Il n'est pas trop tard pour empêcher l'extinction de masse dans nos océans<!-- --> | Atlantico.fr
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Une photo sous-marine d'un banc de poissons prise au large de l'île de Saint-Barthélémy.
Une photo sous-marine d'un banc de poissons prise au large de l'île de Saint-Barthélémy.
©MARCEL MOCHET / AFP

Atlantico Green

Lors des 500 derniers millions d'années, certains épisodes catastrophiques ont entraîné la mort de 75 à plus de 90 % de l'ensemble des espèces évoluant sur Terre, lors d’extinctions de masse. Selon les océanographes Curtis Deutsch et Justin Penn, des enseignements peuvent être tirés de ces catastrophes dans le cadre de la crise de la biodiversité, de la lutte contre le changement climatique et pour la sauvegarde des espèces marines.

François Sarano

François Sarano

François Sarano est docteur en océanographie, plongeur professionnel, chef d'expédition pendant treize ans à bord de la Calypso, directeur de recherche du programme Deep Ocean Odyssey et cofondateur de l'association Longitude 181. Il est l'auteur de nombreux livres sur les cachalots et les océans.

Son dernier livre, "Au nom des requins" (Actes Sud), évoque la disparition de certains espèces de requins encore mal connues.

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Atlantico : Selon certains chercheurs (les océanographes Curtis Deutsch et Justin Penn), une extinction de masse a lieu actuellement dans nos océans. A quoi est-elle due ?

François Sarano : Extinction de masse, je ne sais pas. Erosion drastique de la diversité surement. Nous en sommes les acteurs, la pêche et la destruction des zones côtières, la pollution par tous les biocides ont déjà fragilisé la plupart des espèces. Et le réchauffement climatique va rebattre toutes les cartes de la vie marine. Pourquoi ? Parce qu’en réchauffant les eaux de surface et augmentant par endroit l’évaporation, la densité des masses va changer et modifier complètement les courants marins. La qualité de l’eau va changer, tout comme la circulation marine. Or l’essentiel de la vie marine est une vie planctonique, des organismes dépendant des courants et de la température. Presque tous les animaux marins, même les grands poissons ont au cours de leur vie une phase planctonique. Donc toutes les cartes vont être rebattues, mais nous n’avons aucune idée de ce qu’il va se passer. L’extinction de masse est un scénario parmi d’autres. Ne soyons pas arrogants. Nous ignorons tant de choses. Il y a des centaines de milliers d’espèces que nous ne connaissons pas, alors encore moins l’impact des changements hydrologiques sur leurs interrelations. Ce qui est sûr, c’est que les changements vont être drastiques. Les espèces qui ne pourront pas se déplacer, comme les coraux, vont être les plus affectées. Mais la plupart vont se déplacer et profiter des courants pour coloniser des zones où elles ne pouvaient vivre auparavant.

Comment est-il encore possible de l’arrêter ou de la freiner ?

Si nous voulons que cela change, il faut réduire drastiquement notre consommation d’énergie, et renoncer à tous nos gadgets électroniques. Quand je vois fleurir des écrans publicitaires lumineux qui me vantent les économies d’énergie, je me dis que l’on marche sur la tête. Il faut aussi limiter drastiquement nos émissions de gaz à effet de serre… et j’entends que l’on va recourir aux gaz de schiste, le pire que l’on puisse faire contre la vie. Le changement est inévitable, mais ce n’est pas la peine d’être criminellement irresponsable. Tout dépend de nous, consommateurs. Pour une fois exerçons notre liberté d’action : la NON-consommation. Si les écosystèmes marins sont menacés c’est d’abord à cause de nos prélèvements insatiables. Nous consommons trop de poissons. Surtout nous utilisons des chaluts qui détruisent des écosystèmes entiers. On pêche au chalut même dans les zones protégées. Si on veut préserver la vie marine, il faut créer de vraies réserves marines, où l’on ne prélève rien. Et c’est parce qu’on ne sait pas exactement ce qui va arriver qu’il faut modifier nos comportements dès maintenant.

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Il y a 250 millions d’années, l'extinction Permien-Trias ou extinction permienne, tuait selon certaines analyses 96% des espèces marines en raison d’un réchauffement climatique. Est-ce qu’il y a des leçons à tirer de nos connaissances de cette époque sur la manière d’éviter que cela se reproduise ?

Le permien, jonction entre l’ère primaire et secondaire. A cette époque, il y a effectivement eu des changements majeurs et beaucoup d’espèces ont disparu. Mais notre connaissance est limitée aux espèces dont nous avons les fossiles. La leçon a tiré, c’est que ce n’est pas la peine d’attendre d’autres études. ? Nous ne pourrons pas dire que nous ne savions pas. On sait ce qu’il faut changer pour offrir à nos enfants un monde vivable. Alors agissons en toute responsabilité/liberté. Soyons des Sapiens adultes.

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