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2017, l'année où la réalité augmentée s'attaque à nos oreilles
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La minute tech

Filtrage des bruits ambiants, visite touristique audio, amplification des voix, séance de jogging avec un coach virtuel, etc. : voici ce que vous pourrez faire avec les casques audio à réalité augmentée.

Naomi  Roth

Naomi Roth

Spécialisée dans la réalité virtuelle et son impact sur l'humain, Naomi Roth crée en 2016 Virtuality For Reality, une communauté internationale en ligne réunissant des professionnels qui soutiennent l'application des nouvelles technologies pour l'éducation, la santé et la création de lien social. Aujourd'hui, professeure et conférencière internationale pour notament Engaged University, The Camp, elle s'intéresse particulièrement aux questions d'éthique concernant les nouvelles technologies. 

Suivez Naomi Roth sur Twitter : @NaomiRothPicard

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Atlantico : Des Google Glass au Microsoft Hololens, les sociétés high-tech en 2016 se sont concentrées sur la réalité augmentée visuelle. Cependant, d’autres entreprises essayent de développer des casques audio de réalité augmentée (Nura, Doppler Labs). En quoi consiste cette réalité augmentée auriculaire ? Comment cette technologie s'applique-t-elle au domaine du son ?

Naomi RothLa réalité augmentée dépend de plus d'une technologie. En fait il serait réducteur de se la représenter comme un ajout d'informations visuelles ou sonores systématique sur le réel. Elle est le résultat de la combinaison d'éléments virtuels et non virtuels dans un environnement réel, et de leur bonne interaction en temps réel et en trois dimensions. Imaginez une série de filtres visuels ou sonores, odorants ou haptiques même, qui pourraient au choix apparaître ou disparaître, se répondre entre eux et se fondre de manière convaincante dans votre environnement. En 2010, deux chercheurs du Virtual Worlds and Digital Games, un département de l'Université de Technologie de Ilmenau en Allemagne, ont lancé une application qui fait disparaitre en temps réel des éléments sur une vidéo. Il suffit que l'utilisateur les détoure sur son écran et le logiciel analyse l'environnement pour produire des textures qui camouflent la cible et maintiennent ce camouflage lorsqu'on déplace l'angle de vue. On peut aussi se souvenir de No Ad, une application sortie en 2014 sur Android et iOS, qui reconnaissait et remplaçait les publicités du métro de New York par les œuvres du collectif d'artistes à l'origine du projet.

En résumé, la réalité augmentée sonore consiste, de la même manière, à moduler et synchroniser des données réelles et virtuelles en temps réel et à les confondre à notre expérience auditive naturelle.

Quel peut être concrètement l'apport de ces casques à réalité augmentée pour l'utilisateur ?

C'est la sensibilité du dispositif à l'environnement et la qualité de l'intelligence mise au service du traitement du contexte qui vont, dans un premier temps, déterminer l'apport à l'expérience utilisateur. On arrive doucement à des dispositifs intelligents qui vont pouvoir jouer les rôles à la fois de table de mixage du monde réel, d'encyclopédie universelle et d'assistant personnel. Par exemple, en combinant accéléromètre, gyromètre, puce GPS et boussole, le casque audio Intelligent Headset de la société danoise GN Store sait où l'utilisateur se trouve et dans quelle direction il regarde. Connecté en Bluetooth à un smartphone, il permet notamment à l'utilisateur de lancer une visite touristique audio qui s'adapte à sa position réelle et à ses intérêts, ou encore de faire appel à un coach virtuel qui va l'accompagner dans sa séance de jogging.

Autre exemple: les écouteurs Pilot sans fil, très attendus, de Waverly Labs, qui ont reçu près de 4 millions de dollars de financement sur Indiegogo en 2016. Ils sont déjà quadrilingue (anglais, français, espagnol, italien), et la startup basée à New York a annoncé qu'ils devraient pouvoir traduire trente-sept langues en tout. Quant aux écouteurs Hero One de Doppler Labs que vous mentionniez, eux aussi sans fil et dont la sortie a été encore repoussée, ils permettront notamment de filtrer les bruits ambiants ou d'amplifier les voix humaines.

Pour rebondir ici sur la question de la réalité augmentée-diminuée, il va être intéressant d'observer l'évolution de notre rapport à l'environnement sonore avec l'avancée de ces technologies. Quand nous pourrons tout à fait contrôler ces filtres, quelles informations choisirons-nous de taxer d'inutiles, de désagréables, énergivores, ou encore d'incompatibles avec notre prisme culturel et sociétal du moment ? Et pourra-t-on choisir d'écouter plus tard les données discriminées ou est-ce que nous vouerons à disparaître un pan entier de notre expérience auditive ?

L'état d'avancée des connaissances et de la recherche en matière de réalité augmentée est-elle suffisante pour envisager la multiplication de ses applications, notamment pour ce qui est des casques audio et autres écouteurs ?

Les applications vont se multiplier, cela ne fait aucun doute. Ce qui est moins sûr à l'heure actuelle, c'est l'engouement du public face à ces technologies et les questions qu'elles soulèvent sur le respect de la vie privée. L'inquiétude envers les dispositifs connectés intelligents est tenace. C'est encore elle qui fait réagir lorsque l'hôtel Wynn Las Vegas annonce en décembre 2016 que ses 4 748 chambres vont être équipées d'Echo, l'assistant à commande vocale de Amazon, qui est récemment devenu le potentiel témoin principal dans une affaire de meurtre, toujours aux États-Unis mais cette fois dans l'Arkansas. Les dispositifs de réalité augmentée sonore ne deviendront des compagnons fidèles aux oreilles des utilisateurs que par les garanties qu'ils auront quant à la protection leur vie privée.

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