous les codes esthétiques de la clownerie (les couleurs, la perruque, le maquillage- – même les dents sont pointues et le cigare agressif ! Pas d’aiguilles, mais deux cercles rouges qui dansent autour de ce clown. La farce est amère, parce que la vie est tragique, nous rappelle ce « fou du roi » qui nous fixe dans les yeux. Une provocation artistique très réussie…

JUNGHANS : Feu vert pour les triangles dans le carré…

Minimaliste au recto, constructiviste au verso : difficile de faire plus intégristement Bauhaus que cette nouvelle édition limitée de Max Bill pour Junghans. Apparemment, la marque semble avoir pris goût à cette série annuelle, qui reprend cette année le motif « Sicherheit » (sécurité) d’une collection de développements graphiques sur le thème des triangles et des carrés qui s’équilibrent jusque dans la dynamique de leurs couleurs. Junghans a d’ailleurs choisi le vert de ce motif pour la date [couleur horlogère rarissime dans cet emploi], mais aussi pour les surpiqûres et la doublure du bracelet. Au nom du fameux « la forme découle de la fonction », les montres signées Max Bill sont, depuis 1961, les parangons de l’archi-classicisme dans le design horloger – mais aussi dans le réalisme des prix, puisqu’il ne vous en coûtera qu’un peu moins de 500 euros pour passer au poignet ce boîtier de 38 mm…

WEAR THE TIME : Des cadrans qui font bonne impression…

Grâce à un procédé d’impression très innovant, les montres affichées sur les T-shirts Wear the Time sont d’un réalisme total et d’une rare précision graphique. Imprimées en profondeur grâce à cette technologie, elles ne se déforment pas et elles résistent aux lavages. On l’a compris : ce sont des T-shirts de luxe, réalisés dans un coton de luxe, proposées dans d’élégants écrins, éditées en séries limitées à cent exemplaires (chaque exemplaire est numéroté) et vendus autour des 90 euros. Trois icônes horlogères pour commencer une collection : une Hublot Big Bang (ci-dessous), une TAG Heuer Monaco (en haut de la page) et une Omega Speedmaster. Wear the Time (marque genevoise) semble avoir l’exclusivité de la reproduction de ces modèles sur un T-shirt – « déclinaison » vestimentaire que les marques refusaient jusqu’à présent. Hier, on portait fièrement sur sa poitrine les couleurs de son clan ou les armes de sa famille. Aujourd’hui, on porte l’image de sa montre préférée : vous avez dit « société du spectacle » ?

BRÈVES DE REMONTOIR : un peu de tout en un rien de temps…

••• SIHH : dans quelques jours, ouverture du vingt-huitième Salon international de la haute horlogerie, à Genève. Ce sera le coup d’envoi de l’année horlogère, avec 35 exposants (dont six nouveaux venus : Hermès, Armin Strom, Chronométrie Ferdinand Berthoud, DeWitt, FP Journe, Romain Gauthier) et une dizaine de milliers de visiteurs (détaillants, médias, amateurs) attendus. Deux expositions « historiques » au programme, en plus de la présentation des nouveautés de l’année : « La beauté du temps » présentera le livre éponyme sur les chefs-d’œuvre de l’horlogerie du Moyen-Âge à nos jours, alors que Cartier dévoilera un ensemble exceptionnel de « pendules mystérieuses ». ••• PRIVÉE DE BIJOUX : définitivement traumatisée par l’agression à domicile dont elle avait été victime lors d’un récent séjour à Paris, la star américaine Kim Kardashian – dont on estime qu’elle possède une collection de parures valant quelques dizaines de millions de dollars – a décidé de bannir tout bijou de sa nouvelle villa de Los Angeles. Pas un seul diamant alors qu’elle les adore ! Tout sera conservé dans un coffre-fort, hors de son domicile. Si les riches se mettent à avoir peur d’afficher leurs bijoux, les maisons de joaillerie ont du souci à se faire. ••• ANNÉE DU CHIEN : lancées du temps de la « bulle chinoise » dans une collection de montres dédiées aux figures symboliques du zodiaque chinois, les marques suisses sont bien obligées de continuer, alors que les ventes de ces pièces sont confidentielles, voire pire. Si de nombreuses manufactures suisses s’étaient engouffrées sur ce créneau à l’aube des années 2010 avec l’année du Dragon, elles ne sont plus qu’une poignée à maintenir cette tradition, dans des séries toujours plus limitées. Pour l’Année du chien, les propositions sont d’un goût douteux sur le plan esthétique et d’une pertinence questionnable sur le plan marketing [ces montres trop opportunistes n’intéressent que médiocrement les collectionneurs chinois et pas du tout les amateurs occidentaux]. Courage, il ne reste plus que quatre ou cinq signes de ce zodiaque [dont le cochon, le lapin et le rat, animaux pas très mobilisateurs aux yeux des Européens]pour épuiser ce filon qui n’en était pas un. ••• 

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

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