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Mc Donald's, Kellogg's, Coca-Cola : l’industrie de la malbouffe boit-elle la tasse aux États-Unis et du petit lait en France ? ; L’égalité des chances : certains y croient-ils encore pour le collège ?
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Revue de presse des Hebdos

L'école, le travail, l'Europe et les migrants, la malbouffe, les salles de shoot... Cette semaine nos hebdos nous donnent à boire et à manger. Pas d'uniformité des unes. Chacun creuse son sillon. En voici quelques uns.

Sandra Freeman

Sandra Freeman

Journaliste et productrice, Sandra Freeman a animé des émissions sur France Inter, LCI, TF1, Europe 1, LCP et Public Sénat. Coautrice de L'École vide son sac (Éditions du Moment, 2009), elle est la fondatrice du média internet MatriochK.

 

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Mc Donald's, Kellogg's, Coca-Cola : l’industrie de la malbouffe boit-elle la tasse aux States ?

Vani Hari, vous connaissez ? L’Obs nous présente cette figure qui "a interpellé les compagnies sur les ingrédients qu’elles mettent dans leurs produits et a poussé des milliers de fans à faire pareil". Vani Hari est une patrouilleuse de l’assiette, une trifouilleuse de la malbouffe. Son nom de code, c’est "Food babe". Elle a  su entraîner derrière elle toute une "Food babe army", soit "54 millions de personnes qui ont visité son site l’an dernier". L’Obs nous démontre que le mouvement a ses résonnances bien au-delà. Concrètement, depuis quelques mois, "un véritable vent de panique souffle sur la Big Food américaine". Ronald Mc Donald’s en perd son sourire de clown. Pour preuve : "Un jour de mars dernier, Mc Donald’s a dû changer son patron après 9 trimestres consécutifs de baisses des ventes"… s’en suit directement une réorientation dans  leurs choix et des promesses "d’éliminer les antibiotiques dans le poulet" et "de simplifier ses menus et offrir un burger composé à la carte". Mais Mc Do n’est pas le seul à devoir se remettre en question. Kellogg’s (corn flakes et ses céréales du matin) a annoncé avoir "chuté de 8% en trois mois" (le septième trimestre de baisse ininterrompue) et Coca-cola doit lancer "un plan d’économies de 3 milliards de dollars".

Il y a des indices, des courbes qui chutent, mais peut on évoquer vraiment parler d’un "nouveau mantra healthy des marques", comme le cite L’Obs ?  Le virage à 90° face à la catastrophe diététique peut être un peu bidon. En vrai, "le seul géant ayant récemment annoncé son soutien à des labels clairs sur la teneur en sucre à une limite de 10% des calories provenant de sucres ajoutés est Mars, un groupe familial non côté en bourse", note-t-on. Bref, ce n’est pas encore gagné côté ricain.

Mc Do boit du petit lait en France, quand le goût n’est plus au ragoût.

Et chez nous ? Et bien la tendance est inverse, voyez vous ! "Mc Do France a fait 4,57 milliards d’euros de chiffres d’affaire en 2014 (HT) avec une croissance de 2,6% par rapport à l’années précédente" ! But Why ? Pourrait-on s’interroger de part et d’autre de l’atlantique. Because (explique l’Obs) le Mc Do français "aurait eu l’intelligence de s’habiller façon gastro"… Un positionnement moins junk food, plus terroir, plus sain, plus salade et eau. Donc, ce n’est pas le Français (qui a du goût) qui sombre mais Mc Do qui décide de s’adapter. Bon point.

Par contre, mauvais point, relevé par Thomas Laurenceau , rédacteur en chef de 60 millions de consommateurs, quand on parle junk food, "on a tendance à ne penser qu’à la restauration rapide… mais la malbouffe c’est aussi ce qu’on achète au magasin", et finalement ça touche plus de monde. Du coup, le danger reste de taille, et "on a l’impression que la fracture alimentaire se creuse en France. Il y a une élite qui a les moyens d’acheter du bio, qui cuisine les produits de saison… et une partie de la population qui n’a pas les moyens d’acheter autre chose que des marques premiers prix vraiment bas de gamme et a perdu la culture du ragoût".

L’Ecole "à l’abri des querelles des Hommes", c’était le souhait de Jean Zay.

De l’éducation du palais à celle des établissements scolaires, quand on parle d’Education pour tous, il y en a qui y ont toujours cru !

Dans L’Express, Plantu dessine cette semaine Jean Zay, ce résistant qui a été assassiné par la milice en 1944 et qui est rentré au Panthéon avec Pierre Brossolette, Germaine Tillion et Geneviève de Gaulle-Anthonioz, cette semaine. Pourquoi un dessin sur Jean Zay ? Pour faire un pont avec le débat sur la réforme du collège en ce moment. Il cite ainsi celui qui a été ministre de l’Education nationale sous le Front Populaire en 1936 : "les écoles doivent rester l’asile inviolable où les querelles des Hommes ne pénètrent pas".

Le collège et "l’Egalité des chances" : terrain de bagarres pour le reste de la société, c’est la réalité.

Mais les murs des écoles (si tant est qu’ils aient à l’être encore aujourd’hui) sont-ils assez épais pour rester imperméables à ce qui anime le reste de la société ? Télérama cette semaine affiche en couverture son interrogation : "mais quelle école veut-on ?". Une question qui s’adresse particulièrement à ceux qui contestent la réforme en cours autour du fameux "collège unique". Si je résume ce qui anime les débats autour de l’école en général, c’est que beaucoup commencent à douter de ce qu’on appelle l’égalité des chances et de la capacité qu’on a à faire une école-pour-tous-et-pour-de-vrai. Télérama donne ainsi la parole à Marie Duru-Bellat, chercheuse et grande spécialiste de l’école, pour qui la réforme va dans le bon sens "parce qu’elle donne plus à ceux qui n’ont pas eu la chance de naître dans un milieu instruit". Elle, elle croit donc toujours à l’égalité des chances et recadre le débat en rappelant que "le collège unique n’est remis en cause dans aucun autre pays que la France" et rappelle que "c’est la droite moderne avec René Haby (sous Giscard) qui a fait ce choix (…) Conçue dans un esprit moderniste, la réforme Haby le fut aussi dans un souci d’égalité puisque ce ministre d’origine populaire refusait que les jeux soient faits à l’âge de 10 ans". Donc aujourd’hui, Marie Duru-Bellat y croit plus que jamais… Bémol : elle restera optimiste si l’application de la réforme est à la hauteur de la réforme elle-même.  En gros, si je résume sa réponse, tout dépendra des enseignants.

Des "accélérateurs de carrières" : les MBA en France et à l’étranger

"Il y en a qui sont plus égaux que d’autres", disait Orwell. C’est vrai. Coluche l’a repris. C’est drôle. Et quand certains se forcent encore à croire et à se battre pour l’égalité des chances, Challenges avec sa une sur "Les meilleurs MBA", sortes de "sésames pour jeunes cadres soucieux de donner un coup d’accélérateur à leurs carrière".

Pour comprendre comment fonctionnent ces "Master of Business Administration", le Magazine nous expliqu qu’il y a deux formules : d’un côté "les full time", les généralistes, qui "offrent un retour sur investissement et un réel développement personnel". Et puis de l’autre, les Executive,  les "EMBA" qui "sont destinés aux cadres expérimentés et sont conçus comme des passeports vers les plus hautes sphères de l’entreprise". Quelle que soit la formule, elle semble magique pour vous rendre meilleur et encore plus fort…  tentant !

Et les frais de scolarité, au fait ? "Ils dépassent en général 30 000 euros et peuvent atteindre 65 800 euros comme à l’INSEAD". Coûteux donc ! Mais à Challenges d’ajouter que "l’idéal est de combiner plusieurs financements : épargne, aide de l’entreprise, emprunt, bourses". C’est sûr. Encore faut-il être sûr du retour sur investissement. Et là, le conseil de Bernard Ramanantsoa, le Directeur Général de HEC (dont le MBA  est passé, en 10 ans de la 64ème place à la 16ème place dans le classement du "Financial Times") est sans ambiguïté : "N’ayez pas peur, endettez-vous !".  (Et si c’était ça aussi l’égalité des chances ?)

Les migrants vont-ils faire imploser l’Europe ?

Les migrants… cette nouvelle catégorie de personne à laquelle on a donné ce nouveau nom. Les migrants, ce sont ces personnes en transit, qui affluent sans cesse vers chez nous. Ils sont "La grande peur des Européens" titre L’Express en couverture cette semaine. Alors que WikiLeaks, le lanceur d'alerte, vient de publier deux rapports confidentiels sur le plan militaire de l'UE pour mettre un terme au trafic d'êtres humains entre l'Afrique et l'Europe… la question reste tout de même bien complexe et mérite de s’y arrêter. En effet, rappelle L’Express, "partout dans l’Union européenne, la question migratoire s’impose dans le débat politique. Exploitée par les extrémistes, elle tétanise des gouvernements qui peinent à apporter des réponses communes". Or  c’est sans doute là que "se joue aussi l’avenir de l’Union".

Le papier le montre : différents pays d’Europe se divisent. L’Italie est débordée et "selon les prévisions du ministère de l’intérieur, 200 000 réfugiés devraient débarquer en Italie en 2015". Le parlement espagnol autorise "la reconduite à chaud", sans examen de la situation des clandestins. Outre Rhin, en Allemagne, "le nombre d’attaques de centres d’accueil de réfugiés a été multiplié par trois en un an". Bref, tout le monde est sur les dents, et de fait, la fracture Nord / Sud au sein de l’Europe inquiète. L’Express explique : "le ressentiment croissant au Nord devant l’incapacité du Sud de contrôler les frontières nourrit les argumentaires des voix qui s’élèvent pour remettre en question les accords de Schengen".

L’effondrement du régime libyen a signé la fin du contrôle à distance des frontières.

Les flux de ces populations migrantes peuvent en effet effarer : rien que les 2 et 3 mai derniers "quelques 5800 demandeurs d’asile ont été secourus lors de 34 opérations de sauvetage en Méditerranée". Plus globalement, rappelle L’Express, "l’année 2014 voit bondir de 44% le nombre de demandes d’asile dans l’Union Européenne par rapport à 2013" ! 44% ? Pourquoi une telle accélération ? Ettore Recchi, professeur de sociologie à Science-Po et spécialiste de la circulation des personnes en Europe, est interrogé par le journal. Il relativise tout ça. D’abord, ce chiffre "correspond à une circonstance particulière : l’effondrement du régime libyen. Jusqu’à la chute de Kadhafi, les Européens payaient rubis sur l’ongle le contrôle à distance de cette frontière. Ce n’est plus le cas". Et quand la question est posée au chercheur de savoir si on vit une situation inédite aujourd’hui, sa réponse interpelle à nouveau : "Non. En vérité, on est dans une situation d’urgence permanente (…) Nous vivons dans un continent relativement aisé et pacifié alors qu’une partie de l’Afrique fait face à des conditions désespérées. Ces courants migratoires sont donc naturels."

Ils sont peut-être naturels, mais il y a aussi une dimension culturelle qui joue sur les décisions. Le magazine décrypte que "l’honneur de l’Europe l’oblige à déployer ses flottes et à se porter au secours de ces radeaux de la méduse du 21ème siècle. Le continent qui a inventé le droit humanitaire ne peut pas détourner son regard du drame qui se joue à ses portes"… et ça, ça n’est pas le cas en Asie où par exemple "des chefs de gouvernements de l’Asie du Sud-Est soutenus par leurs opinions publiques, ont pris soin de dire haut et fort que leurs marines ne se porteraient pas au secours des réfugiés birmans".

"Charlie Hebdo" cible en couverture  les "salles de shoot" plutôt que le djihad.

Le dessin de Une de "Charlie Hebdo" cette semaine, c’est sur la "première salle de shoot à Paris". Dans ce dessin de Luz, un joueur de tennis sur piqué, sur dosé, sur gonflé à bloc, occupe toute la page. On est à Roland Garros. Le dessin taquine le sujet qui fâche des salles de shoot. Il taquine aussi un peu le tennis. Mais parmi les couvertures auxquelles on a échappé, qui sont publiées en petit en quatrième de couv’, il y a par exemple celle de Riss : "Bac Djihadiste : 100% de réussite". Plus corrosive. Comme cette autre de Luz : "Les grands absents de Roland Garros", et parmi ces grands absents dessinés dans les tribunes : Chérif et de Saïd Kouachi. Plus corrosive aussi. Mais Charlie ne pousse plus la provoc en Une. On sent la lassitude… On la comprend aussi.

Luz , "survivant à vie" quitte bientôt "Charlie".

Luz explique d’ailleurs son prochain départ de "Charlie", avec "grande douceur" et met en cause "sa lassitude de l’après Charlie". C’est dans Télérama cette semaine, à l’occasion de la parution de son livre "Catharsis". Cinq mois après la tragédie du 7 janvier, il explique : "Mes priorités personnelles ont pris le pas sur mon goût de la politique. Je n’ai pas envie de suivre l’actu, je trouve ça un peu vain. J’ai l’impression de porter un drapeau dont la hampe est beaucoup trop lourde". Son livre a ainsi agi sur lui comme un révélateur : "ma main s’accroche à Charlie mais mon dessin s’en affranchit". Ce qu’il souhaite, c’est un retour à la création "sans le prisme du drame".

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