Destruction de la couche d'ozone : les émissions de CFC repartent à la baisse malgré les excès chinois de ces dernières années<!-- --> | Atlantico.fr
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Le trou dans la couche d'ozone en 1996.
Le trou dans la couche d'ozone en 1996.
©AFP

Atlantico Green

Les émissions de chlorofluorocarbures, et notamment de CFC-11 sont en diminution dans l’atmosphère. Une fraude constatée en Chine les avait fait remonter mais elle a été détectée et corrigée à temps.

Sophie Godin-Beekmann

Sophie Godin-Beekmann

Sophie Godin-Beekmann est chercheuse au CNRS au Laboratoire "Atmosphères et Observations Spatiales" (LATMOS). 

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Atlantico : Deux études parues dans la revue scientifique Nature viennent de démontrer que les émissions de chlorofluorocarbures, et notamment de CFC-11 sont en diminution dans l’atmosphère. Que sont ces chlorofluorocarbures et quels sont leurs effets sur la couche d’ozone ?

Sophie Godin-Beekmann : La couche d’ozone est ce gaz qui nous protège d’une certaine gamme de rayons ultraviolet. Il faut savoir que les organismes vivants ont pu se propager sur les continents grâce à l'apparition de la couche d'ozone dans l'atmosphère. Les chlorofluorcarbures ont été mis en cause dans la constitution du trou. Il y a 50 ans, un article a mis en évidence une diminution importante de la couche d’ozone au-dessus de l’Antarctique au printemps. Des mesures ont montré que les composés chlorés, issus des gaz CFC, étaient à l’origine de cette diminution. Cette destruction, située entre 14 et 20 km d'altitude, est rapide pendant le mois de septembre, le printemps polaire. Le trou apparait et se maintient en raison aussi des conditions spécifiques très froides de la stratosphère au-dessus de l’Antarctique. La présence des composants chlorés issus des CFC est responsable de la destruction de plus de 50% de la couche d'ozone au-dessus du Pôle. A l’échelle globale l’émission de ces gaz a porté atteinte à la couche d’ozone à hauteur de 5 ou 6 % suivant la latitude et la saison. Le CFC-11 et le CFC-12 étaient les CFC les plus émis jusqu'à la fin des années 1990. Leur production et émissions est interdite depuis 2010.

Ces éléments chimiques ont été interdits par le protocole de Montréal de 1987 pour leur effet sur la couche d’ozone. Au début des années 2010 pourtant, on a constaté que les émissions étaient plus élevées qu’elles ne devaient l’être. La Chine a notamment été pointée du doigt. Comment l'expliquer ?

Le protocole de Montréal a en effet été signé en 1987. Ratifié par la totalité des pays du monde, il prévoit une réglementation des CFC et une surveillance accrue de la couche d’ozone afin de voir l’efficacité de la réglementation. L’élimination de ces gaz a été prévue pour 1996 concernant les pays développés et en 2010 pour les pays en voie de développement. Le protocole est basé sur la science, mais a été aussi adapté selon les pays et leur responsabilité sur cette problématique. Des transferts de technologies ont été faits pour offrir une alternative à ces gaz comme les HCFC (en passe aussi d’être éliminés) moins destructeurs pour l’ozone, et les HFC qui ont en majorité remplacé les CFC. Ils sont utilisés dans la réfrigération, la climatisation, des mousses…

Jusqu’à 2015 environ, nous avons vu une diminution des gaz conformément à ce qui était rapporté par les pays conformément au protocole. Or, en 2018, une analyse parue dans le journal Nature a montré un ralentissement de la diminution du CFC-11 à l'échelle globale. Depuis 2012, il y avait une discordance entre les inventaires rapportés par les pays et les mesures faites. Grâce notamment à des mesureq sud-coréennes, nous avons pu voir que les émissions interdites venaient d’une région du nord de la Chine. Suite à cela, une intense activité diplomatique a été faite auprès de la Chine, pays signataire du protocole de Montréal. Il n’y avait pas de sanctions prévues mais tout a été mis sur la table diplomatique. Une action assez vigoureuse a été menée auprès des producteurs de CFC 11 par le gouvernement central et le résultat se voit aujourd’hui. Cette bosse d’émission s'est arrêtée et nous sommes revenus à des taux semblables avant cette anomalie observée. Les industriels sont donc rentrés, on ne sait pas exactement ce qu’il s’est passé mais on ne voit plus de discordance.

Avec le taux d’émissions de CFC revenu à la normale, quel est le résultat pour la couche d’ozone ?

Il faut savoir que les composés chlorés continuaient à décroître même dans les années 2010. Le rythme de décroissance s’était simplement ralenti et l’impact sur l’ozone aussi. Néanmoins, ces gaz ont une très longue durée de vie donc l’effet se verra sur plusieurs décennies. Nous avions prévu que la couche d’ozone revienne à un niveau observé dans les années 1970 dans les années 2040, ou 2050, et cela devrait être le cas.

Avons-nous perdu encore plus de temps à cause de la fraude chinoise ?

L’impact est très faible et grâce à cela nous pouvons voir le succès du protocole. Il lie les pays et une fois qu’ils ont signé, ils sont tenus de le suivre. Il a permis de prendre des mesures rapidement et le possible retard à la reconstitution de la couche d’ozone est extrêmement faible, il est de l’ordre de un ou deux ans.

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