Israël-Palestine : si vous avez besoin d’être "anti" pour être "pro", vous n’êtes pas pour la paix<!-- --> | Atlantico.fr
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"Prétendre, comme le font les « antisionistes », que les juifs sont des intrus, de vulgaires colons allogènes sans droit ni titre sur leur propre terre, est la chose la plus stupide du monde", écrit Hugues Serraf.
"Prétendre, comme le font les « antisionistes », que les juifs sont des intrus, de vulgaires colons allogènes sans droit ni titre sur leur propre terre, est la chose la plus stupide du monde", écrit Hugues Serraf.
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Consentement mutuel

Pour divorcer à l’amiable, Israéliens et Palestiniens ont besoin de facilitateurs de bonne foi, pas de supporters de foot vociférants.

Hugues Serraf

Hugues Serraf

Hugues Serraf est écrivain et journaliste. Son dernier roman : La vie, au fond, Intervalles, 2022

 

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Prétendre, comme le font les « antisionistes », que les juifs sont des intrus, de vulgaires colons allogènes sans droit ni titre sur leur propre terre, est la chose la plus stupide du monde. Il suffit d’ouvrir un livre d’histoire antique ou contemporaine voire même, si l’on accorde davantage de crédit aux révélations divines qu’au travail scientifique, un Coran, pour s’en convaincre :

« Nous dîmes aux Enfants d'Israël: "Habitez la terre". Puis, lorsque viendra la promesse de la (vie) dernière, Nous vous ferons venir en foule ».
Sourate 17, verset 104

Mais marteler, comme le font les aveuglés du netanyahisme, que la Palestine n’est qu’une vaste arnaque conceptuelle, un « narratif » panarabe fondé sur une confusion géographico-étymologique, ne l’est pas moins. Il suffit de citer Ben Gourion, Premier ministre inaugural d’Israël, pour le vérifier :

« Si j'étais un leader arabe, je ne signerais jamais un accord avec Israël. C'est normal ; nous avons pris leur pays. Il est vrai que Dieu nous l'a promis, mais comment cela pourrait-il les concerner ? Notre dieu n'est pas le leur. Il y a eu l'antisémitisme, les nazis, Hitler, Auschwitz, mais était-ce leur faute ? Ils ne voient qu'une seule chose : nous sommes venus et avons volé leurs terres. Pourquoi devraient-ils accepter cela ? »
Le paradoxe juif, 1976, Nahum Goldman, Leon Abramowicz (une citation contestée mais désormais considérée comme authentique)

Pour le meilleur mais surtout pour le pire, sur ce minuscule morceau de terrain caillouteux, deux légitimités objectives s’affrontent sans pour autant s’annuler l'une l'autre. C’est comme ça et pas autrement. En tout cas pas comme on aimerait, quoi... 

Il y a Israël, un vrai pays avec dix millions de vrais gens qui mènent de vraies vies et ne vont pas, par un beau matin, faire leur baluchon pour se relocaliser en Pologne comme le leur suggèrent les étudiants de Columbia ; et il y a cinq millions de Palestiniens répartis entre Gaza et la Cisjordanie, tout aussi humainement tangibles, qui ne feront pas non plus une croix sur leur « fait national » et passeront à autre chose parce qu’on le leur aura demandé poliment.

Alors ils se foutent sur la gueule, toujours plus cruellement, et c’est apparemment sans fin. Oh, il y a bien des tentatives régulières de compromis, des négociations de Camp David, des processus d’Oslo, des accords de Taba, qui permettraient théoriquement aux deux parties de continuer à se détester avec le même enthousiasme, mais de part et d’autre d’une frontière consensuelle — deux voisins également et intégralement souverains,… 

Las, ça capote à chaque fois et c’est systématiquement de la faute de l’autre. Ils n’y arrivent pas.

Dans un bouquin remarquable qui mériterait d’être relu, l’écrivain israélien Amos Oz exhortait justement quiconque s’intéressait de bonne foi à ce couple infernal à l’aider à divorcer à l’amiable et, surtout, à cesser d’instrumentaliser naïfs, ignorants et fanatiques par calcul électoral pyromane. Bref, à découvrir qu’on pouvait parfaitement être « pro » ceci sans être « anti » cela et que ce serait sans doute plus efficace.

C’était il y a vingt ans. Ça n’avait pas dû être un best-seller...

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