Quand Albert prend des grands airs et quand Gabrielle s’écartèle : c’est l’actualité festivo-nationale des montres <!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Consommation
Montre Chanel
Montre Chanel
©Chanel

Atlantic-tac

Mais aussi, en mode « pièce unique » exceptionnellement tricolore (pour cause de 14-juillet et en hommage à Only Watch), une prometteuse précision d’observatoire, un arc-en-ciel qui joue les arcs électriques, une revenante tactilement sonore et une minceur sculptée dans le marbre…

Grégory Pons

Grégory Pons

Journaliste, éditeur français de Business Montres et Joaillerie, « médiafacture d’informations horlogères depuis 2004 » (site d’informations basé à Genève : 0 % publicité-100 % liberté), spécialiste du marketing horloger et de l’analyse des marchés de la montre.

Voir la bio »

LOUIS VUITTON : Équation loufoque…

Attention, cette montre de très haute horlogerie relève aussi bien du rébus médiéval que du bas-relief hiéroglyphique, non sans une certaine tentation dadaïste. Ce qui fait beaucoup de sources d’inspiration pour cette Tambour Einstein Automaton, pièce unique imaginée par Louis Vuitton pour la vente charitable Only Watch. Attention, cette montre de 46,5 mm de diamètre donne l’heure : on y reconnaît Albert Einstein, bien sûr, dont une mèche de cheveux sert de poussoir – quand on l’active, ce poussoir révèle l’heure inscrite sur le front du savant. Une heure tirée par les cheveux, c’est une grande première horlogère [quand on n’actionne pas le poussoir, le mystère du temps qui passe est exprimé par la formule « T = ? »] ! Sous la poussée, la fleur monogrammique laquée bleue placée dans l’œil d’Einstein [c’est tout simplement un des fétiches symboliques de Louis Vuitton] va se rétrécir pour révéler les rouages mécaniques du mouvement. Toujours à l’aide de la mèche ébouriffée d’Einstein, le schéma atomique mobile situé à sept heures va indiquer les minutes (entre 0 et 60) par une des pointes de ses courbes de valence, centrées autour d’un diamant. Comme s’il regrettait d’avoir été forcé à vous avouer l’heure avec une exactitude scientifique, Albert Einstein va alors vous tirer la langue – une langue émaillée dans un rose-rouge assez diabolique. Pour le reste, un clin d’œil parmi les équations un peu loufoques inscrites à la craie sur le tableau noir, vous aurez remarqué le détournement en « E = LV2 » de la célèbre formule masse-énergie de la relativité restreinte. Quand la réserve de marche de cent heures de cette Tambour Einstein Automata est épuisée, l’équation se transforme en « E = OW2 », avec OW pour Only Watch. Bien évidemment, cet affichage surréaliste des heures se double d’une exécution hautement artistique dans la gravure comme dans l’émaillage en « grisaille » de cet Einstein hyperréaliste, qui s’offre ainsi le luxe d’une association plutôt philosophique à des heures sautantes, des minutes rétrogrades et une réserve de marche énigmatique – soit une forme de nouvelle révolution einsteinienne, cette fois appliqué à la haute horlogerie. L’estimation de ce lot n° 39 de la vente Only Watch est tout aussi fantasque (350 000-450 000 euros) : en toute relativité restreinte théorisée par Einstein, on devrait doubler ce montant sous le marteau et sans doute frôler, sinon dépasser le million symbolique…

Lien Louis Vuitton : https://www.onlywatch.com/louis-vuitton

SYLVAIN PINAUD : Précision soyeuse…

Si vous ne connaissez pas son nom, c’est normal : Sylvain Pinaud n’a pas encore eu le temps de se rendre célèbre : il y travaille cependant. Ce jeune horloger français n’a pas encore eu le temps de profiter des projecteurs de l’actualité horlogère, aux rayons parfois mortels pour les jeunes talents [ce qui n’a pas empêché Atlantic-Tac de parler à ses lecteurs, dès l’été dernier, de ce « trenta » plus que prometteur]. C’est aussi que Sylvain Pinaud a su prendre son temps pour approfondir son art et pour poser les codes de son style personnel, bien exprimé dans ce magnifique Chronomètre d’observatoire (lot n° 54 de la vente Only Watch). Selon la tradition horlogère, un chronomètre d’observatoire est une pièce mécanique d’une précision et d’une régularité de marche quasi-absolues : ces chronomètres parfaitement « réglés » dans les observatoires astronomiques étaient chargés de « distribuer » l’heure exacte du temps où n’existaient pas les signaux horaires radio-pilotés. Cette montre est donc un double hommage – mécanique et esthétique – à cette tradition : on y appréciera, en plus du majestueux balancier chronométrique à six heures, la lecture séparée des secondes et du cadran des heures et des minutes, mais surtout la décoration superlative de chaque élément, tant dans les nuances de bleu (les aiguilles, les cadrans) que dans les subtiles nuances de gris et d’argent (le guillochage central, le disque des minutes, la finition sablée des surfaces). L’harmonie générale se traduit par une dynamique originale de la montre, très simple à lire dans la complexité de son architecture : c’est du grand art, celui d’un style soyeux et intemporel qui a déjà séduit quelques poignées de collectionneurs avisés, qui ne manqueront pas de se disputer l’enchère finale d’une pièce unique estimée dans les 70 000-100 000 euros, mais sans doute destinée à crever le plafond des six chiffres. Ce qui serait un immense succès pour cet indépendant tricolore appelé à un grand avenir…

Lien Atlantic-Tac : https://atlantico.fr/article/rdv/quand-les-cerisiers-donnent-l-heure-et-quand-arlequin-veut-bien-sourire-c-est-l-actualite-peri-caniculaire-des-montres-festina-ochs-und-junior-sylvain-pinaud-van-cleef-and-arpels-konstantin-chaykin-airain-gregory-pons

Lien Only Watch : https://www.onlywatch.com/sylvain-pinaud

L.LEROY : Répétition tactile…

Cette marque indépendante française revient de loin, et même de très loin, puisqu’il nous faut remonter au XVIIIe siècle pour retrouver les racines entremêlées [pas forcément de manière évidente, ni formellement établies] de deux prestigieuses généalogies, celle de l’immense maître-horloger Pierre Le Roy, « horloger du roi Louis XV », considéré comme l’inventeur du chronomètre moderne, et celle de la lignée de Basile-Charles Leroy, futur « horloger de l’Empereur » Napoléon Ier et futur « horloger de Madame Mère, dont la maison Leroy & Fils sera par la suite « horloger de la Marine » en France et « horloger de la reine Victoria » à la cour d’Angleterre. De changement de propriétaires en aventures commerciales, la maison est reprise à la fin du XIXe siècle par un certain Louis Leroy, sans rapport génétique avec les précédents, qui en fixe la raison sociale comme L. Leroy : ce sera la signature de la montre Leroy n° 1, mise au point en 1900 et restée comme la « montre-la-plus-compliquée » du monde jusqu’en 1989 [une jolie performance française]. En 1922, L. Leroy mettra au point la première montre-bracelet automatique de série [quatre ans avant la première Rolex : encore une première française !]. En un peu moins de deux siècles, les montres Leroy auront ainsi été portées par d’aussi grands noms que Marie- Antoinette, Proust, Matisse, Napoléon, la reine Victoria, Roosevelt, Chopin, Nobel ou Bugatti – excusez du peu ! De résurrection en relance, la saga Leroy va continuer jusqu’à nous, avec des succès contrastés et grâce à différents changements d’actionnaires. Après une dizaine d’années de pénitence [la dernière fois qu’Atlantic-Tac vous en avait parlé, c’était en mai 2015], L. Leroy nous revient en profitant de la vente Only Watch pour nous proposer une répétition minutes de toute beauté (lot n° 35), largement inspirée par une « montre à tact » datant de 1810 et retrouvée dans le patrimoine de la marque. Au format poche, ces « montres à tact » permettaient de lire l’heure dans l’obscurité, en tâtant l’aiguille positionnée sur l’heure qu’indiquait un des douze diamants situés sur le pourtour du boîtier. Cette pièce unique pour Only Watch reprend la même idée d’un cadran rotatif à une seule aiguille, mais en y ajoutant un tourbillon et une répétition minutes qui fait sonner les heures : plus besoin de toucher, il suffit d’écouter ! Les finitions sont bien entendu superlatives, tant par les gravures de ce boîtier dont le fond s’ouvre que par la qualité hors concours du guillochage, de l’émaillage et du sertissage. De quoi faire saliver les amateurs, qui auront compris que les 150 000-180 000 euros de l’estimation défensive ne sont qu’un indicateur non directif sur la vraie valeur d’une montre que toute grande marque digne de ce nom facturerait trois ou quatre fois plus : les animateurs de la renaissance de L. Leroy sont aussi timides que modestes ! Reste à savoir si les collectionneurs seront au rendez-vous. L’aventure recommence…

Lien Atlantic-Tac : https://atlantico.fr/article/rdv/quand-le-cognac-du-diamant-couronne-le-nombril-quand-les-mecaniques-roulent-sur-trois-axes-et-quand-flambent-les-encheres--c-est-l-actualite-des-montres--gregory-pons

Lien Only Watch : https://www.onlywatch.com/l-leroy

BELL & ROSS : Fascination chromatique…

Il y a dans cette BR 03 Cyber Arc-en-ciel (pièce unique pour Only Watch) un hommage évident à la couleur qui se prend ici à souligner l’architecture et les lignes d’un boîtier de 42 mm, mais peut-être aussi aux travaux sur l’énergie électrique d’un inventeur aussi génial que Nikola Tesla, ingénieur croato-serbo-austro-magyaro-américain [l’histoire balkanique est toujours complexe !], un genre de « savant fou » qui avait déposé de son vivant 300 brevets et dont le nom, « tesla » (T), a été donné à une unité de mesure internationale d’induction magnétique [c’est également lui qui a inspiré le nom des voitures électriques Tesla promues par Elon Musk]. C’est que cette BR 03, lot n° 9 de la vente Only Watch, a quelque chose d’électrisant dans la vivacité de ses couleurs et de magnétique dans la fascination que son arc électrique exerce sur le regard : on y reconnaît la montre, on peut y lire l’heure, on en distingue les rouages mécaniques (le rotor du remontage automatique est un composant d’anthologie), mais l’œil doit tout reconstituer de cette fragmentation chromatique qui déconstruit les volumes pour mieux restructurer les formes. L’exercice n’était pas évident, surtout avec des couleurs aussi énergisées, mais il est ici parfaitement maîtrisé, ce qui laisse penser que les 45 000-55 000 euros de l’estimation seront facilement « explosés » vers les six chiffres : c’est le prix d’une originalité expressivement perceptible et d’une identité immédiatement reconnaissable – pour une montre contemporaine, c’est essentiel !

Lien Only Watch : https://www.onlywatch.com/bell-ross

CHANEL : Giration marinière…

Mademoiselle Chanel (Gabrielle) a passé sa marinière rayée et enfilé son pantalon de pont avant de coiffer sa casquette d’officier de marine : c’était effectivement sa tenue préférée, à bord du yacht de ses amants comme à La Pausa, cette villa de Roquebrune-Cap-Martin qui domine Menton dans le sud de la France. Entrée dans le patrimoine de la marque Chanel, cette villa La Pausa a inspiré l’esprit du cadran de la double montre Mademoiselle J12 proposée en coffret unique pour Only Watch (lot n° 17 de cette vente charitable) : on y reconnaît Gabrielle Chanel, dont les bras vont indiquer l’heure et les minutes tout autour du cadran, dans une giration sémaphorique assez classique dans l’horlogerie, mais magnifiée ici par le style tout-céramique du la J12 (boîtier de 38 mm, bracelet, lunette sertie d’inserts en céramique, couronne sertie, en blanc comme en noir : on joue comme on aime). Les amateurs apprécieront aussi le mouvement « manufacture » impeccable (il est signé Kenissi, manufacture mécanique dont Chanel est co-propriétaire) : avec une estimation posée à 40 000-50 000 euros pour ce coffret exceptionnel, on reste dans le raisonnable, mais les collectionneurs vont adorer ce contraste de ce tandem de montres chanellissimes dans leur style comme dans la figure de cette Gabrielle en marinière aux manches longues impératives…

Lien Only Watch : https://www.onlywatch.com/chanel

BON À SAVOIR : En vrac, en bref et en toute liberté…

•••• ONLY WATCH : Rappelons que les marques horlogères « françaises » – qu’elles soient ou non Swiss Made – représentent à peu près un petit quart des 62 maisons qui figurent au catalogue de la vente Only Watch 2023: Atlantic-Tac reviendra ultérieurement sur les propositions d’autres références, comme Baltic, Boucheron, Hermès, Reservoir, Richard Mille ou Trilobe. Ce qui ne doit pas nous empêcher de parler de la montre la plus extraordinaire de cette vente charitable. Elle est… italienne [quoiqu’un peu « française », puisqu’intégrée dans le groupe LVMH] et on peut la découvrir ci-après… •••• BVLGARI : ce n’est sans doute pas la plus précieuse de toutes les montres proposées à Only Watch et ce n’est sans doute pas la plus compliquée, encore que cette Octo Finissimo soit dotée d’un tourbillon volant très raffiné. Ce n’est sans doute plus la montre dont on parle le mieux pour battre un record sous le marteau de Christie’s, en novembre prochain, mais on veut bien parier que l’enchère finale pour cette Bvlgari (lot n° 15 de la vente Only Watch) sera très au-dessus de l’estimation officielle (150 000-250 000 euros) ! Tout simplement parce que c’est la montre la plus magistrale de toutes les pièces uniques de cette vente : elle a non seulement l’élégance naturelle et le style teinté d’impertinence italienne des autres Octo Finissimo de Bvlgari [une collection qui a déjà battu huit records mondiaux de minceur horlogère], mais elle y ajoute cet aspect marbré qui relève de l’exploit technique tout en ajoutant une touche d’antiquité romaine à une montre déjà très architecturée. Attention, cette montre n’est pas en marbre, mais elle est revêtue d’une fine couche de « plaquettes » de marbre vert des Alpes italiennes (« verde alpi »), soit un revêtement de 0,6 mm d’épaisseur qui crée une harmonie marbrée des plus originales. Même le bracelet a subi le même traitement pour sembler sculpté dans le marbre. Matériau génial pour une marque romaine et pour une montre de haute horlogerie, savoir-faire magnifique, lignes d’un équilibre sublime, objet du désir encore plus désirable du fait de son côté unique, à la fois dans les collections Bvlgari et dans tout le paysage horloger : c’est ce qui nous fait penser que l’enchère finale pour cette montre marmoréenne de 40 mm de diamètre peut flirter avec le million d’euros – exploit qui la gravera dans le… marbre pour l’éternité ! Précision qui ne manque pas d’intérêt : le collectionneur auquel cette Octo Finissimo sera adjugée pourra bénéficier d’un séjour privilégié dans le nouvel hôtel Bvlgari de Rome, ville-musée où il pourra découvrir les plus incroyables collections de marbres antiques…

Lien Bvlgari : https://www.onlywatch.com/bulgari

Lien Only Watch : https://www.onlywatch.com/2023collection

• LE QUOTIDIEN DES MONTRES

Toute l’actualité des marques, des montres et de ceux qui les font, c’est tous les jours dans Business Montres & Joaillerie, médiafacture d’informations horlogères depuis 2004...

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !