Revue de presse des hebdos
Dette : Marianne accuse la BCE, Le Point et l’Express, l’Etat; Daech assassin, féministes complices ?; Slava Europa!; Glucksmann, ennemi public n°1, Bellamy, homme de liens; Macron, le Garcimore de la finance, snobe Bruno Le Maire
Dans vos hebdos cette semaine : Marianne se réjouit : pour une fois, ”l’UE fonctionne !” Une réforme globale du droit d’asile doit être soumise au vote des parlementaires, après 4 ans de travail. L’Express montre l’ampleur du trafic de drogue et son emprise sur les quartiers, mais aussi le manque de coopération de Dubaï et du Maroc. Quant au Nouvel Obs, il en remet une couche sur la chute de Depardieu. De quoi réveiller la querelle entre Proust et Sainte-Beuve, autour de la question “faut-il séparer l’homme et l’oeuvre ?” La réponse ne sonne comme une évidence que dans un monde d’égos surdimensionnés…
Dette et déficit : La faute à l’Etat ?
Chaque hebdo y va de sa rengaine, en fonction de sa sensibilité. Pour Le Point, ”la crise du modèle économique et social se trouve au cœur de la chute de la France”, et vient du ”dysfonctionnement structurel du secteur public, qui cumule coûts exorbitants – monopolisant 58,2 % du PIB – et performances indigentes.”
Une double faute de l’Etat qui, actionnaire, a ”ruiné EDF en forçant l’entreprise à s’endetter pour verser des dividendes indus au Trésor public puis l’a spoliée en fermant la centrale de Fessenheim et en lui faisant supporter plus de 8 milliards d’euros au titre du bouclier énergétique.” Renault, la SNCF auraient connu le même sort.
Hors de question tout de même, pour Nicolas Bouzou, dans les mêmes colonnes, de taper sur la Sécurité Sociale, dont le déficit a ”légèrement dépassé les 10 milliards d’euros. Celui de l’Etat s’est quant à lui établi à… 173 milliards d’euros, soit pas loin de 40 % de ses dépenses.”
Pour Baverez, une simplification normative et une réforme de la sphère publique, “qui passe notamment par la suppression du statut de la fonction publique pour les fonctions non régaliennes de l’Etat”, s’impose. Le Nouvel Obs estime que les réponses sont encore floues, ”et c’est volontaire, campagne électorale oblige.” En tout cas, ”il ne faudra surtout pas toucher à tous les investissements qui garantissent notre croissance future : l’éducation, la recherche, la transition énergétique…”.
L’Express qualifie d’”angle mort” l’efficacité de la dépense publique : ”LOLF, RGPP, EPP… Depuis plus de vingt ans, une myriade d’outils d’évaluation, ont fleuri pour tenter de la mesurer, sans jamais s’inscrire dans la durée.” Par manque de culture de l’évaluation, ou une fixation sur le court terme, une culture de la règle plus que du résultat. C’est sans doute un “concept chimérique”, comme le qualifie Michel Sapin : ”s’il y a bien un sujet impossible, c’est celui-là ! Un service public n’est pas une entreprise, et ne s’analyse pas uniquement en termes de dépenses, de recettes ou de rentabilité." A l’en croire, "cela ne veut pas dire que toute dépense publique est légitime", mais que la notion d’efficacité est parfois subjective, selon la sensibilité politique de ses instigateurs.
Et puis l’évaluation n’est pas vue ”comme un moyen d’améliorer l’efficacité des dépenses publiques”, aux yeux d’un économiste cité par l’hebdo. Eric Woerth le rappelle : ”l’Etat ne doit pas être seul dans cette histoire. Le Parlement doit y consacrer beaucoup de temps. Le Sénat le fait ponctuellement, mais l’Assemblée jamais”.
La BCE, pompier pyromane
Loi d’airain dénoncée par Marianne, la nouvelle version du pacte de stabilité européenne nous oblige à baisser chaque année la dette de 1% du PIB, "soit, appliqué à 2024, un effort de... 73 milliards. Grosso modo, le budget de l’Éducation nationale à économiser.” Loin des 20 milliards annoncés… Et l’hebdo y oppose la loi du ”multiplicateur à la baisse” : baisser de 100 € les dépenses publiques réduit de 100 à 150 € le PIB”, selon un économiste de l’OFCE, ”à l’appui d’un calcul fort instructif réalisé lors de la crise de la zone euro.”
Alors il faudrait selon elle renégocier le traité de stabilité, avec les autres Etats membres endettés : voire ”annuler les 4 100 milliards d’euros de dettes publiques détenues par la BCE” (un tiers de la dette publique européenne). ”La Banque centrale peut s’en délester sans aucun dommage pour elle, puisqu’elle dispose d’un pouvoir de création monétaire illimité.”
Et, en cas d’échec, ”la France pourrait gagner à s’acquitter de la douloureuse, plutôt que se plier à une austérité mortifère pour la croissance” : son amende serait de 2,8 milliards d’euros par an.
Le problème est épineux : il tient aussi à l’indépendance de la BCE. L’hebdo propose de ”modifier les traités pour soumettre la BCE à un contrôle démocratique et l’inciter à soutenir davantage les politiques économiques menées dans les États membres.”
Car c’est elle qui a face à l’inflation relevé ses taux directeurs : ”elle prête plus cher aux banques commerciales pour les pousser à accorder moins de crédits. La croissance patine, les recettes fiscales avec, et les taux d’intérêts des emprunts publics augmentent la charge de la dette.”
“Les experts de Moody’s – et la plupart des économistes – jugent désormais impossible” l’effort français. Le Nouvel Obs rejoint Marianne quant au discours alarmiste tenu par le gouvernement : la perspective de la dégradation de la note financière française n’est pas si certaine : ”il faudrait tellement tailler dans les dépenses publiques que la purge austéritaire causerait une récession. Le genre de punition inutile subie par la Grèce, que les financiers préféreraient éviter à la France.” Et la différence de taux d’intérêts appliqués à la France et à l’Allemagne ne voient pas leur écart se creuser : ”la France ne paie que 0,5 % de plus que l’Allemagne, bien moins endettée. Une dégradation de la note française n’aura sans doute pas d’effet sur cet écart,” alors que ”la demande pour nos obligations est toujours de deux à trois fois supérieure à l’offre”.
Hausse des impôts, réduction des dépenses sociales : des fausses bonnes idées
Pour Le Point, sur fond de ralentissement économique, la hausse des impôts est vouée à l’échec, comme en 2012 : “un choc fiscal qui a pesé sur l’activité et qui a généré des recettes décevantes. Les déficits ont été un peu réduits - moins que prévu - mais le chômage a augmenté.” Marianne dit la même chose de la politique de rigueur : en 2011, ”la croissance économique se met à patiner (0,6 % en moyenne sur les trois années suivantes).” Le pari macronien que ”ses réformes allaient déclencher de l’activité supplémentaire, créer des nouvelles recettes fiscales et ruisseler sur le reste de l’économie” est perdu : ”les évaluations menées par France Stratégie n’ont trouvé que peu ou pas de traces de ce « ruissellement » favorable à l’activité.” Elle nuance tout de même : ”le slogan « faire payer les riches » tient sans doute de la facilité dans un monde où circulent librement les capitaux. Mais ne pas les mettre du tout à contribution, après les milliards de plus-values empochés pendant l’épidémie de Covid ou la crise énergétique choquerait légitimement.”
Dans le Nouvel Obs, on peut lire que ”la recherche de l’équilibre à tout prix se révèle nocive pour la croissance, comme le démontre actuellement l’Allemagne, entrée en récession parce qu’elle refusait de gonfler son endettement public.” Pas de quoi s’affoler aux yeux d’une chercheuse en économie : ”nous n’avons aucun problème à nous refinancer : les investisseurs ont même beaucoup d’appétit pour la dette française”. Jusqu’à y voir un prétexte pour tailler dans les dépenses sociales : ”les 70 milliards qui manquent au budget cette année, c’est exactement la somme que le gouvernement a perdue depuis sept ans par ses baisses d’impôts…”
”Les tocards de l’économie”
C’est ainsi que Marianne qualifie les gouvernants, dénonçant la politique d’austérité… En tout cas, le macronisme souffre : “sa compétence économique, pilier politique, a rarement été interrogée. Désormais, elle l’est”, remarque l’Express. Une crédibilité entamée, qui permet au RN de railler Macron, en rappelant son surnom de "Mozart de la finance".
Et Marine Le Pen se lâche sur Intagram : "j’ai longtemps voulu être la bonne élève […]. C’est terminé, affirmait-elle alors sur CNews. Je ne me laisserai plus donner de leçons de crédibilité par des champions du monde du chômage, de la dette et du déficit."
Un ministre lui réplique : “"Qui est le M. 'Economie' du RN ? Il y a qui autour d’eux ?”, en sachant bien que “la crainte de l’aventure économique freine les électeurs âgés, soupçonneux envers la crédibilité du RN.” Jusqu’à quand ?
Gaza : génocide, or not génocide ?
Pour Le Point, “Le monde entier met la catastrophe humanitaire sur le compte d’Israël, jamais sur celui du Hamas, qui a déclenché les hostilités le 7 octobre, qui combat au milieu des civils et qui réserve ses stocks de nourriture à ses combattants.” L’hebdo considère que l’Etat hébreu prend des “précautions inédites”, comme en témoigne la prise de l’hôpital Al-Chifa : “200 combattants du Hamas ont été éliminés et près de 500 suspects capturés, selon Tsahal”, mais “pas un seul membre du personnel médical palestinien n’a été blessé ou tué en deux semaines d’affrontements.” Pour Luc de Barochez, “l’armée israélienne s’efforce plus qu’on ne le pense, et plus qu’aucune autre armée avant elle, de limiter les pertes parmi la population civile.” Il se fonde sur le calcul de l’ONU, pour qui dans une guerre moderne, 9 civils sont tués pour un ennemi éliminé : “le ministère de la Santé du Hamas recense quelque 33 000 tués parmi les Palestiniens. Tsahal assure que plus de 13 000 d’entre eux étaient des guerriers du Hamas. Le ratio s’établit donc, en moyenne, à moins de deux civils tués pour un ennemi éliminé.”
De quoi justifier la chasse aux derniers bataillons palestiniens (15 à 20% de ses effectifs) : “comme l’a dit Benny Gantz, l’ancien chef d’état-major devenu membre du cabinet de guerre et grand rival de Netanyahou, un pompier ne peut pas se contenter d’éteindre un incendie à 70 %, s’il ne veut pas qu’il reprenne.”
Sloterdijk : vive l'Europe ! Invité pour un an par le Collège de France, le philosophe allemand iconoclaste interprète l’abstention pour les élections à venir comme “de l’ingratitude”. Et nous revigore dans les colonnes du Point.
Anti-décliniste, il voit les européens d’aujourd’hui comme des hommes fatigués, qui “ne veulent plus être des héros. Ils sont sortis de l’histoire du monde en direction des vacances… Quand bien même ils sont à l’origine des événements qui se produisent actuellement.” Une eurofatigue contre nature, car “l’homme d’Europe n’est pas défini par la race, ni par la langue, ni par les coutumes, mais par les désirs et par l’amplitude de la volonté” affirmait Valéry il y a un siècle. Face à “l’esprit de vengeance” de ceux que sa puissance a humiliés, dans un “siècle des procureurs” où “la tribunalisation de la politique est en marche”, les européens battent leur coulpe à coup de thèses déclinistes.
Une attitude qui renforce le danger, car “l’Europe d’aujourd’hui, ce grand corps politique qui ne veut pas être un empire, est une créature qu’il faut aimer.” Car l’Europe, c’est d’abord ”un trésor de savoir-vivre sans pareil”, où se mêlent pour le philosophe gastronomie et liberté d’expression, loin des idéaux ascétiques de certains.
Il affirme que ”c’est une erreur de reprocher aux Européens de ne plus avoir de grands objectifs puisqu’ils consistent à faire de la démocratie un système d’assurance garantissant de mieux en mieux le bien-être…” Loin des critiques virilistes et des nostalgies guerrières, il considère comme un ”beau combat que d’affirmer son savoir-vivre et sa volonté de partager à grande échelle l’idée de la « bonne vie ».”
Une Europe sans leader ? C’est pour lui ”une vertu car cette absence nous immunise contre les tentations autoritaires qui mènent dans le mur.” Il défend donc la vision macronienne de l’Europe ”le moment est venu pour les hommes d’État européens d’envoyer un signal crédible à un agresseur hypothétique et de lui faire comprendre que ce serait une erreur fatale d’attaquer.” Pour cela, il faut coordonner ses forces, mais aussi revenir à “une pensée politique de plus longue haleine. Un monde post-Poutine, post-Xi, post-ayatollahs, post-carburants fossiles est encore possible !”
Glucksmann, le nouvel homme à abattre
L’Express fait de la rivalité entre Mélenchon et Glucksmann la clé des européennes : une victoire du socialiste, et “c’est toute l’architecture de Jean-Luc Mélenchon, créée en 2022 avec la Nupes, qui vacillerait.”
Si les deux hommes ont pourtant apprécié la qualité de leurs échanges impromptus dans un train, en 2020, comme en témoigne un LFI ( "J’ai souvenir d’une discussion très agréable, entre deux intellectuels qui s’écoutaient et prenaient plaisir à échanger"), pour le conseiller de Glucksmann, “Mélenchon a compris qu’il avait un concurrent idéologue face à lui".
Aujourd’hui, il “s’agace que les réseaux progressistes en tous genres tombent sous le charme du candidat socialiste”, et c’est la raison de son retour sur le devant de la scène, quitte à faire de l’ombre à sa tête de liste Manon Aubry, même s’il tweete "je répète : je souhaite être remplacé.”
L’entourage de Glucksmann se réjouit : "il n’y a pas de duel entre Jordan Bardella et Valérie Hayer. Elle est 13 points derrière lui dans les sondages, et elle va rétrograder. Le match, il est entre l’extrême droite et la gauche. Et qui est la digue face à l’extrême droite ? Ce n’est pas Mélenchon, c’est Glucksmann."
D’ailleurs, du côté de Renaissance, on s’inquiète aussi de la "dynamique" Glucksmann, nous apprend l’Express. Jusqu'à en vouloir à Bardella d’avoir accepté de débattre contre le socialiste : ”il va faire exprès de perdre, pour le faire monter et nous affaiblir”.
Le socialiste a aussi décroché un passage télé en or, sur TF1 le 2 juin, soit 7 jours avant le scrutin, doublant ainsi Valérie Hayer. "Il y a un effet nouveauté, rafraîchissement, curiosité chez lui, comme il y a pu avoir pour Macron avant 2017”reconnaît un Renaissance. Non sans dénoncer sa tentative de "ramener les deux bouts de l’omelette, de Macron à Mélenchon”. Son ”en même temps”, quoi…
Alors la Macronie cherche un coup tordu, aux dires d’un de ses membres : provoquer Olivier Faure, car le patron du PS ”ne pense rien comme Glucksmann” en particulier sur les questions de défense et le fédéralisme.
Bellamy a le sort de la droite entre ses mains
“Qu’importe l’humiliation, François-Xavier Bellamy a une idée en tête. Celle de redorer son nom en sauvant ce parti qui depuis trop longtemps le méprise, lors du scrutin de juin,” affirme Le Point. “Ce que sera la droite demain dépend beaucoup de ce qui va se passer en juin” : Bellamy est lucide, et “personne n’était candidat pour aller au massacre”, selon un cadre LR.
Aux yeux d’Olivier Marleix, dans le Nouvel Obs cette fois-ci, le déficit permettra à l’électorat de droite encore séduit par Macron de se rallier à son candidat naturel : ”il y a encore un électorat parmi nos électeurs qui se dit : “le pauvre, il a eu les gilets jaunes”… Il faut le temps qu’ils comprennent que le Mozart de la finance est plutôt le Garcimore de la finance”. un contexte idéal pour un candidat “plus offensif qu’il y a cinq ans” (L’Express), qui “entend mener une campagne de plateau, davantage médiatique qu’en 2019” : 8 % d’intentions de vote, Reconquête! qui se déchire, une campagne de Hayer qui vise à éviter que la liste PS “rassemble les déçus du macronisme après la réforme des retraites et la loi immigration”.
Il cherche encore “sa proposition phare”, son “travailler plus pour gagner plus”, pour, selon ses dires, “percer le mur du son”. Les déficits publics ont la faveur de Retailleau : “les deux quinquennats du Mozart de la finance se seront transformés en requiem pour les finances publiques”. Lequel acte la transformation du candidat : “il a pris goût au combat. Il a compris que la loi du talion pouvait avoir du bon. Qu’il y a quelque chose d’un peu archaïque en politique…”
Il a réussi au parlement à “retourner la majorité sur le nucléaire”, a lutté contre les communications en faveur du hijab : “de tous ceux que je connais, Bellamy est l’eurodéputé le plus cohérent. Il n’a jamais eu peur de voter dans le sens de ses convictions”, selon une de ses collègues espagnole. Et, “les valeurs sont ce qu’il y a de plus capital en politique, et on sait les reconnaître”, le flatte Thierry Breton, ”visiblement très sensible aux critiques proférées par Bellamy envers Ursula von der Leyen, pourtant issue du même parti européen que lui.” Mais c’est aussi un homme de liens : “au sein de notre groupe PPE, il est central. Il crée des ponts entre nous tous”, confie un eurodéputé autrichien.
Mais à quoi donc Bruno Le Maire joue-t-il ?
“Il est en roue libre”, pour un cadre de la majorité. Et snobé par l’Elysée, qui “ne le prend plus au téléphone”, recadré en direct par Attal sur TF1, à propos d’une possible hausse de la fiscalité : “afin de réduire la dette, le ministre de l’Économie et des Finances multiplie ce qu’un conseiller de l’exécutif considère comme des “sorties incontrôlées sur des pistes d’économies explosives et non arbitrées”,” affirme Le Point…
Une stratégie de recherche de rupture, “quitte à jouer contre son camp ?” Un conseiller considère qu'”il pilonne les Républicains dans le but de déclencher une motion de censure, ce qui lui permettrait de sortir sans avoir à démissionner et tout en ayant averti en amont sur la situation financière.” Suffisant pour lui ouvrir les portes de l’Elysée ?
Encore un déçu du macronisme
Cette fois-ci en la personne de son ex-conseiller David Djaïz rapporteur national du CNR, qui aux yeux du Point “s’est frotté aux contradictions de l’exécutif entre une méthode collaborative et une pratique parfois trop verticale du pouvoir.” Il aura tenu moins d’un an à son poste, et l’avoue : “la promesse initiale était de conduire une révolution copernicienne du service public à partir du premier kilomètre et de l’usager, mais l’investissement politique, humain et financier du gouvernement et de la technostructure dans cette démarche était tellement famélique qu’il était difficile d’en faire plus qu’un gadget”. Un Etat “épuisé intellectuellement et opérationnellement”, avec à sa tête des présidents dispersés sur tous les sujet, une classe politique qui “se contente de gérer le déclin, en alternant entre la purge et le chèque” : il joue les Cassandre : “la France peut connaître une énorme crise des finances publiques, ou une révolte sociale à côté de laquelle les Gilets jaunes et les agriculteurs sont des gâteaux apéritifs.”
Esclaves sexuelles de Daech : l’affreux silence des féministes
Mais où est donc passée la sororité, se demande-t-on en lisant Kamel Daoud, qui raconte dans le Point “la monstrueuse caricature de l’islam qu’ils (Daech) ont incarnée et confectionnée” : le califat de l’Etat islamique en Syrie et Irak a en 5 ans enlevé et séquestré tant de femmes et fillettes yézidies que 2800 sont toujours introuvables dix ans après. Et pour l’épouse du calife, “Daech était surtout une affaire sexuelle, et les captives servaient à l’assouvissement autant qu’au recrutement.” De quoi créer un malaise dans le monde arabe, mais aussi en France où, selon Daoud, “ce nombrilisme qui a inventé le néoféminisme sectaire alors que les femmes iraniennes ou yézidies exposent le monde et le réel” a eu le même effet, alors que les massacres des yézidis ont été reconnus en 2021 par les Nations unies comme un acte de génocide.
Et selon les victimes, “les femmes de Daech étaient plus dures que leurs maris, parfois. Les hommes nous violaient, mais les femmes étaient plus terribles.” En réponse, “l’indifférence totale des milieux féministes” s’est même invitée le 8 mars, où ils ont préféré “chasser de la manifestation les femmes des cortèges Nous vivrons et No Silence, venues porter la voix des Israéliennes victimes du Hamas, le 7 octobre 2023.” Avec pour justification tardive un laconique “le sionisme n’est pas une cause féministe”. Une mutation qui, analyse l’hebdo, remonte à la question du voile, et consiste en “une dénaturation profonde du féminisme”, selon une militante : “les femmes ne sont plus actrices de leur évolution au sein de la société ni solidaires de celles qui en ont le plus besoin, mais dans une “concurrence victimaire” guidée par des agendas politiques.” En premier lieu, l’antiracisme.
Pour Caroline Fourest, “à partir du moment où la dénonciation d’une violence sexuelle pointe un violeur racisé – en l’occurrence Daech pour les Yézidies –, pour les intersectionnels c’est moins intéressant. À leurs yeux, il faut à tout prix éviter de faire le jeu des “islamophobes”.
Il va ainsi être difficile de “dédaechiser l’islam”, comme le souhaiterait Daoud. Plus loin, Mila dénonce aussi, cette fois-ci après la démission du proviseur du lycée parisien Maurice-Ravel, son harcèlement massif sur les réseaux sociaux : “c’est de cette façon qu’ils deviennent bruyants et écrasent leurs victimes. En les diabolisant, pour qu’elles soient seules contre tous. Ils ont conscience que la réalité ne leur permettra pas d’être crédibles, ne recueillera pas l’adhésion de l’opinion publique, alors ils l’effacent.” Péguy avait prévenu : “il faut toujours dire ce que l’on voit ; surtout, il faut toujours, ce qui est plus difficile, voir ce que l’on voit”.
Rima Hassan vs Malika Sorel
Respectivement débauchées par LFI et le RN, les deux femmes sont les recruesles plus médiatiques pour les européennes. Marianne en fait son match : Rima Hassan est “le symbole du tournant identitaire adopté par le mouvement”, et même si elle n’est que septième sur la liste aux européennes, elle en est la ”tête d’affiche”. Elle est pourtant, sur la question palestinienne, depuis toujours pour un seul État binational, jugeant la solution à deux États irréaliste. L’inverse de la position du parti. “Mais sa position reste trouble : elle assure ne pas souhaiter la destruction d’Israël, tout en légitimant la ”branche politique élue du Hamas” et le jusqu’au-boutisme de sa propagande pro palestinienne”.
Quant au RN, il est fier du modèle d’intégration que représente Malika Sorel, ex-conseillère de François Fillon. Mais le Canard enchaîné révèle son offre de service à Emmanuel Macron. Elle “assume avoir voulu servir la France”... “Et tout le monde se moque de son opportunisme. Mais personne pour s’étonner que le Canard joue les télégraphistes de l’Élysée en publiant in extenso les SMS de Malika Sorel au chef de l’État. Ou que le président de la République, dans le seul but de flinguer une liste concurrente, confie à un journal le contenu d’une conversation privée”, commente Marianne.
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