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Le co-parentage, ou comment trouver le géniteur de ses enfants en ligne
©Reuters

Revue blogs

Après le co-voiturage et la colocation, voici le co-parentage. Connue depuis longtemps par les couples homosexuels pour fonder une famille tout en gardant des relations avec les géniteurs de leurs enfants, cette pratique s'étend maintenant aux célibataires hétéro.

Claire Ulrich

Claire Ulrich

Claire Ulrich est journaliste et fan du Web depuis très longtemps, toujours émerveillée par ce jardin aux découvertes, et reste convaincue que le Web peut permettre quelque chose de pas si mal : que les humains communiquent directement entre eux et partagent la chose humaine pour s'apercevoir qu'ils ne sont pas si différents et qu'il y a donc un moyen de s'entendre.

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Vous êtes seule, votre horloge biologique tourne et vous voulez un enfant malgré tout ? Sachez qu'il est possible de trouver un géniteur en ligne. C'est la nouvelle mode de la co-parentalité.

Ce sujet est sur le devant de la scène médiatique depuis les manifestations du "Mariage pour tous" en faveur des droits des couples homosexuels, qui avaient déjà leurs adresses, leurs forums et ont élevé une génération désormais grande d'enfants de cette manière. Mais le phénomène toucherait maintenant les célibataires.

Depuis la parution d'un article sur le magazine Marie Claire, la bulle médiatique gonfle autour d'un site, coparents.fr, version française d'un site américain et britannique d'abord dédié aux donneurs de sperme mais qui accueille de plus en plus de personnes à la recherche d'un co-parent, non seulement pour faire une insémination "artisanale" mais également pour s'engager à élever l'enfant ensemble. Les témoignages des clients utilisateurs satisfaits sont très encourageants :

"Merci beaucoup pour votre site, il nous a permis de nous rencontrer et à partir d'un projet de coparentalité, une belle histoire d'amour est née et avec elle, Raphaël, le 4 avril 2014. Didier et Cécile."

"Comment ai-je trouver ce site? Celui qui devait devenir co papa, un ami de longue date, s'est volatilisé. J'ai alors pensé que jamais je n'aurai cet enfant (étant proche de la quarantaine). J'ai ensuite beaucoup surfé en me disant que je ne devais pas être la seule dans ce cas, j'ai rencontré un homme merveilleux sur votre site en mai 2012 qui recherchait une co parentalité comme moi, nous sommes devenus amis et... parents de notre petite Eline en octobre 2013. Nous sommes vraiment très heureux et souhaitions partager notre bonheur."

Coparents.fr est présent naturellement sur Twitter où les recherches de pères et de mère sont publiées tous les jours. Un exemple, Lilou: "Bonjour, je souhaitais former une vrai famille, avec un père une mère et des enfants. Cela ne s'est malheureusement pas fait. Je suis chrétienne. Je cherche un père responsable, qui s'impliquera dans l'éducation de son enfant car je pense qu'il est important pour l'équilibre de l'enfant qu'il puisse grandir avec l'amour de son père et de sa mère."

Des hommes sont également présents et en recherche d'une mère potentielle pour leur futur enfant, comme Marc, dans la région Centre : "Je suis célibataire de 39 ans, séparé depuis un an, mais ayant pas eu la chance d'avoir un enfant, je recherche une femme avec qui je pourrai partager ma vie et avoir des enfants ou alors une co-parentalité. Je souhaite absolument devenir père."

D'autres sites sateliittes occupent ce nouveau créneau. Coparentalite.net traite de la globalité du sujet : comment avoir un enfant seule, le don d'ovules,  le don de spermes, la gestion du projet enfant...

Le site de rencontres Meetic choquait aussi, il y a quelques années, avant de s'imposer. Dira-t-on un jour à l'enfant : "nous nous sommes rencontré le 2 mai à la terrasse d'un café à Bastille pour parler de toi, qui n'était encore qu'un projet. Il faisait très beau. J'ai pris un Coca..."

L’enfant de l’amour semble avoir fait son temps. Le blog de psychanalyse "Lacanquotidien" s'est intéressé au sujet et résume : "Finalement, après la science qui s'est mise au service des couples pour obtenir l'enfant qu'ils n'arrivaient pas à avoir, nous voilà à l'heure des bon échanges de procédés. Je te donne mon sperme, tu me donnes un ovule, et ensemble, nous fabriquerons un enfant et nous l'élèverons. Cette formule, qui a le privilège d'être ultra naturelle, pas de manipulation génétique, pas d'utilisation d'un tiers, deux personnes décidant de s'entendre pour réaliser leur but répond à la pragmatique de notre siècle."

Psychanalitiquement parlant, ce nouveau mode de parentage permis par le Net et le désir d'enfant ne serait pas si scandaleux ou risqué que cela: "Cette proposition a ceci de nouveau qu’elle vise l’au-delà de la sexualité qui est ici en fonction. Le rapport homme/femme est annulé au profit d’une autre modalité qu’est le couple parental. L’usage du corps de chacun dépend alors d’une autorisation à procréer, sans autre forme de procès. C’est la vie au-delà des contraintes sociales liées à l’union, à l’union des corps qui, malgré tout, se vouaient à concevoir l’enfant de leur union au sens d’une conséquence de l’amour. Le contrat, seul, vaudra comme l’engagement dans une expérience qui durera toute la vie, car avoir un enfant, ce n’est pas seulement programmer son désir, c’est bien plus complexe et ça concerne la vie toute entière. L’enfant de l’amour a fait son temps. Après l’enfant de la science, voici l’enfant de la co-parentalité. Cet enfant sera l’enjeu des formes nouvelles de faire une famille."

Comme le dit Julie, la jeune femme interviewée dans le magazine Marie-Claire qui a enquêté sur cette question sous le titre "Cherche père.net" : "La co-parentalité cela commence comme un divorce : tu te retrouves à organiser ta vie future avec un inconnu en vue de préserver l’intérêt de l’enfant que vous n’avez pas encore fait !". Bien vu.

"Car être né de parents qui s’aiment n’est pas une garantie de bonheur. Naître de parents qui ne se rencontrent que pour une copulation décisive, c’est le lot de tout un chacun. Nous sommes tous des fausses-couches du désir de nos parents, nous indiquait Lacan dans L’envers de la psychanalyse. Pour l’enfant, l’énigme de sa naissance n’en sera pas plus assombrie que pour un autre. Il aura juste à apercevoir là où la faute est transmise, et le malentendu plus sensible. Quant aux parents, ils auront à inventer comment supporter de partager ce qui n’est pas ni un bien au sens de la propriété, ni un bien au sens de la morale, mais le résultat d’une rencontre qu’il faudra lui raconter. Une histoire de parents en quelque sorte."

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