Emmanuel Macron se noie dans la violence ; Xi Jinping fait peur au Point, TikTok à L'Express ; Pradié/Wauquiez : le cadavre de LR bouge encore (un peu) ; Paiement des éboueurs grévistes : Anne Hidalgo joue l'embrouille<!-- --> | Atlantico.fr
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L'Express et Le Point ont enquêté sur Xi Jinping et TikTok. Le mépris d'Emmanuel Macron est à la Une de Marianne.
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Revue de presse des hebdos

Et aussi : La Chine dans le collimateur de l'Occident; réforme des retraites : la violence paie-t-elle ?

Alice Maindron

Alice Maindron

Alice Maindron a enseigné la philosophie à vos chères têtes blondes, et a sévi dans le conseil et la formation. 

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Deux ambiances dans vos  hebdos cette semaine ! Certains tentent d'émerger des manifs et prennent l'air en se tournant vers la Chine :  Xi Jiping fait la une du Point, TikTok celle de l'Express. De « l'Empire du mensonge » à « l'Ennemi public », on se demande si tout n'est pas interchangeable...

L'Obs nous ramène dans l'Hexagone et souhaite « sortir de l'engrenage » de la crise, alors que Marianne pointe « le Mépris » d'Emmanuel Macron. Interchangeable, on vous dit... 

La Chine dans le collimateur de l'Occident

Rien de tel qu'un coup d'oeil à l'extérieur pour se remettre de nos émotions intérieures et prendre de la hauteur : le Point part à l'attaque de l'Empire du Milieu, rien que ça. 

Les origines de la pandémie toujours en question

L'hebdo part à la recherche des origines du Coronavirus, et fait de la gestion chinoise de la question un emblème de sa volonté de domination mondiale. Il remet en selle l'hypothèse de l'accident de laboratoire, censurée par la Chine mais aussi amplifiée par les craintes occidentales d'augmenter les tensions géopolitiques. Les bonnes feuilles de l'ouvrage de son collaborateur Jérémy André reviennent sur l'échec de la mission de l'OMS à Wuhan, sur les errances des scientifiques occidentaux. Les soupçons d'Agnès Buzyn quant aux manipulations de virus réalisées dans le laboratoire de Wuhan, la vente d'animaux vivants sur son marché, tout y passe, et l'on ne sait qu'une chose : que l'on ne sait rien. La déclassification des documents renseignements américains sur l'origine de du Covid-19 nous en dira peut-être plus...

TikTok, ce virus chinois

La lutte contre le nouvel ordre mondial à la chinoise a trouvé son symbole : l'Express dézingue TikTok  : non seulement l'application en veut à la santé mentale de nos chers ados, mais c'est aussi le cheval de Troie chinois.

Plus de 15 millions d'utilisateurs en France, l'appli préférée des jeunes sur laquelle ils passent en moyenne 1h 30 par jour les « enferme dans les circuits de la récompense », selon le chercheur Mathieu Revranche. Dopamine, quand tu nous tiens...Son algorithme, resté secret, lui assure une connaissance fine de ses utilisateurs, et permet un ciblage toujours plus fin des contenus qui leur sont proposés, suscitant un taux d'engagement et des recettes publicitaires phénoménales. A tel point que 41% des jeunes s'en servent comme leurs parents de Google, selon une étude de la Fondation Jean Jaurès. 

La quantité impressionnante de données recueillies par TikTok inquiète, à tel point que l'entreprise a promis de faire mieux que les GAFAM, et de stocker les données sur des serveurs localisés dans leur pays d'origine. Il faut dire qu'elle a reconnu que ses salariés « avaient accédé de manière non conforme aux données personnelles de journalistes américains qui enquêtaient... sur elle », raconte l'hebdomadaire. Le Parti communiste chinois y ayant un « comité », on comprend mieux les inquiétudes des autorités occidentales. L'application est désormais interdite de séjour sur les téléphones professionnels des fonctionnaires danois, belges, américains, allemands, européens et américains. 150 000 millions d'américains scrollent sur TikTok, ce qui explique pourquoi Zhou Zi Chew, son PDG, a été auditionné par le Congrès américain :autant de données récoltées, mais aussi autant de canaux d'influence dans la guerre informationnelle.

Pour son déconfinement international, Xi Jinping a choisi la Russie : sa rencontre du 21 mars avec Poutine au Kremlin, c'est celle de deux empereurs organisant un nouvel ordre du monde, autour de leurs zones d'influence. Leur ennemi commun : les démocraties libérales. Le renforcement de leur coopération en matière matière de sécurité et de défense, au cœur de leurs relations actuelles sur fond de guerre en Ukraine, n'a fait l'objet d'aucune communication, ce qui inquiète les observateurs. « Cela fait partie de la construction par Pékin et Moscou de ce que j'appelle un arc des autocraties » dit le spécialiste australien des relation sino-russes Alexey Muraviev. Le rétablissement des relations diplomatiques entre l'Iran et l'Arabie Saoudite, conclu sous la houlette chinoise, témoigne de sa volonté d'intervenir sur la scène politique internationale. Voix dissonante, celle de François Godement de l'Institut Montaigne, pour qui "on se fait peur." À ses yeux, "la Chine revendique depuis un certain temps en ordre international à bas coût (...) garantissant seulement des règles dans le domaine commercial." A chacun de se faire son idée quant à l'opportunité de la prochaine visite d'Emmanuel Macron à Pékin, qui souhaite y faire avancer la cause de l'Ukraine... 

LA VIOLENCE PAIE-T-ELLE ?

Il n'y a pas que les poubelles qui brûlent : ça flambe de partout dans vos hebdos, et aucune composante de la société n'échappe à l'accusation de violence.

L'Obs donne la parole au politiste Xavier Crettiez, pour en identifier les multiples causes. A ses yeux l'embrasement actuel vient de la contradiction dans laquelle s'est placée le pouvoir : revendiquer face aux grévistes la légitimité des institutions et du travail, et dans le même temps recourir au 49.3, qui se passe de cette même légitimité est apparu comme un insupportable. Mais il pointe aussi une logique instrumentale de la violence, qui devient l'outil principal pour se faire entendre et obtenir gain de cause. S'il en relativise l'intensité actuelle, il pointe une nouveauté : son amplification par l'écho médiatique qu'elle reçoit. La stratégie des députés de la France Insoumise au sein de l'Assemblée nationale est elle aussi inédite.

Pour en sortir, trois options s'offrent au pouvoir : la fameuse pause, demandée par la CFDT, le durcissement, qui mise sur l'usure de la mobilisation, et la carte de l'ultra-violence, pour faire émerger une forte demande d'ordre. 

« Macron, t'es foutu » ?

Le sifflement des lacrymogènes n'est sans doute pas aussi fort que celui des oreilles de Macron : Marianne se fait l'écho de la colère des français, et il n'est pas sûr que ça les lui débouche...

Le journal descend en flèche les poncifs du discours macronien. De la promesse « d'une contribution exceptionnelle » à l'action « pour l'intérêt général », en passant par les « besoins de la ruralité », tout y passe, ou presque. L'hebdo n'en oublie que le « changement de méthode » promis pour la énième fois. Avant de revenir sur la doctrine du maintien de l'ordre mise en œuvre depuis l'adoption de la réforme. 

L'Obs tire lui aussi à boulets rouges sur la BRAV-M, brigade de répression de l'action violente motorisée. Créée après le saccage du Fouquet's lors des manifestations des gilets jaunes, elle est dans le collimateur de l'IGPN, l'inspection générale de la police, et de LFI qui en demande la dissolution. Deux vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, l'enregistrement d'une interpellation diffusé par le Monde ont conduit le parquet à ouvrir une enquête pour violences volontaires et menaces de crime. » Rien que ça.

Il faut dire qu'elles ont été créées pour aller au contact, pour interpeler rapidement des casseurs très mobiles. « Ils tombent sur tout ce qui bouge sans discernement. » dit un capitaine de police, qui oppose la gestion des manifestations de l'après49.3 à celles qui les ont précédées. La BRAV-M manquerait d'encadrement et de contrôle, « pour garantir les principes de nécessité et de proportionnalité. »

çuikidikiyé ?

Jacques Julliard dans Marianne accuse frontalement l'extrême-gauche de mettre de l'huile sur le feu... L'Express plussoie : il a enquêté sur le collectif Les Soulèvements de la Terre, et ses méthodes de « terrorisme soft. » Avec un nom comme ça... Créé sur l'ancienne ZAD de Notre-Dame-des-Landes, il souhaite « arracher des terres à l'exploitation capitaliste. » Pour ce faire, direction Sainte-Soline, et la manifestation du 26 mars. Son gourou est un universitaire suédois du nom d'Andreas Malm, qui selon Olivier Vial, chercheur au CERU, théorise « le fait qu'il faut un front violent pour permettre aux non-violents de faire avancer leurs idées. »

Tous violents, on vous dit... 

ENTRE PRADIE ET WAUQUIEZ, QUEL AVENIR POUR LES REPUBLICAINS ?

L'Obs dresse le portrait du frondeur de droite Aurélien Pradié. Si son opposition à la réforme des retraites ne fait pas l'unanimité dans sa circonscription, elle a donné une nouvelle notoriété au député. Le Lotois de 37 ans a la tête dure, et a bataillé ferme, dans un premier temps pour les carrières longues, avant de voter la motion de censure avec 18 autres députés LR. Au risque de passer pour le dynamiteur du parti.

Les sénateurs le voient comme un opportuniste qui a porté un coup à la crédibilité de la droite ; il fait enrager Ciotti en se faisant applaudir par la Nupes, y perdant sa place de numéro 2 dans l'organigramme du parti. Nicolas Sarkozy, le 21 mars : il ne fallait pas sortir Pradié. En faisant ça vous lui avez sacrément rendu service ! » 

Il y a de quoi s'énerver : en brisant l'accord entre le patron des LR et la Première ministre, il risque de dynamiter ce qu'il reste de ce parti, tiraillé entre appartenir à l'opposition et profiter des miettes de pouvoir qu'il lui reste. Un tiers des députés suivent Pradié dans le vote de la motion de censure contre « cette réforme mal foutue, qui fout le pays à feu et qui n'est pas rentable. »Pradié aura donc été le seul à assumer publiquement d'être en opposition. Quand le Président considère que « les oppositions n'ont plus de boussole et sont totalement perdues, il est le premier à répondre : « le gouvernement prend les Républicains pour des idiots. » « on avait deux solutions, dit-il à l'hebdomadaire : « suivre le deal Borne-Ciotti et en payer les pots cassés ; ou aller aux turbulences qu'on a connues ». L'Obs se demande s'il a encore sa place à LR : « en incarnant une ligne de droite sociale avec les retraites, Pradié est devenu l'opposant à Macron que Ciotti n'est pas », lui confie Vincent Jeanbrun, maire LR de l'Haÿ-les-Roses. 

De là à devenir un mouvement au sein de la formation politique, le pas n'est pas encore franchi. S'il est suivi par plusieurs députés trentenaires, Pierre-Henri Dumont, Julien Dives, Raphaël Schellenberger... , il faudra regarderles propositions qu'il prépare avec Pierre-Henri Dumont pour savoir si ce positionnement peut à terme dessiner une ligne de conduite. Et emporter derrière elle une nouvelle génération de Républicains : «pour les quadras LR sortis des grandes écoles, on était des blaireaux. Dans leur esprit nos places leur étaient dues. Aujourd'hui on nous écoute un peu plus qu'hier. »

Pour Brice Hortefeux, c'est « un type qui peut aller loin » :« il brûle tout sur son passage, il en veut. Il me fait un peu penser à ces types comme Devedjian, Seguin, Léotard... »

WAUQUIEZ, L'ESPOIR DES LR ?

Comment Pradié s'entendra-t-il avec Laurent Wauquiez, dont L'Express constate que la candidature en 2027 ne déchaîne pas les passions ?

Le candidat putatif n'a même pas participé à la réunion LR du 21 mars, où Gérard Larcher a résumé la situation d'un sobre «  on a tout gâché. » Wauquiez a tout de même dîné la veille avec Ciotti, et s'est vu reprochée sa discrétion pendant les débats sur la réforme des retraites. Mais une prise de parole de Wauquiez aurait-elle convaincu les 7 députés mutinsde la région Auvergne-Rhône-Alpes ? Sa seule prise de position en janvier a été de « un principe de responsabilité consiste à ne pas s'opposer à cette réforme. » C'est maigre. S'il a tenté d'amadouer les députés réfractaires, ce n'était pas suffisant ; son entourage évoque la liberté accrue des parlementaires, « loin de l'esprit de caserne du RPR. » Aggionamiento du parti, ambiance de fin du monde, ou stratégie délibérée ? L'Express va jusqu'à mentionner une hypothèse : Wauquiez chercherait à détruire méthodiquement la droit pour revenir ensuite en sauveur. Il aurait confié à Ciotti : « j'ai fait le choix d'être ni président LR ni à l'assemblée ce n'est pas pour en avoir les inconvénients. » Une ancienne ministre LR souffle : « il se protège et affaiblit Macron, donc Le Maire et Darmanin. » 

Disparaître : une méthode

« Laurent n'estime pas que 2027 se joue sur cette réforme, » admet un proche. L'Express qualifie son rapport à LR d'utilitariste, dosant son investissement en fonction de son intérêt : il prend par aux réunions de la commission nationale d'investiture désignant les candidats aux législatives, cultive son réseau en contournant l'appareil au quotidien, oeuvre à l'élection d'Olivier Marleix à la tête du groupe parlementaire. Pour construire son programme, il s'entoure de 2 cercles, d'entrepreneurs et de hauts fonctionnaires, et pratique des « immersions » au contact des français. Il rencontre aussi des intellectuels comme Jacques Julliard ou Olivier Rey. Il veut « se nourrir du pays », reproduisant ainsi la méthode Chirac de 1993 et 1995.

« Le débat politique actuel rend médiocre tout ce qu'il touche, » lâche-t-il, « alors que jamais notre pays n'a eu à ce point besoin de réfléchir à des enjeux majeurs. » En interne, on pense que les Européennes de 2024 marqueront la sortie de cette position de retrait. Pourtant, ces élections de 2019 furent un échec, alors qu'il était à la tête des Républicains. 

Mais on conteste aussi cette stratégie en interne : « la rareté de la parole est un comportement de Président, c'est plus compliqué en conquête ». En attendant, Lisnard, Bertrand et Pradié occupent le terrain. Plus grave, c'est son image qui ne fait l'unanimité : « il appartient à cette génération qui doit apprendre à décommuniquer » ; saura-t-il, sans communiquant attitré, quitter les habits de la génération Sarkozy, fait d'éléments de langage et de surjeu qui lui ont valu le qualificatif d'« insincère » ? 

Il affirme : « je suis convaincu que ce sera soit moi, soit Marine Le Pen en 2027. » Pas de quoi en faire un programme. 

Comment allons-nous sortir du blocage ? Dans l'Obs, un ministre critique incognito la méthode du gouvernement, ne voyant pas d'autre solution qu'un accord de gouvernement avec LR ou le PS. « on nous déteste d'autant plus que les gens ne voient pas d'alternative politique. »

Heureusement que l'Express est làpour nous détendre, avec ce délicieux « Borne-Hidalgo, poubelle la vie. » Une note de service de cette dernière demande « d’étaler le non-paiement des jours de grève en souhaitant que les retenues sur salaire ne dépassent pas deux jours par mois pour que ce soit le plus indolore possible... » 

La semaine dernière, le Point voyait Macron prendre sa retraite à 45 ans. Cette semaine, il nous apprend qu'il y a de l'eau dans le gaz entre le président et son secrétaire général, Alexis Kohler, défenseur du 49.3 et du maintien de la visite de Charles... Violences partout, bonheur nulle part...

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