Violence d’Etat et maintien de l’ordre lors des manifestations : Mario Stasi, président de la Licra, répond au président de la CNCDH<!-- --> | Atlantico.fr
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Un gendarme lors de la manifestation de Sainte-Soline.
Un gendarme lors de la manifestation de Sainte-Soline.
©YOHAN BONNET / AFP

"Agenda partisan"

Selon la lettre de Mario Stasi, "attentive à la justice sociale et au principe intangible des libertés associatives, la LICRA refuse que les combats de la CNCDH soient dévoyés au profit d’un agenda partisan", dans le contexte de la manifestation de Sainte-Soline.

Après des journées de manifestations contre la réforme des retraites dans toute la France, la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH) s’est inquiétée des actions des forces de l’ordre. Selon Jean-Marie Burguburu, président de la CNCDH, "en janvier 2020, la CNCDH avait déjà alerté sur les violences policières illégitimes, dans le contexte du mouvement des Gilets jaunes. Je déplore vivement, que trois ans plus tard, la CNCDH doive faire ce même constat d’agissements abusifs et préoccupants des forces de l’ordre". 

La Ligue des droits de l’homme s’est aussi emparée de cette question et considère que la politique du gouvernement plongerait aujourd’hui le pays dans une "situation particulièrement alarmante pour la démocratie. Le territoire français est à nouveau le théâtre d’opérations de maintien de l’ordre de grande ampleur, violentes et totalement disproportionnées, au mépris de la liberté de manifester. Ces derniers jours ont vu le retour des nasses illégales, de l’usage d’armes mutilantes comme le LBD et les grenades de désencerclement, du gazage à outrance, de l’emploi de policiers non formés au maintien de l’ordre et réputés pour leur violence, en particulier la brigade de répression de l’action violente motorisée (BRAV-M) et les Brigades anti criminalité (BAC), avec des interpellations et des verbalisations indiscriminées, du matraquage systématique et des violences gratuites et attentatoires à la dignité des personnes".

La Ligue des droits de l’homme a lancé une pétition sur cette question. 

Dans ce contexte particulier et au regard des critiques sur une "violence d’Etat à la française" et suite aux attaques envers l'attitude des forces de l'ordre, Mario Stasi, le président de la LICRA (la Ligue internationale contre le racisme et l'antisémitisme) a pris position sur cette question. Mario Stasi a tenu à adresser un courrier à l’attention du président de la CNCDH.

Selon la lettre de Mario Stasi, "attentive à la justice sociale et au principe intangible des libertés associatives, la LICRA refuse que les combats de la CNCDH soient dévoyés au profit d’un agenda partisan", dans le contexte de la manifestation de sainte-Soline. 

La LICRA appelle la présidence et l’ensemble des membres de la CNCDH ."à plus de pondération et de hauteur de vue dans un contexte difficile où la raison et le dialogue doivent s’imposer à tous.".

Mario Stasi estime que "l’outil unique et précieux que constitue la CNCDH ne doit pas être dévoyé par certaines entreprises de déstabilisation".

Voici l’intégralité de cette lettre à retrouver à cette adresse : cliquez ICI 

Affirmation d’une violence d’État à la française : Mise au point de Mario Stasi, président de la Licra, à l’attention du président de la CNCDH

Courrier de Mario Stasi, président de la Licra à l’attention de M. Jean-Marie Burguburu, président de la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), transmis le 11 avril 2023.

Monsieur le Président, Cher Jean-Marie,

Dans un courrier daté du 7 avril 2023, vous interpellez la Première ministre, au sujet des paroles du ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, répondant le 5 avril aux critiques d’un sénateur sur les agissements de Ligue des droits de l’homme, membre de la Commission nationale consultative des droits de l’homme que vous présidez. À l’occasion des incidents survenus à Sainte-Soline le 25 mars dernier, cette association n’a en effet pas craint de laisser croire à une accusation mensongère en parlant d’ « entraves » par les forces de l’ordre à l’intervention des secours auprès des manifestants. Ce comportement, loin d’être anodin, nous semble révélateur d’une dérive supplémentaire de cette association. La cautionner est une faute.

Dans ce même courrier, qui engage la commission et qui réclame des clarifications à la Première ministre, il est notamment fait état du « caractère structurel des violences policières illégitimes », de « phénomènes institutionnels », « d’exactions » des forces de l’ordre, d’un discours du ministre « largement utilisé par les autocraties à l’égard des défenseurs des droits de l’homme », « d’arrestations sommaires voire arbitraires » ou encore de « violences policières illégitimes ». Est finalement mis en cause le « comportement des autorités » dans leur globalité, et plus particulièrement celui du ministre de l’Intérieur.

En ma qualité de président de la Licra, je tiens à vous faire savoir que notre association ne se reconnaît ni dans la démarche consistant à avaliser les défaillances d’une association, fût-elle membre de la CNCDH, ni dans les termes inappropriés que vous utilisez. En validant la thèse de la violence d’État, vous accordez, Monsieur le Président, un blanc-seing à ceux qui, aujourd’hui, désignent les pouvoirs publics comme l’ennemi public numéro un. La CNCDH n’est pas le porte-voix de la LDH. Ce dérapage est alarmant.

Dans un contexte de tensions politiques et sociales, la CNCDH doit être en effet capable de nommer sans outrances, quand il y a lieu, des situations conflictuelles, et de formuler d’éventuelles remontrances, sans reprendre, mot pour mot, la rhétorique radicale qui enflamme aujourd’hui notre pays.

Sans prendre le risque d’ajouter à la confusion et aux tensions, la commission que vous présidez ne peut ignorer la violence qui s’exprime au sein de la société civile et qui menace gravement le cadre et les règles de la vie démocratique. Elle ne peut, sans nuire à sa propre autorité, entrer dans la mêlée en validant hâtivement une lecture partiale des événements, qui n’inscrit pas la flambée de violence sociale au sein d’une réflexion sur les rapports entre police et population. Elle ne peut, sans faillir à ses fondamentaux, concourir à accréditer l’idée que la violence puisse connaître un début de légitimité, dès lors qu’elle est orientée vers des représentants de l’État.

Attentive à la justice sociale et au principe intangible des libertés associatives, la Licra refuse que les combats de la CNCDH soient dévoyés au profit d’un agenda partisan. Elle appelle sa présidence et l’ensemble de ses membres à plus de pondération et de hauteur de vue dans un contexte difficile où la raison et le dialogue doivent s’imposer à tous. L’outil unique et précieux que constitue la CNCDH ne doit pas être dévoyé par certaines entreprises de déstabilisation.

En vous remerciant par avance pour l’attention que vous porterez à mon courrier, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, Cher Jean-Marie, mes meilleures salutations.

Mario Stasi

Président de la Licra

LICRA

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