Crise des migrants : l’Europe est-elle gouvernée par des schizophrènes ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Un député européen portant le masque d'Angela Merkel.
Un député européen portant le masque d'Angela Merkel.
©Reuters

Chronique du pot aux roses

Tour à tour, Allemagne, Autriche, Croatie, Slovénie et Serbie ont proclamé qu’ils laissaient passer et accueillaient les migrants puis qu’il fallait rétablir des frontières et filtrer les entrées. Et cela nous promet des "super-Calais" un peu partout.

Google et Yahoo, internet

Serge Federbusch

Serge Federbusch est président d'Aimer Paris et candidat à l'élection municipale de 2020. Il est l'auteur de La marche des lemmings ou la 2e mort de Charlie, et de Nous-Fossoyeurs : le vrai bilan d'un fatal quinquennat, chez Plon.

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1 – Quand Mosco mange le morceau

L’aveu, qui ressortit du cynisme le plus pur qu’un apparatchik socialiste peut produire, est passé subrepticement : Moscovici, commissaire européen, suggère que la crise dite des "migrants" pourrait justifier qu’on renonce aux efforts de restauration des équilibres budgétaires. Il a en effet indiqué mardi dernier que la Commission étudiait la possibilité de considérer comme une "circonstance exceptionnelle" ladite crise, ce qui permettrait d'assouplir les règles européennes.

L'Autriche et l'Italie "notamment" demanderaient à Bruxelles d'appliquer une clause du Pacte de stabilité qui permet au déficit public en cas "d'événements exceptionnels" de dépasser le plafond de 3 % du PIB sans risquer de procédure de sanctions. "Il est exact" que les textes du Pacte de stabilité et de croissance "prévoient l'existence de circonstances exceptionnelles", a déclaré Pierre Moscovici sur France 2.

On voit immédiatement où tous ces gens veulent en venir : les migrants seront le parfait prétexte pour différer une fois de plus le respect des vertueuses promesses de rétablissement. Restera à la Banque centrale européenne à accepter comme contrepartie de ses prêts de monnaie de singe les dettes émises pour financer l’accueil desdits migrants. On voit comment la nouvelle trahison des clercs se met en place : nos prétendues élites se servent d’une invasion qui ne dit pas son nom pour conserver leur pouvoir virtuel et surtout leurs prébendes. Ils ont d’abord renoncé à l’exercice de la souveraineté contre l’émission d’une dette perpétuelle, ils complètent cette abdication par l’acceptation d’une ouverture des frontières à une main d’œuvre dont on ne connaît en réalité ni l’origine ni les qualifications.

Car, de plus en plus, il apparaît que la crise syrienne a bon dos et qu’entre fraudes à l’identité et provenance réelle derrière le vocable "autres nationalités" les réfugiés politiques et même ceux qui fuient un conflit militaire forment une minorité des entrants. Du reste, ces derniers peuvent être considérés comme réfugiés quand ils quittent la Syrie et s’établissent en Turquie, Liban ou Jordanie. Lorsqu’ils viennent ensuite en Europe occidentale, ce sont des clandestins mus par l’espoir de meilleures conditions de vie pour des raisons financières.

2 - Schizeuropa

C’est en tout cas une belle séquence de schizophrénie que les soi-disant dirigeants européens offrent en spectacle depuis un mois. Tour à tour, Allemagne, Autriche, Croatie, Slovénie et Serbie ont proclamé qu’ils laissaient passer et accueillaient les migrants puis qu’il fallait rétablir des frontières et filtrer les entrées. Orban, en Hongrie, a été plus cohérent avec ses clôtures de sécurité mais les Pères-la-morale lui sont tombés dessus, le traitant de raciste et de fasciste, tout en réclamant qu’il respecte seul les accords de Dublin.

Conséquence : comme nous le prévoyions dans ces colonnes il y a déjà un mois, les Hongrois finissent par en avoir assez et organisent eux-mêmes le passage vers l’Autriche qui va bientôt prendre en charge elle-même l’acheminement en Allemagne, laquelle changera d’avis et rétablira le contrôle de sa frontière avec son cousin. Avec un million d’entrants par an, elle n’aura pas le choix. Le prétexte sera facile à trouver : l’office allemand en charge du renseignement s’émeut déjà des risques d’infiltration djihadiste. Les migrants c’est l’Anschluss à l’envers !

Si ces pauvres hères sont repoussés d’un endroit à l’autre et ballotés sans plus pouvoir compter sur un soutien chancelant des idiots inutiles d’organisations droits-de-l’hommistes, où iront-ils ? Cela nous promet des "super-Calais" un peu partout. Le risible quota de 120 000 migrants dont Mou-Président prétend qu’il exonère désormais l’Europe de ses obligations est un cautère sur une jambe de fer.

Bref, Mosco et ses semblables tentent de tirer parti de cette crise pour sauver un édifice européen vermoulu mais ils font entrer les termites dans une charpente déjà branlante.

3 – Tsipras la casquette

Le sirtaki des hypocrites continue d’être dansé à Athènes. Tsipras, fort d’une mainmise accentuée sur la Vouli, va pouvoir justifier auprès des eurocrates le remboursement de l’énorme dette grecque grâce aux prêts nouveaux qu’on lui consentira. Le serpent monétaire continue de se mordre la queue.

On peut compter sur Moscovici et ses bonnes vieilles méthodes pour dire que tout cela est normal et sur Draghi pour émettre un petit coup de monnaie simiesque supplémentaire. Tous ont compris, lors de la dernière crise, que les Grecs pouvaient menacer la survie de l’euro à court terme en émettant une monnaie parallèle.

Tsipras gagne donc du temps, permet à sa population de continuer à gonfler ses bas de laine et gouverne selon le vieux principe "qui vivra verra", contrepartie de l’évidence keynésienne qu’à long terme nous serons tous morts.

Comme on disait autrefois au seuil de l’Académie de Platon : "c’est au crépuscule que l’oiseau de Minerve (c’est-à-dire la raison) prend son envol".

4 – La France est à nouveau dégradée mais qu’importe !

Plus forte que l’omerta médiatique : la mithridatisation aux mauvaises nouvelles. Moody’s a de nouveau baissé la note de la dette publique française et c’est à peine si l’on en a parlé dans les gazettes, sur les étranges lucarnes et les écrans bizarres.

Sapin, le ministre chargé de la préparation de sa nomination au Conseil constitutionnel, a battu ses propres records de cynisme cocasse en déclarant que ce n’était pas grave puisqu’ainsi cette agence était désormais en cohérence avec les évaluations des autres organismes du même type ! Si tous les médecins sont d’avis que vous allez mourir sous peu, il n’y a plus de quoi s’inquiéter …

De tous ces faits, gestes et déclarations ou l’incongru le dispute à la drôlerie, on peut retenir une chose : nos gouvernants ne maîtrisent plus rien. L’Europe de la déraison, construite sur des subterfuges pour éviter que les peuples ne s’emparent des vrais sujets, n’en a plus pour très longtemps et fait de plus en plus penser à l’Union soviétique de la fin des années 1980.

A lire, du même auteur : "La marche des lemmings… ou la 2e mort de Charlie - Le pouvoir de la manipulation et la manipulation au pouvoir", publié chez Ixelles Editions, 2015. Pour acheter ce livre,cliquez ici.

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