La méthode scandinave pour réussir des constructions zéro carbone<!-- --> | Atlantico.fr
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Des grues de construction et le toit du nouveau musée Munch en construction émergent au-dessus d'un épais brouillard recouvrant le centre d'Oslo le 15 novembre 2017.
Des grues de construction et le toit du nouveau musée Munch en construction émergent au-dessus d'un épais brouillard recouvrant le centre d'Oslo le 15 novembre 2017.
©CORNELIUS POPPE / NTB SCANPIX / AFP

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Des villes comme Oslo, Helsinki et Copenhague sont le théâtre d’innovations dans le domaine de la construction et du bâtiment afin de limiter l’empreinte carbone des chantiers notamment. Ces méthodes peuvent-elles être importées et appliquées en France ?

Fabrice Gatuingt

Fabrice Gatuingt

Fabrice Gatuingt est Professeur des Universités au Département d'Enseignement et de Recherche Génie Civil et Environnement de l'ENS Paris-Saclay.

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Atlantico : Quel est le poids du BTP dans les émissions carbone ?

Fabrice Gatuingt : Le BTP représente en France un peu plus de 20% des émissions carbone sur le plan national. Cela représente environ 70 millions de tonnes équivalent pétrole de CO2. Cela concerne tous les actes de construction, de l’extraction des matières premières jusqu’à la fabrication des matériaux. Cela concerne également le transport des matériaux sur le lieu du chantier, le coût du chantier lui-même. Il y a aussi tout ce qui concerne l’exploitation avec le bâtiment ou les ouvrages routiers. Cela recouvre aussi la fin de vie, le recyclage ou la mise en décharge des matériaux.  

Quelles sont les méthodes utilisées par les pays scandinaves pour obtenir des chantiers de construction plus écologiques ?

Fabrice Gatuingt : Les pays scandinaves utilisent notamment des engins de chantiers électriques plutôt que ceux consommant du pétrole. Ce coût-là dans un chantier est relativement faible dans les constructions en France.

Les pays scandinaves ont des modes de construction un peu différents. Le matériau bois est beaucoup plus mis en avant. Cela a un impact carbone qui est meilleur que pour la plupart des constructions que nous pouvons avoir actuellement en France. Ce poids du chantier est sûrement plus important qu’il ne l’est réellement chez nous.
Il existe des choses assez similaires en France en revanche avec des labels écologiques pour les chantiers.  

En France, où en est-on et peut-on s'en inspirer ?

Fabrice Gatuingt : Il existe déjà un label en France, celui du chantier zéro carbone qui a été mis en place après la COP21. Il est basé sur le même principe afin d’essayer de réduire l’empreinte carbone des chantiers.

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Comme tout label, il est basé sur un certain nombre de critères qui au final donnent une note globale. Si ce chiffre est suffisamment élevé, le chantier obtient le label. Cela permet de jouer sur différents impacts polluants du chantier et pas uniquement sur l’aspect des engins polluants présents sur le site du chantier.

Si l’on regarde le critère de la pollution en ville, à travers la pollution par les gaz d’échappement ou la pollution sonore, l’emploi d’engins électriques comme le font les pays scandinaves peut s’avérer effectivement intéressant.

Cette pratique est néanmoins encore assez marginale en France. On préfère se focaliser plutôt sur l’ensemble de l'acte de construire  et pour la durée de vie de l’ouvrage. Cela va amener à regarder le matériau de construction mais également à s’intéresser à l’utilisation de l’ouvrage. En effet, les émissions de gaz à effet de serre sont aujourd'hui de 60% pour la construction et de 40% pour l’exploitation de l’ouvrage. Si on arrive à réduire cela, on réduit d’autant l’impact CO2 du bâtiment.

Quelles sont les perspectives en termes de coûts et de bénéfices en appliquant ces méthodes scandinaves pour les entreprises du BTP et dans le cadre de la lutte contre le réchauffement climatique ?

Fabrice Gatuingt : Cela représente effectivement un surcoût comme un particulier lorsqu’il achète une voiture électrique. Il y a un surcoût indéniable sur la construction. Il faut néanmoins étudier les perspectives sur une vingtaine ou une trentaine d’années, sur le temps long.

Si l’on prend l’exemple de l’ENS Paris-Saclay, il s'agit  d’un bâtiment entièrement construit en béton, un souhait de l’architecte Renzo Piano, avec une conception bio-climatique forte. Sur la durée de vie totale de l’ouvrage, en fait cela sera bénéfique. Dès sa conception, il a été souhaité un impact énergétique le plus faible possible :  il n’y a pas de climatisation, utilisation de la géothermie locale pour le chauffage et cheminées thermiques pour la ventilation des locaux.  On utilise également l'inertie du béton pour stocker la chaleur et la restituer. A la construction, il y a un coût CO2 qui peut paraître plus important et un surcoût par les techniques utilisées mais sur les  50 à 70 ans d’utilisation de l’ouvrage, cela va permettre d'avoir un impact CO2 bien plus faible. C’est un peu comme ce qu’il se passe avec l’achat des voitures. Les consommateurs sont prêts à investir dans une voiture plus onéreuse à l'achat car elle dispose de plus de technologie et de fonctions lui permettant de réaliser des économies sur le long cours tout en envisageant une meilleure revente. Aujourd’hui, la construction essaye d’aller dans la même voie. Pour un particulier acheter aujourd'hui un logement plus cher s'il possède un label écologique, c’est souvent synonyme  d'un coût d’utilisation moins élevé au long cours. A la revente, cela pourra aussi être revalorisé. C’est quelque chose qui est assez nouveau de raisonner ainsi dans la construction et qui peut avoir un effet bénéfique sur le long terme pour l’environnement.  

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