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« Vague populiste » en Europe : mais que leur reproche-t-on au juste ?
©Marco BERTORELLO / AFP

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Que reproche-t-on aux Salvini, Orban et Kurz d’Europe ou aux Trump-Bolsonaro des Amériques quand on les traite de populistes ?

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle

Alexandre del Valle est un géopolitologue et essayiste franco-italien. Ancien éditorialiste (France SoirIl Liberal, etc.), il intervient dans des institutions patronales et européennes, et est chercheur associé au Cpfa (Center of Foreign and Political Affairs). Il a publié plusieurs essais en France et en Italie sur la faiblesse des démocraties, les guerres balkaniques, l'islamisme, la Turquie, la persécution des chrétiens, la Syrie et le terrorisme. 

Son dernier ouvrage, coécrit avec Jacques Soppelsa, Vers un choc global ? La mondialisation dangereuse, est paru en 2023 aux Editions de l'Artilleur. 

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Titres alarmistes, déclarations passionnées contre la menace imminente et bruit de bottes, ces deux dernières années en politique dans des pays aussi différents que la Hongrie, les Pays-Bas, l’Italie, l’Autriche, ou plus loin de nous les États-Unis et le Brésil, sont placées sous le même terme de « populiste », marquant par là bien plus un reproche que leur fait une certaine classe politique qu’une analyse circonstanciée et politologique sérieuse du phénomène. D’une culture de paix sociale en Autriche, de l’accommodement aux Pays-Bas, à l’ex-pays soviétique qu’est la Hongrie, force est de constater que si le contexte politique, social et culturel d’émergence de ces « populismes » diffère, l’accusation ne varie point...mais a-t-elle de quoi tenir ?

La une de ces derniers mois tout comme les discours du Président Emmanuel Macron font état d’une « vague » des gouvernements populistes qui « déferlerait » sur l’Europe, joignant l’alarmisme au sensationnel et rangeant ainsi Viktor Orban, Matteo Salvini et Sebastian Kurz dans la même tribu des populistes « nauséabonds », « néo-fascisants », « xénophobes » et donc « d’extrême-droite ». Cette façon de qualifier ces dirigeants d’une part, puis le mouvement global, d’autre part (certes assumé par un Steeve Bannon qui voudrait même les unifier), non seulement tient plus de l’invective que de la critique politique, mais restreint l’analyse factuelle et l’information à un constat catastrophiste et à préfère l’indignation généralisée et généralisante au décryptage des causes et de la complexité de ce phénomène aux multiples facettes et différences. A ceux qui feignent d’y voir un mouvement nouveau, fruit d’une soudaine renaissance de la « bête-immonde », on rappellera que l’on parlait déjà de « vague populiste » il y a presque vingt ans, quand, dans les années 1993-2000, on avait assisté à l’ascension politique du milliardaire italien Silvio Berlusconi en Italie (d’ailleurs allié et parrain gouvernemental de la Ligue de Salvini depuis lors), du parti de Pim Fortuyn aux Pays-Bas (assassiné par un militant rouge-vert hostile à son « islamophobie »), de Jorg Haider en Autriche, pour ne citer que ceux-là. Déjà à l’époque, les observateurs étaient restés pantois devant la posture de rupture et de transgression adoptées par ces nouveaux « populistes » face aux anciens establishments feutrés et qui auraient surtout mobilisé les affects des déshérités « manipulés » et les déçus de la caste politique établie (la « Casta » conspuée par Beppe Grillo de 5 étoiles). Les résultats des élections montraient en fait que c’étaient surtout les classes moyennes qui avaient massivement voté pour ces partis. Durant des années, on critiquait certes les « populistes », même si ce terme, si bien analysé par Pierre-André Taguieff, était bien moins prisé, mais les critiques ne passaient pas souvent les frontières. Aujourd’hui, la vague lancée il y a une quinzaine d’années n’est pas plus radicale d’un point de vue idéologique (Jorg Haïder et Jean Marie Lepen étaient plus proches de l’extrême-droite antisémite que les populistes de maintenant, plutôt judéophiles), elle est peut être plus présente dans certains pays occidentaux jadis « épargnés » (Royaume-Uni, Suède), mais elle va de pair avec la multipolarisation du monde, avec la tendance à la démondialisation, puis avec les contre-coups inévitables d’une immigration incontrôlée extra-européenne dont plus personne ne peut plus désormais nier les conséquences en matière d’islamisation, d’insécurité et de bouleversement identitaire. En réalité, dans les années 2000 comme aujourd’hui, ni le vote de contestation, sorte de « coup de gueule » contre la politique dans son ensemble, ni la protestation des pauvres contre les nantis, ne suffisent à expliquer un phénomène que l’on tente en vain de soumettre à la « reductio ad hitlerum », que l’on a certes le droit de critiquer, qui peut même inquiéter, mais qui exprime avant tout une profonde angoisse identitaire et une volonté de survie des peuples qui se sentent menacés de disparition et de désagrégation face à une mondialisation de moins en moins « heureuse » et qui est perçue comme un mondialisme hostiles aux Nations.

L’instrumentalisation des émotions est-elle un monopole du populisme, et du populisme de droite ?

Le terme de « populisme » n’avait pas plus de précision du temps d’Haider et de Berlusconi qu’aujourd’hui, mais il recouvre tout de même certains traits, dont le fait de mobiliser le sentiment ou plutôt le ressentiment de la population, en manipulant-récupérant des thèmes suscitant l’angoisse ou la colère. De Pim Fortuyn en 2002 à Mattéo Salvini en 2018, ces thèmes ont nom immigration et islam – pas même le « problème » de l’immigration et le « problème » de l’islam. Ce que la bien-pensance reproche c’est le fait même d’oser aborder le sujet, alors que nombre de sondages révèlent la défiance croissante d’une majorité des populations d’Europe envers non pas seulement l’islamisme, que l’on tente de déconnecter de l’islam, mais la religion musulmane elle-même, puis l’immigration afro-islamique, très différente des précédentes, mais dont la doxa politiquement correcte interdit de souligner les spécificités et de réduire au profit d’une autre. D’une manière générale, c’est bel et bien la question éminemment politique des frontières, de la pérennité de la nation, de la défense de l’identité judéo-chrétienne de l’Europe, de l’échec des programmes d’intégration nationale, face aux migrations de peuplement et aux dérogations communautaristes (quartiers livrés aux islamistes et aux caïds ; « atténuants culturels », « accommodements raisonnables ») qui est posée et qui, il y a cinquante ans, étaient abordés sans complexe par les partis modérés de gouvernement (cf Raymond Barre en France avec son programme de retour des immigrés). La dramatisation- de ces thèmes identitaires par les « populistes » pourrait certes être qualifiée de démagogique, si ce n’était le contexte : une question qui n’est jamais abordée ou de façon censurée n’en devient que plus aiguë, et l’on ne peut ignorer que les sempiternelles accusations de « racisme », la stigmatisation systématique du Blanc-européen-chrétien, nécessairement lesté de son passé colonial, la paranoïsation du citoyen toujours en passe d’être traité de nazi, les condamnations internationales de propos ou mesures (loi françaises anti-voile et anti-burqa) qui ne choquent en réalité personne, les déclarations coup-de-poing telles que « l’islam politique est partie prenante de l’ensemble que nous formons » de Federica Mogherini, sans qu’il y ait jamais de concertation sur cette partie jouée dans nos sociétés, tout cela participe du caractère «sensible » du sujet.

Retour du « refoulé identitaire »

En retour, on pourrait suggérer que la façon dont la bien-pensance use du trauma de la deuxième guerre mondiale (spectre de la « bête immonde » toujours rôdant) pour dramatiser la moindre velléité de seulement aborder les sujets régaliens comme l’immigration ou l’intégration de l’islam à la société (française notamment) ; dresse des parallèles absurdes entre les Juifs d’alors et les musulmans et «réfugiés » d’aujourd’hui ; brandit les droits de l’homme dont il n’est pas permis de penser l’application autrement qu’au détriment de l’Etat-nation souverain, sous peine de passer (encore) pour un fasciste, sont autant de façon de mobiliser tout autant l’émotion chez le citoyen soucieux de « moralité ». L’antipopulisme est une sorte de populisme si l’on définit ce dernier comme une politique fondée sur l’instrumentalisation de l’émotion et la diabolisation de l’ennemi. Enfin, il est difficile de trouver Matteo Salvini si « dramatique » lorsqu’il entend préserver les villes italiennes dévastées par des flux de migrants illégaux (donc entrés par effraction chez nous et non invités légalement) que la population ne peut plus absorber. Certes la Hongrie de Orban qui assimile les flux de migrants à ceux des terroristes islamistes est « populiste » et choquant, mais il est tout aussi obscène de forcer un peuple à répéter en boucle à chaque attentat islamiste que « l’islam est une religion de paix et d’amour », que l’immigré extra-européen est bon par nature et créditeur vis—à-vis de nos nations « coloniales », de sorte que le fait même de ne pas le penser est déjà assimilé à de la haine. A nouveau, l’instrumentalisation des aspirations du peuple n’est pas le seul fait des « droitards » hongrois, autrichiens, hollandais ou italiens. Car là où la droite peut sembler battre le rappel autour de sujets éminemment politiques que sont les frontières et l’identité, la gauche donneuse de leçons de morale fait de même avec ses injonctions de bienfaisance indiscriminée et de générosité sans limites, le sens critique et politique étant  par avance émoussé dans un monde qui a connu la Shoah, qui est de tradition chrétienne et qui aurait une « dette post-coloniale » à payer de façon indéfinie. Le jeu du « nous » versus « eux » qui a fait les jours sombres des extrêmes rouges et noirs et qui conduit à considérer automatiquement la différence d’opinion comme la marque de l’ennemi, n’est pas non plus l’apanage des populistes « identitaires » ou « d’extrême-droite ». Il suffit de voir les procès en islamophobie notamment pour s’en rendre compte : la vision du monde bien-pensant est autrement clivante que celle des Orban et Salvini d’aujourd’hui, à la différence près qu’elle ne désigne un « nous » que pour le fustiger comme étant en soi « excluant » : les Autres, immigrés, musulmans, migrants clandestins, anti-occidentaux, sont en effet parés de toutes les vertus et perçus comme moralement « supérieurs ». Les totalitaires bruns diabolisent l’Autre exotique, mais les totalitaires cosmopolitiquement corrects diabolisent le Nous autochtone. L’idée sous-jacente à cette doxa anti-identitaire, hostile au Nous, est que l’Européen-Blanc-Occidental ne peut à terme « expier » ses « fautes » passées qu’en disparaissant sous les flux migratoires incontrôlés en provenance des pays afro-islamiques « victimes » par essence et créditeurs par hérédité. Il n’y a donc pour la Vieille Europe post-coloniale coupable qu’à disparaître, à accepter son auto-éradication identitaire en renonçant non seulement au « Nous », qui n’existerait d’ailleurs pas, mais en renonçant à l’idée même qu’il puisse y avoir des différences de droits, et des différences tout court entre le national et l’étranger, entre le Français et le Migrant, même clandestin et même hostile au Nous et/ou délinquant. En cela, le ressort ami/ennemi (cosmopolitiquement correct versus populiste ») est bien plus puissant et clivant chez la bien-pensance que du côté de la « droite-populiste ». Un des corollaires de la division nous/eux telle qu’attribuée aux populismes est que cela mettrait fin au pluralisme, à la démocratie, de sorte que si le populiste se réfère à un « peuple » pensé comme entité homogène (ce qu’il n’est pas), le pluralisme de gauche pulvérise ledit peuple qui n’est tout simplement plus pensé du tout.

Les « populistes » européens d’aujourd’hui sont également considérés d’extrême-droite : qu’en est-il ?

A en croire l’usage du mot « populiste » de ces dernières années, ce serait presque un synonyme « d’extrême-droite » (or l’histoire passée et actuelle montre qu’il y a des populismes de gauche, et non des moindres : le Parti travailliste brésilien (parti des Travailleurs de Lula et Roussef), perdant de la dernière élection présidentielle face au « populiste » de droite Bolsonaro, était populiste de bien des façons, comme l’était de façon extrême Hugo Chavez au Vénézuela (et tragiquement son successeur Maduro), ou comme le sont Jean-Luc Mélenchon en France ou le mouvement 5 étoiles en Italie. Pourtant, à y regarder de plus près, Viktor Orban, trois fois élu démocratiquement rappelons-le, a pour plus coriace adversaire le parti foncièrement antisémite Jobbik, résolument d’extrême-droite. Orban est d’ailleurs un grand ami d’Israël, un défenseur passionné de la civilisation « juéo-chrétienne » (tout le contraire du projet nazi païen anti-juif et anti-chrétien), et il est rien que de ce point de vue fort difficilement de le considérer comme participant de la droite extrême. De même, le parti de Sebastian Kurz, en Autriche, le ÖVP chrétien-démocrate, est un parti avant tout conservateur en matière sociale, et libéral en matière économique, et il a longtemps partagé la scène politique autrichienne avec le parti socialiste SPÖ. Il reste par ailleurs pro-européen et économiquement libéral, au contraire du FPÖ, le vrai parti d’extrême-droite autrichien, national-conservateur, eurosceptique. Le PVV de Geert Wilders aux Pays-Bas est lui aussi plus conservateur et libéral, voire libertaire sur le plan des mœurs et de la religion, qu’extrémiste «  de droite », sachant qu’il est foncièrement pro-israélien et judéophile. Finalement, ces mouvements, tout comme la Ligue de Salvini en Italie, ne sont qualifiés de « racistes-fascistes » qu’en raison de leurs positions très arrêtées sur l’islam et l’islamisme, notamment leur projet de fermer les écoles islamiques, de limiter les flux migratoires en provenance des pays africains et islamiques, ce qui n’est pas spécialement le marqueur du nazisme mais de n’importe quel courant patriotique, à commencer par le Gaullisme, puisque Charles De Gaulle craignait ouvertement lui-même que la ville de Colombey les deux Eglises devienne « Colombey les deux mosquées »…  L’étiquette de « xénophobe », si souvent utilisée contre les nouveaux populistes, peut également être entendue en ce qu’elle n’est pas une xénophilie. Il semble en effet que pour l’école de la bien-pensance, n’être pas activement xénophile est déjà de la xénophobie. Or Orban, Salvini, Kurz et Wilders ne ciblent que l’immigration illégale, ce en quoi ils respectent les lois de l’Union Européenne et l’ordre juridique national comme international. Aussi, lorsque les ONG pro-migrants et les partis de gauche et d’extrême-gauche immigrationnistes dénoncent les nouveaux « populistes » comme ayant la volonté d’enfreindre les lois, en particulier internationales (on parle ainsi de droit d’asile notamment), il s’agit là d’une inversion des valeurs et normes dans la mesure où la défense systématique des migrants illégaux et d’une immigration incontrôlée, consiste à criminaliser moralement les lois en place, le principe même de souveraineté des Etats-Nations démocratiques, ce qui est tout le contraire. En réalité, aucun de ces trois pays (Wilders n’est pas au pouvoir) n’a enfreint le cadre légal, que ce soit en matière d’immigration, de contrôle des frontières, d’expulsion de clandestins, d’incarcération d’islamistes, d’interdiction d’imams extrémistes ou de limitation des visas accordés ou même de renforcement des inspections en mer face aux bateaux illégaux de passeurs. En fait, l’idée-même de République (mot dont se gargarisent les anti-populistes/anti-nationalistes) repose sur la notion centrale d’Etat-nation régalien, et l’idée même d’Union européenne, fruit de traités ratifiés par des Etats souverains, découle du principe d’Etat national. On oublie souvent que si Schengen veut dire libre circulation, elle ne veut pas dire circulation de « n’importe qui » « n’importe comment » et « n’importe où ». D’évidence, on ne peut que constater que la gauche est bien plus prompte à systématiquement briser les lois, au mépris du principe de souveraineté nationale et de légalité démocratique et citoyenne, que les « populistes » qui les défendent au risque d’être soumis à la reductio ad hitlerum…

Sortir du manichéisme : La caractérisation de « populiste » est déjà un acte populiste en lui-même...

Affubler quelqu’un de l’étiquette « populiste » sert à invalider à l’avance sa visée politique en ce qu’elle serait forcément inauthentique et récemment nauséabonde. En cela, c’est déjà un usage populiste puisqu’il s’agit de neutraliser le débat en prétendant que l’opposant n’est pas un interlocuteur politique acceptable. Au total, les populismes hongrois, autrichiens et italiens sont une contestation du pluralisme post-moderne qui vise à diluer l’appartenance nationale dans un tout économique et droit-de-l’hommiste multiculturel. En ce sens, les nouveaux populismes marquent la réémergence d’une politique de position – comme on dirait d’une guerre de position –, contre une politique de mouvement pouvant être ressentie par le « peuple » comme une fuite en avant dont l’arrivée serait un idéal, moral, élevé sans doute, mais ne laissant rien entrevoir qui fasse socle commun, qui fasse, en somme, identité.

Finalement, la dénonciation de la « vague populiste » européenne marque la désapprobation de la part de la bien-pensance politique pour tout ce qui n’est pas elle-même : être conservateur est déjà populiste, comme le fait d’être nationaliste, bref, ne pas marcher dans le sens d’un soi-disant progressisme effréné contre la volonté des nationaux et au service d’un projet qui n’a que faire des territoires, est déjà populiste, c’est-à-dire disqualifié du débat politique. Christiane Taubira, présentant son projet de loi sur l’ouverture du mariage aux couples de même sexe, parlait carrément d’un « changement de civilisation », d’une « grande marche vers l’égalité », mots qui prononcés, par Orban par exemple, auraient été taxés de populistes. Or ce caractère subversif du populisme est également absent des émergences européennes : Geert Wilders aux Pays-Bas, Viktor Orban en Hongrie, Matteo Salvini en Italie et Sebastian Kurz en Autriche sont conservateurs plutôt que réformistes. Leur mot d’ordre n’est pas celui du changement immédiat mais d’un retour à des valeurs fondamentales régaliennes (comme d’ailleurs Bolsonaro au Brésil) qui, pour contestées et questionnées qu’elles aient été ces trente dernières années, n’en ont pas moins formé le soubassement des sociétés européennes pendant des siècles et démocratiques depuis des décennies. Comme « extrême-droite » ou « fasciste », « populiste » est une arme de « guerre des représentations » : il s’agit de « taxer » l’opposant en le montrant comme inculte, grossier, démagogue et... nationaliste. Le terme « populiste » est devenu un écran de fumée placé sur le politique pour que le citoyen bien élevé n’aille pas y voir de trop près, un peu comme le FN fut d’abord le croque-mitaine fascisant apparu à la faveur de Mitterrand pour contenir l’électorat de droite dans les zones prescrites. C’est d’ailleurs peut-être un élément crucial du contexte français actuel : alors que la bien-pensance continue d’adosser sa stratégie politique à l’après-deuxième guerre mondiale, nous sommes en France dans l’après Mitterrand, c’est-à-dire un jeu politique où il a été jugé bon et « démocratique » de prendre en étau l’électorat entre le « pire » et le « moins mauvais », sans qu’il soit jamais envisagé qu’une telle situation ne pouvait satisfaire les électeurs longtemps. Si le Brexit et l’élection de Trump ont montré une chose, c’est que cette prise en otage, ce chantage émotionnel où le citoyen est pris entre l’invective et le status quo, ne marche plus.

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