Doigt d’horreur
Le candidat Zemmour est-il soluble dans l’ironie et l’anathème ?
Pour faire reculer le zemmourisme, il faut des idées, un souffle et une vision. En face, il n’y a rien de tout ça.
Il y a tout Zemmour dans son adresse sur YouTube —le Zemmour réactionnaire, le Zemmour xénophobe, le Zemmour Lagarde et Michard, le Zemmour figé dans l'encaustique des parquets de nos grand-mère...— mais il y a aussi du souffle et une vision. Une certaine idée sépia de la France, entre René Coty, OSS 117, Robert Doisneau, la baguette à un franc, les TGV orange, le minitel et le bon vieux temps des colonies.
A gauche, s'en moquer ou s'en effarer ne suffira pourtant pas pour s'en débarrasser. On ne va pas fédérer les Français, ou même une courte majorité d'entre eux, autour du woko-indigéno-chavisme éolien qui est devenu la proposition standard du camp du « progrès » de Mélenchon à Hidalgo ou Jadot, pour ne rien dire de tous les autres lilliputiens.
On ne les fera pas non plus vibrer avec les experts-comptables et les notaires de LR, empêtrés dans des discordes grotesques dont tout le monde se contrefiche. Enfin, peut-être pas les 150 000 adhérents dont ils se gargarisent, mais c’est à peu près la population de Villeurbanne...
Zemmour, c’est le Pétain revanchard assumé de la Révolution nationale qui rêve d’Ancien régime, le Trump de « Make America Great Again » qui rouvre les mines de charbon, mais c’est au premier qu’une Assemblée déconfite a offert les pleins pouvoirs en 1940 et pour le second qu’une majorité de prolos désenchantés a voté en 2016. C’est moche mais, en face, il y avait quoi ?
Franchement, dans un tel désert conceptuel, face à une telle absence d'ambition concrète pour le pays et, surtout, face à l'espèce d'orbanisation qui nous pend au nez comme une goutte de morve covidienne, je me félicite qu'un Macron —pour tous ses défauts— soit encore là pour tenir la boutique.
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