Pourquoi la remontée des taux est une bonne nouvelle<!-- --> | Atlantico.fr
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En temps de crise, ce qui détermine les taux, c'est la souveraineté monétaire.
En temps de crise, ce qui détermine les taux, c'est la souveraineté monétaire.
©Reuters

Le Nettoyeur

Les taux que doivent payer les Etats de la zone euro pour s'endetter sont en train d'augmenter, ce qui est un indicateur de la reprise économique, contrairement à ce qu'annoncent de nombreux économistes.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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Cette semaine, les taux souverains - les taux que doivent payer les Etats pour s'endetter - de la zone euro sont entrain d'augmenter.

N'est-ce pas une mauvaise nouvelle ?

Le mécanisme de fonctionnement des taux souverains, coin absolument obscur de la finance jusqu'à la crise de l'euro, semble vraiment plonger nos commentateurs économiques (et même pas mal de nos économistes) dans la confusion.

Au sommet de la crise, les commentateurs ne comprenaient pas comment les taux de pays comme la Grèce ou l'Espagne pouvaient être aussi élevés, et ceux de la France, pourtant hyper-endettée, rester aussi bas. Et ensuite, ils ne comprenaient pas pourquoi les taux de la France, malgré sa dette et sa dépense publique et ses impôts, restaient toujours aussi bas.

Aujourd'hui, ils ne comprennent pas pourquoi ils remontent.

Il y a deux choses à savoir.

En temps de crise, ce qui détermine les taux, c'est la souveraineté monétaire. Un pays qui peut imprimer sa propre monnaie aura toujours des taux bas, car il pourra imprimer de la monnaie pour rembourser ses obligations, ce qu'un pays non souverain ne pourra pas faire. Ce critère - essentiel - était toujours oublié par les commentateurs. La crise de l'euro a commencé lorsque la BCE a signalé qu'elle refuserait de rembourser les dettes de la Grèce, ce qui a fait planer un doute sur les pays périphériques. A contrario, personne n'a jamais douté que la France serait sauvée le cas échéant, car l'expulsion de la France de l'euro serait à coup sûr la fin de la monnaie.

Hors situation de crise, ce qui détermine les taux (avec l'inflation, mais l'inflation étant nulle en zone euro, ce critère peut être ignoré) c'est la situation économique globale. Le mécanisme est le suivant : en cas de marasme économique, les investisseurs ont peur de prendre des risques avec leur argent ; au contraire, ils cherchent des placements sûrs ; ils ont donc une forte demande pour les obligations d'Etat ; les taux baissent. A contrario, quand l'économie repart, les investisseurs veulent prendre des investissement plus risqués (donc à rendement plus élevés) ; l'Etat doit payer plus cher pour attirer de l'argent.

Une fois qu'on a compris cela, on a compris que les taux souverains ne sont pas un “jugement du marché” sur la “capacité d'un Etat à rembourser”, mais un baromètre économique. Et donc on ne peut réprimer une certaine hilarité lorsqu'on voit quelques commentateurs économiques.

Ceux qui, quand les taux étaient au plus bas, annonçaient une bonne nouvelle, alors qu'au contraire ça indiquait la profondeur de la récession. (Mais pas assez bonne pour emprunter et faire une politique de relance !)

Et ceux qui, au contraire, aujourd'hui, s'inquiètent de taux plus élevés, alors que c'est l'indicateur de la reprise.

Maintenant, vous savez. Rions ensemble.

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