Le monde a un très grave problème et ce n'est pas la surpopulation mais le manque de bébés<!-- --> | Atlantico.fr
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En 1968, le live La Bombe P mettait en avant une proposition simple : le monde était en état de surpopulation qui ne ferait que s'aggraver, et il fallait à tout prix enrayer ce phénomène, sous peine de famine et de pauvreté générale.
En 1968, le live La Bombe P mettait en avant une proposition simple : le monde était en état de surpopulation qui ne ferait que s'aggraver, et il fallait à tout prix enrayer ce phénomène, sous peine de famine et de pauvreté générale.
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Le Nettoyeur

Les conséquences de la baisse de la natalité sont d'abord fiscales : en Europe, il n'y a plus assez de population d'actifs pour s'occuper de tous les retraités, ce qui met les finances publiques en désarroi.

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry

Pascal-Emmanuel Gobry est journaliste pour Atlantico.

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En 1968, le live La Bombe P mettait en avant une proposition simple : le monde était en état de surpopulation qui ne ferait que s'aggraver, et il fallait à tout prix enrayer ce phénomène, sous peine de famine et de pauvreté générale. Le livre prévoyait des centaines de millions de morts de famine dans les années 70 et expliquait que l'Inde ne pourrait jamais nourrir une population de 200 millions (l'Inde a aujourd'hui une population de plus d'1 milliard). Il proposait de mettre en place des mesures de contrôle de la population, comme par exemple le fait de mettre des contraceptifs dans l'eau courante ou encore de refuser l'aide humanitaire aux pays qui ne mettent pas en mesure des politiques de contrôle de la population.

Le malthusianisme n'est pas nouveau, a toujours été avec nous et le sera probablement toujours : l'être humain a évolué dans des circonstances de pénurie et de groupes limités, et notre civilisation d'abondance va à l'encontre de nos instincts profonds. Mais la civilisation est le dépassement de l'instinct, et les malthusiens ont toujours eu tort. Dans les années 1960, les décroissants expliquaient que la Chine n'atteindrait jamais un niveau de développement occidental car il n'y aurait jamais assez de standardistes pour que tout le monde soit relié au téléphone...

A l'orée du 21ème siècle, il apparaît aujourd'hui clairement que le problème clé que rencontre l'humanité est exactement le problème inverse. Nous ne faisons pas assez de bébés, comme le montrent les nouveaux chiffres sur la population mondiale de l'ONU.

Les conséquences seront d'abord fiscales : en Europe, nous nous rendons bien compte que nous n'avons plus assez de population d'actifs pour s'occuper de tous nos retraités, et que cela met nos finances publiques en désarroi.

Les conséquences seront surtout humaines : un monde avec moins de fertilité et moins de population sera un monde plus pauvre, et ce dans tous les sens du terme. L'économie n'est après tout qu'un mécanisme décentralisé d'échange et de co-production : s'il y a moins de gens avec qui échanger et co-produire, il y a moins d'échanges et de co-production, donc moins de croissance, donc moins de richesse. Et c'est vrai aussi dans les domaines non-marchands : moins d'artistes, d'auteurs, de réalisateurs de films et autre créateurs de toutes sortes (et moins de public pour leurs œuvres, incitant à moins de création) veut dire moins de beauté, moins de vitalité dans le monde.

Imaginez un scénario de science-fiction où vous vous réveillez un matin et découvrez qu'un dixième de vos amis n'existent plus. Puis un cinquième. Ainsi de suite. Combien nos vies seraient appauvries! Et pourtant c'est le monde qui nous attend.

Les Nations Unies projettent aujourd'hui que la population de la terre va s'arrêter à 9 milliards vers 2050 puis se mettre à redescendre. Ce sera un cas de ruine économique et sociale. Les pays dont la population baisse déjà sont des pays déclinants, dont l'économie stagne et qui sont saisis de pessimisme et de conservatisme. Toute notre économie est construite autour de la croissance, et c'est cette croissance qui nous a permis de sortir des âges sombres, de doubler notre espérance de vie, de mettre fin à la famine presque partout, de transformer notre niveau de confort. Or l'économie est faite d'hommes et il faut plus de gens pour la soutenir.

Enfin il faut mettre fin à quelques clichés:

  • Non, le monde n'est pas surpeuplé. A 7 milliards, le monde est très peu peuplé. A densité équivalente à Paris, la population du monde entier pourrait tenir dans le Texas.
  • Non, les étrangers ne font pas des enfants comme des lapins. La fertilité baisse partout dans le monde, y compris en Afrique sub-saharienne et en Asie. Le problème est mondial.
  • Oui, il y a assez à manger pour tout le monde. Il existe encore des famines, mais de l'avis unanime des experts ces famines sont dues à des problèmes politiques et d'approvisionnement, pas à un manque de nourriture. Nous produisons énormément de nourriture pour nourrir tout le monde sans rationnement, et <a href=”http://www.atlantico.fr/rdv/nettoyeur/lecons-tirer-affaire-findus-pour-imaginer-agriculture-demain-pascal-emmanuel-gobry-640227.html”>nous n'avons même pas de fermes verticales</a>.
  • Oui, il y a assez d'énergie pour tout le monde. Nous viendrons à bout (ou pas) de nos réserves de pétrole, mais il y a assez de matériau pour alimenter le monde entier à l'énergie nucléaire (notamment de l'énergie non dangereuse comme le thorium), sans parler du solaire dont le prix et la qualité baisse sans arrêt.

Il n'y a aucune raison technique pour laquelle le monde ne pourrait pas continuer à faire croître sa population. Par contre, il y a besoin d'une reconnaissance de notre problème de sous-population et d'une volonté politique d'y remédier.

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