Boudeur et irréaliste : Le Point flingue le Président ; L’Obs s’alarme de la menace climato-populiste ; Valeurs du ras-le-bol des agriculteurs ; Macron fait du charme à Bardella qui dépasse Le Pen ; Mossad et Shin Beth, les deux piliers ébranlés d'Israël<!-- --> | Atlantico.fr
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Boudeur et irréaliste : Le Point flingue le Président ; L’Obs s’alarme de la menace climato-populiste ; Valeurs du ras-le-bol des agriculteurs ; Macron fait du charme à Bardella qui dépasse Le Pen ; Mossad et Shin Beth, les deux piliers ébranlés d'Israël
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REVUE DE PRESSE DES HEBDOS

Et aussi le prix Nobel d'Économie Jean Tirole qui redoute le déclassement pour la France , et un portrait de Delphine Ernotte, la présidente de France TV , une « vraie patronne » dont les relations avec Emmanuel Macron sont plutôt fraîches

Anita Hausser

Anita Hausser

Anita Hausser, journaliste, est éditorialiste à Atlantico, et offre à ses lecteurs un décryptage des coulisses de la politique française et internationale. Elle a notamment publié Sarkozy, itinéraire d'une ambition (Editions l'Archipel, 2003). Elle a également réalisé les documentaires Femme députée, un homme comme les autres ? (2014) et Bruno Le Maire, l'Affranchi (2015). 

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La « Chronique d’une débâcle présidentielle »

Après le vote de la motion de rejet de la loi sur l’immigration, l’Express rappelle cruellement les propos tenus par Emmanuel Macron dans une interview au Parisien, en avril dernier. "Je veux une loi efficace et juste, en un seul texte tenant cet équilibre", avait alors déclaré le chef de l’Etat. Il veut, il ne peut pas : la crise politique est là », commente le mag, alors que Paris-Match s’interroge « sur les répliques de ce tremblement de terre législatif ». Le Point, pour sa part, livre une chronique impitoyable sur la crise provoquée par le rejet de la loi-immigration :

« Combien de temps encore Macron peut-il feindre d’ignorer la réalité ? L’illusion de son « en même temps » vient de se fracasser sur sa majorité relative. « Un coup de massue. C’est dramatique », estime-t-on au gouvernement. En promettant une chose à la droite sénatoriale puis son contraire à l’aile gauche macroniste, son ministre de l’Intérieur ne pouvait que mécontenter sur tous les bancs. « Son cynisme et son ego devaient finir par lui jouer des tours », l’accable-t-on dans la majorité, où l’on réprouve « son comportement qui a crispé tout le monde ». La Première ministre, Élisabeth Borne, n’est pas loin de penser la même chose, elle qui n’a jamais supporté l’ancien sarkozyste, son rival, qui se voyait récupérer sa place après les émeutes. « Ça lui fait bien plaisir qu’il se plante. Matignon s’est livré à une vraie opération sabotage », grince un proche du président. Les règlements de compte ne font que commencer, au cœur d’un pouvoir dévitalisé ». 

Et après cette mise en bouche, le mag fait mine de s’interroger : « Et si c’était Emmanuel Macron, le problème ? À force de déni, d’errements ?  Y a-t-il encore un pilote dans l’avion ? Le président se réveille chaque jour avec moins de pouvoir que la veille, et l’opposition toujours plus déchaînée contre lui. L’an VI de l’ère Macron s’achève dans une étrange confusion, avec le sentiment d’un exécutif usé qui navigue au gré des événements et des échecs, dépourvu de boussole, sans ligne directrice ni point d’arrivée. Condamné à légiférer sur des textes mineurs ou techniques à coups de 49.3 ou bien à déclencher une mortifère dissolution. Plus aucun garde-fou pour déjouer les pièges ou anticiper les polémiques. L’explication de cette fuite en avant est à chercher du côté du 55, rue du Faubourg-Saint-Honoré, car tout procède de l’Élysée. Il est certes courant, sous la Ve République et ses héritages monarchiques, de pointer l’isolement croissant du roi, l’aveuglement des courtisans et les ravages des effets de cour. Nous y sommes. Il est plus inhabituel et alarmant de constater que ceux qui osent encore dire la vérité au président sont de plus en plus rares. Macron, que l’on dit toujours en lien avec « mille capteurs », supporte en réalité mal la contradiction, comme toute proposition de lui venir en aide. Au point de faire le vide au sein de sa garde rapprochée. » …

L’Elysée, une maison qui rend fou

«  La vie de palais est ainsi régentée qu’il ne faut pas compter sur les collaborateurs élyséens pour dire son fait au président. Le cabinet est rongé par des luttes d’influence, une compétition sourde pour briller au plus proche du soleil. Les logiques géographiques propres à la présidence n’arrangent rien. « L’Élysée, c’est trois ailes, deux rues, un palais. Une maison qui rend fou, un fonctionnement en vase clos, qui alimente rumeurs et complots », témoigne un ancien du cabinet Macron…La cellule diplomatique se trouve au 2 rue de l’Élysée, qui jouxte le palais. …Quant au pôle parlementaire, piloté par Grégoire Potton, un macronien pur jus, il réside à l’hôtel de Marigny, de l’autre côté, et ses conseillers doivent… traverser la rue pour espérer croiser le président. « Autant être basé en Ouganda », se gondole un stratège…

« ….L’Élysée est peuplé d’âmes tristes, frustrées de ne jamais le voir ou presque, en dehors des réunions protocolaires. « Il clive, cloisonne, cultive les antagonismes. Le piège, c’est la quête affective », rapporte-t-on en interne…S’opposer à une intuition présidentielle au prétexte qu’elle serait irréaliste, et c’est l’assurance de se voir ostracisé. Le Conseil National de la Refondation, les rencontres de Saint- Denis, ils étaient nombreux à ne pas y croire, beaucoup moins à le lui avoir dit. Macron ne vire ni ne sermonne personne – on a vu la difficulté qu’il a eue à se séparer d’Alexandre Benalla, à l’époque –, mais place en quarantaine le moindre affidé qui le contrarie. « Si on lui dit quelque chose de travers, il a tendance à “ghoster”…, confie-t-on. Il boude. » Résultat, « il n’est plus entouré que de “yes men”, des béni-oui-oui. Il est dans la réussite solitaire et pense que dire, c’est faire », râle un ancien du palais…Macron ne séduit plus, et délaisse ceux qu’il a déjà conquis. Un homme, selon les mots de Daniel Cohn-Bendit dans Le Monde, qui « consomme les gens comme des fruits ». …

Les idées ne manquent pas. Mais encore faut-il qu’elles soient réalisables et conformes à l’humeur du pays… « Il lui faudrait un entourage “France profonde”, lui apportant une vision au-delà des tableurs Excel », griffe un proche de la première heure. Au nom de l’écologie, par exemple, les « technos » du Château prônent un monde avec des barres d’immeubles, des commerces en bas des tours, des véhicules électriques en libre-service. Au grand dam des élus de terrain, qui pilonnent « cette armée de bouffons »…

« Les députés ?  « Les députés s’ennuient ? Qu’ils aillent sur le terrain, qu’ils contrôlent les politiques publiques ! » Un ministre, qui dit « prier tous les jours » pour que Macron l’écoute : « Mais si tu les “traites”, ça calmera les tensions ! » Refus catégorique. « Ils ont le melon. Et ils me doivent tout. S’ils sont là, c’est uniquement grâce à moi ! » Quant aux membres du gouvernement, Emmanuel Macron ne comprend pas que certains puissent être « si mauvais ». Ce n’est peut-être pas un hasard s’il écourte les conseils des ministres, qui n’excèdent jamais plus d’une heure, et s’il a supprimé la « partie D » de l’ordre du jour, consacrée aux débats… 

« À ce rythme-là, on sera peu nombreux à l’accompagner jusqu’à la fin, tremble un apôtre. Il n’y aura plus qu’Alexis Kohler et Brigitte Macron. » Le chef de l’État veut décréter 2024 l’année des « fiertés françaises », annoncer un nouveau cycle de réformes et projette en janvier « un rendez-vous avec la nation ». Peut-être pas celui qu’il imaginait… 

Et pourtant, le quotidien britannique Financial Times a élu Emmanuel Macron « politicien de l’année ». La raison de cette déclaration d’amour ? Son obstination pendant la réforme des retraites selon le chroniqueur vedette du journal l'obstination d'Emmanuel Macron peut-être rapproché de grands précédents historiques depuis la porte ouverte aux réfugiés d'Angela Merkel ou même la confrontation de Margaret Thatcher avec les syndicats miniers. « La plupart des présidents auraient abandonné ou assoupli la réforme. Celui-ci ne l’a pas fait. »

Bardella dans le « top ten »

Jordan Bardella, qui se verrait bien premier ministre de cohabitation, fait son « entrée tel un boulet de canon » dans le « top ten » du baromètre des personnalités politiques » avec 44% d’opinions favorables, (réalisé par Ifop-Fiducial), note Paris-Match. Le président du RN dépasse même Marine Le Pen d’un point…Sur son site internet, l’Express rappelle qu’au lendemain de la première rencontre de Saint-Denis « les proches du chef de l’Etat chantaient les louanges du Président du RN…. Un proche d’Emmanuel Macron a décrypté : Savez-vous pourquoi il fait tout ce charme à Bardella ? Le président du RN le fascine car c’est lui en plus jeune encore … ».  Dans le baromètre du Point, c’est Gabriel Attal qui passe devant Edouard Philippe,l’ homme politique préféré des Français….

Israël et ses services secrets

« Jusqu’où ira Israël ? » questionne l’Obs avec une photo de Benyamin Netanyahou en couverture. Le mag analyse « Les deux visages du Hamas » fondé il y a trente ans : d’un côté, rester un membre de la confrérie des Frères musulmans qui appelle à une conversion religieuse en vue de l’établissement d’un califat mondial ; de l’autre, être un mouvement terroriste de libération d’un territoire bien défini, la Palestine. Dans cette perspective, les massacres, démembrements et viols sadiques commis au cours de l’opération « Déluge d’Al-Aqsa » avaient deux objectifs : rappeler à l’ordre la communauté des croyants tentée par la paix avec l’ennemi séculaire ; traumatiser les Israéliens jusqu’à ébranler les fondements de leur démocratie...

Le Point fait sa » Une »sur  « Les services secrets israéliens  dans la guerre ». Dans cette enquête en plusieurs volets, l’envoyé spécial du mag  décrit le dispositif : « le Mossad, chargé du renseignement extérieur et des opérations spéciales ; le Shin Bet, soit les renseignements intérieurs, qui œuvrent dans les territoires palestiniens ; et l’Aman, les renseignements militaires, qui disposent de la prestigieuse unité 8200 ». ..

« Nili », est le nom d’un nouveau commando formé des meilleurs éléments des forces spéciales du Mossad et du Shin Bet, les deux principaux services secrets israéliens. Leur mission : retrouver ceux qui ont planifié le massacre du 7 octobre. Et les éliminer un à un. Ils ont été mandatés par Benyamin Netanyahou en personne : « J’ai donné l’ordre au Mossad d’agir contre les chefs du Hamas où qu’ils se trouvent. » Ronen Bar, patron du Shin Bet, les renseignements intérieurs, en a lui aussi parlé publiquement : « Partout, à Gaza, dans les territoires palestiniens, au Liban, en Turquie et au Qatar, nous irons les chercher. Nous serons là pour le faire. » Quant à Yoav Gallant, ministre de la Défense, il a également été très clair : « Leurs heures sont comptées. Où qu’ils soient, ce sont des hommes morts. » 

Parmi les cibles principales installées à l’étranger, Ismaïl Haniyeh, chef politique du mouvement terroriste, qui séjourne entre Doha et la Turquie depuis 2019 ; Khaled Mechaal, la figure tutélaire du mouvement, cible du Mossad à de très nombreuses reprises ; Saleh al-Arouri, le numéro deux du Hamas. Dans la bande de Gaza, les Israéliens ont de plus trois cibles prioritaires : Mohammed Deif, l’organisateur du Déluge d’Al-Aqsa, le massacre du 7 octobre, traqué depuis vingt ans par Israël ; Yahya Sinouar, son second, que les services israéliens ont baptisé « le Boucher de Khan Younès » et dont le nom figure sur la liste des « terroristes internationaux » des États-Unis ; enfin, Marwan Issa, « l’homme de l’ombre », qui a lui aussi fait l’objet de plusieurs tentatives d’assassinat ciblé. 

Le message est explicite : cela prendra un an, cinq ans, dix ans, mais, comme après l’assassinat des 11 athlètes israéliens pendant les Jeux olympiques de Munich, en 1972, chacune des victimes du 7 octobre sera vengée. ….

…Annoncer la création d’une telle cellule, c’est d’abord une façon de rassurer les Israéliens, pas d’inquiéter les responsables du Hamas, qui savent déjà très bien à quoi s’en tenir. Ce qui est sûr, en revanche, et ça, ce n’est pas de la com, c’est que, oui, bien sûr, la traque pour éliminer les responsables des massacres de civils israéliens partout dans le monde a déjà commencé… Déjà éliminés par Israel : « Abdelaziz al-Rantisi, l’un des plus hauts responsables du Hamas, par un missile tiré via un drone… Ayman Nofal, l’un des chefs des Brigades Al-Qassam, ou encore Ibrahim Biari, un des organisateurs de l’attaque du 7 octobre. …Selon Ronen Bergman, qui a publié Lève-toi et tue le premier (Grasset, 2020), l’État hébreu aurait réalisé plus de 2 700 assassinats ciblés depuis 1948, dont seuls les plus spectaculaires sont connus….

Un séisme

 Depuis le 7 octobre tout a changé ; et « entre Benyamin Netanyahou et  les espions , c’est « le divorce ».  Entre les services secrets et Netanyahou, la crise n’est pas nouvelle...D’après Le Point, c’est un affrontement d’une violence inouïe qui se joue depuis des mois sur l’avenir de la démocratie israélienne. Tous les coups sont permis. Lors des gigantesques manifestations des Israéliens contre la réforme limitant l’indépendance de la justice, 500 anciens plus hauts responsables de l’armée, du Mossad et du Shin Bet ont signé des pétitions condamnant le projet de loi. Des centaines d’agents ont - anonymement – fait savoir que, si ses projets étaient adoptés, ils croiseraient les bras ou démissionneraient. 

 L’été dernier, au nom d’anciens officiers des services, trois anciens responsables de la sécurité du pays ont pris la plume dans la presse étrangère, notamment dans Le Point, pour dénoncer sans ambiguïté la stratégie du Premier ministre. Avec un lourd reproche : en laissant les colons se déployer en Cisjordanie, celui-ci préparait le pire, à commencer par une guerre sanglante, selon eux. Les anciens des services appelaient à favoriser la création d’un État palestinien responsable. Seul moyen, selon eux, de mettre fin au Hamas et à son agenda mortifère »…

Comment  Israël a-t-il pu se laisser surprendre ?

« Depuis l’offensive terroriste du Hamas, ce déballage a commencé. Personne ne comprend pourquoi les responsables du Mossad n’ont rien vu des messages échangés entre le Hezbollah et le Hamas. Pourquoi rien n’a filtré des échanges entre les responsables de la branche « politique » du Hamas installés au Qatar et au Liban et ceux de Gaza. Pourquoi les agents du Mossad ont été comme aveugles et n’ont détecté aucun signal venu d’Iran… Quant au Shin Bet, le service responsable de la collecte de renseignements dans les territoires palestiniens de Cisjordanie et de Gaza, sa chaîne de commandement a été totalement défaillante. Plusieurs jeunes femmes appelées du contingent, chargées de la surveillance des frontières avec Gaza, observaient d’étranges mouvements. Elles ont alerté leurs supérieurs. Machisme, misogynie ? Elles ont été priées de se taire. 

Une analyste prévoyant un conflit imminent a, elle aussi, été gratifiée par ses supérieurs d’un cinglant « Votre rapport est totalement imaginaire ». Plus grave encore, un document de 40 pages provenant du Hamas a circulé pendant des semaines l’an passé. Intitulé « Mur de Jéricho », le texte détaillait le déroulé précis de l’attaque des kibboutz, les prises d’otages, les massacres dans les moindres détails… Il n’a pas été pris au sérieux. Les médias israéliens ont aussi dévoilé que, la nuit de l’attaque, le conseiller sécurité de Benyamin Netanyahou n’avait pas osé le réveiller et avait patienté deux heures avant de l’alerter. Une faillite. » L’examen de conscience a débuté …Le  Point a recueilli le témoignage de  Matti Steinberg « Il a été l’analyste que tous les patrons du Mossad et du Shin Bet, les renseignements intérieurs israéliens, voulaient auprès d’eux. Il était le meilleur spécialiste du dossier palestinien. Celui qui savait se mettre dans la tête des ennemis d’Israël. Celui qui détectait la moindre nuance dans leurs discours. Aujourd’hui, c’est le dégoût qui l’anime. Les regrets aussi. Désormais à la retraite, il n’a jamais cessé d’analyser la propagande du Hamas, du Hezbollah et du Jihad islamique. « Il y avait tout sur Internet, des interviews, des textes en accès libre. Il suffisait de les lire pour comprendre ce qui se préparait. » Matti Steinberg est ivre de rage. « Sur ce site Internet, c’était comme des tutos : “Comment attaquer un kibboutz ?” ; “Comment gérer une prise d’otages ?”. »

Il retrouve la référence d’une interview d’un des chefs du Hamas sur un autre site. « L’été dernier, il annonçait une offensive directe contre Israël et ses civils. Vous voyez, l’emploi de ce mot, là, n’est pas anodin. Ce n’est pas la propagande habituelle : c’est un ordre de mission. On dit que les terroristes ont préparé leur opération dans le plus grand secret. Mais c’est faux ! Tout était sous nos yeux. Regardez ce texte du Hamas, la référence au Coran et à la seconde prophétie : c’est la justification religieuse du massacre. » 

Matti Steinberg s’en veut. « Je n’ai pas voulu alerter les responsables actuels des services. Je ne voulais pas passer pour le vieil homme qui dérange ceux qui travaillent. J’étais persuadé qu’ils voyaient la même chose que moi et qu’avec la technologie ils en savaient même beaucoup plus. J’aurais dû les alerter. Les massacres du 7 octobre, c’est l’échec du Mossad, du Shin Bet, de l’armée. C’est celui des politiques. C’est celui de tout le pays. Mais c’est évidemment le mien aussi. »…. « Malgré la crise économique, les tensions sociales et le chaos politique de ces derniers mois ainsi que les gigantesques manifestations contre Benyamin Netanyahou, les sondages étaient formels : s’il y avait encore une institution à laquelle les Israéliens accordaient leur confiance, c’était bien leurs services secrets. À l’étranger, la CIA et les services « amis », comme en France la DGSE, ont eux aussi été sidérés par l’absence de clairvoyance de ceux qu’ils tenaient encore récemment pour les meilleurs espions du monde, ou en tout cas au Proche-Orient. Dans le pays, c’est la même chose. Leur échec est un séisme…Un ancien responsable des opérations du Mossad, Oded Ailam ne cache rien de son désarroi. « Je reste sidéré. Ce qui s’est passé, c’est comme Pearl Harbor pour les Américains. …Un autre ancien responsable ajoute :«  L’hubris et l’arrogance de toute la chaîne de commandement sont telles qu’il faudra un “strip-tease intégral” pour pouvoir reconstruire ce qui a toujours fait la force du pays. »

L’autre face du Mossad

« Mais le Mossad ne compte pourtant pas que des « barbouzes ». Outre le renseignement, sa grande spécialité, c’est la diplomatie secrète. Grâce à son département Tevel, Israël a pu, dès sa création, et souvent sans être diplomatiquement reconnu, entretenir des relations informelles avec la Turquie, l’Iran d’avant la révolution islamique, ou encore l’Indonésie. Avec un objectif : briser son isolement.

Plus récemment, le rapprochement de l’Arabie saoudite et d’Israël est aussi l’œuvre des espions du Mossad, qui ont multiplié pendant plusieurs années les rencontres discrètes avec les proches de Mohammed ben Salmane, le dirigeant saoudien. Avant de céder la main aux diplomates des deux pays. Quant aux tractations entre le Hamas et Israël pour la libération des otages du 7 octobre, elles ont été menées au Qatar directement par le Mossad . »

Et puis le Mossad compte également des unités confidentielles qui  jouent un rôle décisif pour favoriser l’écosystème de la tech israélienne, dont la recette est un « savant mélange d’interactions sociales, de compétences techniques, de motivations de défense et qui se traduisent bien souvent par des succès économiques »….

La plus connue des unités militaires répond au nom d’unité 8200 : quelques milliers de personnes âgées de 18 à 21 ans spécialisées dans le contre-espionnage, la cyberguerre, le renseignement militaire et le décryptage de codes informatiques. Sont passés dans ses rangs les fondateurs de la société NSO, qui a mis au point le célèbre – et controversé – logiciel espion Pegasus, vendu ensuite à de nombreux clients étrangers. On retrouve aussi certains de ces anciens dans les équipes fondatrices de nombre de pépites du high-tech israélien, comme le spécialiste de la relation client Nice, l’entreprise de services informatiques AudioCodes, le fournisseur de communications par satellite Gilat, ou encore l’application de navigation Waze. Autre exemple, le géant de la cybersécurité Check Point, coté au Nasdaq, cofondé par Gil Shwed. Certes, ce quinquagénaire a étudié l’informatique à l’université hébraïque de Jérusalem. Mais c’est bien le fait d’être un vétéran de l’unité 8200 qui l’a rendu adaptable à toutes les situations….

La menace climato-populiste

L’Obs appelle cela « le syndrome Sardou », en référence au chanteur qui n’aime ni Greta Thunberg, ni Marine Tondelier , qui aime l’Ecologie, mais pas l’écologie politique. » « L’extrême droite et une partie de la droite veulent faire de l’écologie un facteur de division de la société française, de la même manière que l’immigration », d’après l’ancien candidat des Verts à l’élection présidentielle Noël Mamère. Une extension du domaine du populisme à l’écologie, en quelque sorte … Fin septembre, cette petite musique qui monte a trouvé son débouché politique lorsque Laurent Wauquiez a annoncé que sa région Auvergne-Rhône-Alpes allait se « retirer » du dispositif « zéro artificialisation nette des sols » (ZAN) ». Poursuivant son offensive, il mobiliserait désormais les maires de sa région en vue d’écrire à la Première ministre…Le message est clair : celui qui est en train de préparer sa candidature pour 2027 compte faire de la critique des mesures écologiques son marqueur de campagne. Haro sur les écolos ? Depuis la sortie de Laurent Wauquiez, le petit monde de l’écologie est en émoi. …Car si les défenseurs de l’environnement ont toujours eu des adversaires, ils sont de plus en plus souvent présentés comme des ennemis, et même comme les nouveaux ennemis du peuple – ce qui est la marque de fabrique de la rhétorique populiste. Ils font l’objet d’un rejet absolu, presque physique…

La grammaire est connue : opposer les braves gens des campagnes et les bobos des villes, cibler les « techno » « coupés du terrain », parler au nom du « bon sens » et de la « vie réelle », dénoncer les normes qui « emmerdent les Français », se plaindre que « l’on ne peut plus rien faire », crier à la dictature du « politiquement correct ». Et, au terme de cette litanie, dessiner un bouc émissaire improbable, mi-expert de Bruxelles, mi-zadiste moralisateur, dont le seul but serait de détruire les modes de vie traditionnels des Français… 

Dans le monde des affaires on voit émerger émerger un antiécologisme paré des vertus de la raison économique : c’est le grand jury du prix Turgot, cénacle d’économistes présidé par JeanClaude Trichet, ancien gouverneur de la Banque de France, qui décerne un prix au livre « les Ecologistes contre la modernité », de l’essayiste Ferghane Azihari, fabuleux condensé de clichés anti écolos. Ou le PDG de Total, Patrick Pouyanné, qui, en débat fin août face au climatologue Jean Jouzel, sort l’arme fatale : « Le problème, c’est qu’il y a la vie réelle. » … Mais c’est bien sûr dans le champ politique que l’impact est le plus frappant…. En enfourchant le cheval de bataille antiécologiste, Laurent Wauquiez se met au diapason d’une partie de la droite européenne ...« On est passé de l’indifférence à l’écologie à une hostilité revendiquée », s’alarme l’eurodéputé Renew Pascal Canfin. La lutte contre l’écologie devient un marqueur identitaire. » …Le paradoxe, c’est que ce retour de bâton survient alors qu’il est de plus en plus difficile de contester le réchauffement climatique. Vagues de chaleur en Europe, pluies torrentielles à New York, mégafeux au Canada… Sauf que, loin de convaincre les derniers réfractaires, cette accélération fait au contraire grandir le ressentiment à l’égard de l’écologie. Nous voilà plongés dans le film « Don’t Look Up », où politiciens et médias s’efforcent de dissuader le bon peuple de lever la tête alors qu’une comète menace de détruire la Terre. Certes, le réchauffement n’est plus réellement nié. Mais il est minoré, ridiculisé (chez Cyril Hanouna, traiter le sujet est la garantie d’une bonne tranche de rire). Quant aux scientifiques, ils sont accusés d’ourdir un complot…. En France, trois dispositifs focalisent l’hostilité des anti écolos : le « zéro artificialisation nette  » (ZAN), pour protéger les sols naturels contre l’urbanisation ; les « zones à faibles émissions » (ZFE), qui proscrivent l’accès aux centres-villes aux véhicules trop polluants ; et l’interdiction progressive de louer des passoires thermiques… Trois mesures imparfaites, mais qui ont en commun d’attenter à la bagnole et au rêve pavillonnaire, ces deux piliers de l’imaginaire moderne. « Ces mesures étaient consensuelles, mais leur application menace des intérêts établis et est susceptible de faire des perdants. Il y a donc, politiquement, des clientèles à séduire », résume le chercheur Simon Persico, professeur à Sciences-Po Grenoble. Sans surprise, le Rassemblement national (RN) a déjà décidé d’en faire un thème pour la bataille des européennes. La liste Alliance rurale, lancée la semaine dernière par Willy Schraen, le puissant patron des chasseurs, vise le même électorat – en espérant rééditer le carton de la liste Chasse, Pêche, Nature et Traditions (CPNT) aux européennes de 1999. Moins attendu-: la tentation climato-populiste gagne des franges du camp dit « modéré », à travers certains ténors de la majorité. Cet automne, Edouard Philippe puis Bruno Le Maire ont ainsi fustigé l’interdiction progressive de louer les passoires thermiques, ces habitations mal isolées et dont le chauffage est très émetteur de CO2. Les deux hommes ont mis en garde contre une potentielle « bombe sociale ». L’ancien Premier ministre ne se montre guère plus allant sur les ZFE, un dispositif qui « prive de liberté nos concitoyens ». Wauquiez, Le Maire, Philippe-: trois hommes venus de l’ex-UMP, trois discours critiques de l’écologie, trois ambitions présidentielles… Dès qu’il est question d’écologie, un spectre hante la macronie : les « gilets jaunes »…... Dans la majorité, on redoute « la » mesure écolo qui rallumerait l’incendie. Un prétexte commode. « L’enseignement des “gilets jaunes”, ce n’est pas qu’on ne peut rien faire, rappelle Léo Cohen. C’est que l’accompagnement social des plus fragiles est la clé d’une politique écologique efficace …Impensée sous Emmanuel Macron, la question de la juste répartition de l’effort est un puissant carburant pour les populistes. Malgré les nombreux rapports montrant que les riches polluent plus, le chef de l’Etat n’a jamais consenti à revenir sur sa ligne probusiness. Même les mesures essentiellement symboliques, telle la limitation des jets privés, ont été rejetées. Comme le résume le politologue Jean-Yves Dormagen dans la revue « Green »: «  Il est délicat de justifier l’interdiction […] de vendre des véhicules thermiques quand dans le même temps on autorise les yachts et la circulation en jets privés. »

Alerte au déclassement de la France

Jean Tirole est prix Nobel d’économie et après la publication du rapport Pisa dans lequel la France est à nouveau mal classée, (- elle est 23e des pays de l’OCDE ) ; il analyse sur huit pages les raisons de ce mauvais classement en mathématiques qui peut conduire au déclassement du pays tout court , notamment parce que  «  notre système éducatif est faible et inégalitaire ». Et propose quelques remèdes qui passeraient notamment par plus de moyens pour l’université… « La France peine à attirer et retenir les meilleurs chercheurs… les universités françaises ont trop peu d'argent pour jouer dans la cour des grands. Elles sont sous dotées par rapport aux grandes écoles et a fortiori leurs concurrentes étrangères. Mais juste dépenser plus n'aura pas les effets escomptés si la responsabilisation et une gouvernance intègre ne sont pas au rendez-vous. Les acteurs internes sont à la fois juges et partis ce qui peut affecter leur priorité scientifique et leur désir d'innover mais aussi « une réforme de l’Etat en commençant par une simplification du maquis administratif… » Vaste programme ... en même temps on autorise les yachts et la circulation en jets privés. »

« Des mâles blancs ... »

Pourquoi les relations Macron-Ernotte sont-elles si mauvaises, alors que la patronne de France TV a réformé et réorganisé la maison ? Parce que « les journaux de France 2 ne rendraient pas hommage à l’action d’Emmanuel Macron »  et qu’elle n’aurait pas « sacrifié  les deux têtes promises », entendez Elise Lucet et Anne-Sophie Lapix et du coup Emmanuel Macron raconte qu’il «  préfère aller chez le dentiste que chez Lapix », entendez au journal de France 2 …Au Chateau on n’aurait pas apprécié le documentaire consacré au secrétaire général Alexis Kohler  et ses liens avec l’armateur MSC , ce qui mettrait  à mal ses chances d’effectuer un troisième mandat à la tête du service public de la télé.  En tous cas, Madame Ernotte dans un souci de rajeunissement de l’audience de sa chaine, a mis fin aux contrats de certains « mâles blancs de plus de cinquante ans », entendez Patrick Sébastien, Tex l’animateur des Z’amours,  et le  chroniqueur sportif Patrick  Montel, » la voix de l’athlétisme français »,qui  rêvait de « mourir au micro »,  auxquels Marianne témoigne toute sa compassion. Patrick Sébastien « se sentait investi d’un rôle social » … « Symboliquement, quand ils me virent, c’est toute une France qu’ils mettent de côté. Un service public doit s’adresser au public, c’est-à-dire à tous les publics, et donc aussi à cette France-là, cette France rurale, cette France du bon sens. D’ailleurs, pour moi, les gens du service public sont complices du bordel dans ce pays et de la montée du Rassemblement national , en écartant cette France qu’ils considèrent comme des beaufs primaires », affirme-t-il dans Marianne. Lui ose d’ailleurs le lien entre son éviction et l’émergence du mouvement des Gilets jaunes, cette France des ronds-points, périphérique, éruptive, parfois sans filtre. 

Agriculteurs en colère

A propos de France rurale, Valeurs Actuelles se penche sur « le grand ras le bol des agriculteurs ». Pour le moment ils se contentent de renverser le panneau signalétique à l’entrée des villages. « Le mouvement qui a déjà touché plus de 10.000 communes à travers la France est inoffensif et apparemment pacifique mais, croit savoir VA, « c'est bien une révolte paysanne qui gronde. Le sentiment d'abandon est là depuis longtemps mais là, ça s'amplifie .Si les agriculteurs ne sont pas écoutés ,j'ai peur qu'ils aillent plus loin et que ça dégénère comme avec les gilets jaunes » s'inquiète le secrétaire général de la FNSEA…C'est l'annonce de la fin progressive de l'exonération fiscale sur le gazole non routier inscrite dans le projet de loi de finances pour 2024 qui a mis le feu aux poudres. Cette mesure prévoit un sextuplement de la taxe intérieure de consommation sur les produits énergétiques d'ici à 2030 qui passerait de 3,86 centimes par litre actuellement à 23,81 centimes. Le surcoût , certes compensé par d'autres aides est évalué à 2000€ pour une exploitation agricole de 100 hectares … Or les agriculteurs ont vu leur facture énergétique triplée depuis le début de la guerre en Ukraine .Il y a aussi l'augmentation de la taxation sur l'eau ».. D'après V.A , en France la production de lait a baissé de 5% au premier semestre 2023, celle des volailles de 4%. Désormais la France importe 70% des poulets qu'elle consomme … Les agriculteurs sont surtout exaspérés par et surtout toutes ces normes qui leur compliquent la vie. Ils attendent impatiemment la future loi d'orientation agricole qui a été décalée plusieurs fois.  A 3 mois du salon de l'agriculture le président de la FNSEA Arnaud Rousseau prévient : « Maintenant tout dépend de la façon dont le président de la République a envie de déambuler dans les allées du salon ». Ambiance.

Pour terminer, cet écho du Point : « Eric Ciotti , le très en vue patron des Républicains aurait bien aimé rencontrer Georgia Meloni lors de son passage à Paris . Et le mag raconte l’anecdote suivante … « Informée de l’empressement du Niçois, la cheffe du gouvernement italien a chargé des mélonistes français de sa connaissance de le décourager en urgence. L’un d’eux a donc passé le délicat coup de fil au patron de LR pour lui expliquer que le cadre hautement diplomatique de cette visite officielle n’autorisait aucune dispersion…. Mais, croyant à un stratagème, l’impétrant s’est quand même fait accompagner à l’ambassade où la garde rapprochée de Meloni l’ a poliment éconduit » .

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