Scandale de corruption au Parlement européen avec le Qatar : Francesco Giorgi, le compagnon d’Eva Kaili, est passé aux aveux<!-- --> | Atlantico.fr
Atlantico, c'est qui, c'est quoi ?
Newsletter
Décryptages
Pépites
Dossiers
Rendez-vous
Atlantico-Light
Vidéos
Podcasts
Europe
Eva Kaili, vice-présidente destituée, et Francesco Giorgi sont au coeur de l'enquête sur les soupçons de corruption au Parlement européen avec le Qatar.
Eva Kaili, vice-présidente destituée, et Francesco Giorgi sont au coeur de l'enquête sur les soupçons de corruption au Parlement européen avec le Qatar.
©Eurokinissi / AFP

« Qatargate »

Francesco Giorgi a avoué avoir influencé les travaux de son groupe parlementaire. Il est le compagnon d’Eva Kaili, la vice-présidente destituée du Parlement européen.

Nouvelles révélations dans l’affaire des soupçons de corruption au sein du Parlement européen. Francesco Giorgi, un des quatre prévenus dans l’affaire du « Qatargate », aurait avoué faire partie d’un réseau d’influence au service du Qatar mais aussi du Maroc.

Dans le cadre de cette enquête, quatre personnes ont été placées en détention, dont la vice-présidente du Parlement européen, Eva Kaili, la compagne de Francesco Giorgi.

Cet assistant parlementaire à Bruxelles a donc avoué, selon une information du journal « Le Soir », faire partie d’un réseau d’influence destiné à peser sur les décisions européennes au service du Qatar, mais aussi du Maroc.

Collaborateur de l’eurodéputé social-démocrate Andrea Cozzolino, Francesco Giorgi était notamment chargé, au sein du groupe parlementaire Socialistes et démocrates (S & D), des résolutions d’urgence. Cette mission consiste à préparer au début de chaque session parlementaire à Strasbourg les résolutions déposées par le groupe, qui n’ont pas de caractère juridique contraignant, mais permettent d’affirmer des positions politiques et géopolitiques.

A plusieurs reprises, les eurodéputés sociaux-démocrates découvraient le jour du vote des résolutions soit particulièrement favorables au Qatar, comme dans les débats sur les conditions d’organisation de la Coupe du monde 2022, ou encore hostiles aux Émirats arabes unis, adversaire du Qatar sur la scène régionale.

Selon une source proche du dossier, l’assistant parlementaire Francesco Giorgi a incriminé son employeur, Andrea Cozzolino, ainsi qu’un autre eurodéputé belge Marc Tarabella – chez qui une perquisition a été menée – déclarant que les deux hommes auraient touché des sommes d’argent en provenance du Qatar. Il a en revanche cherché à exonérer Eva Kaili, sa compagne, de toute malversation.

Devant le juge, Francesco Giorgi a longuement décrit l’organisation dont il était un pivot : un réseau de corruption principalement italien, exploité par le gouvernement du Qatar et le service des renseignements extérieurs du Maroc. Francesco Giorgi a proclamé l’innocence de la vice-présidente grecque du Parlement européen, sa compagne Eva Kaili.

Il y a cinq mois, le renseignement belge, aidé par d'autres services européens, a appris l'existence de ce « réseau » travaillant « pour le compte » du Maroc et du Qatar. Selon le parquet de Bruxelles, chaque geste visait à mener une « activité d'ingérence » au siège de l'UE et aux postes clés des institutions européennes, en particulier au Parlement. Le Qatar n'avait pas les mêmes objectifs que le Maroc : il s'intéressait principalement à l'image du pays en matière de droits civils.

Le journal La Repubblica a rapporté la confession détaillée de Francesco Giorgi, depuis treize ans assistant dévoué d’Antonio Panzeri, ancien syndicaliste et parlementaire européen, fondateur d’une ONG de défense des droits humains.

Selon Francesco Giorgi, pour influencer les décisions de l’Europe sur le Sahara occidental et le contrôle des flux de migrants – le Maroc souhaite que l'UE ne fasse pas obstacle à l'occupation de ce territoire et avoir moins de problèmes à propos des flux migratoires –, Giorgi et Panzeri étaient en contact avec trois personnes dont l’ambassadeur du Maroc en Pologne et le directeur des renseignements extérieurs du royaume.

Pour promouvoir à Bruxelles l’image du Qatar, ils étaient directement en affaires avec le ministre qatarien du Travail, selon la correspondante à Rome de RFI, Anne Tréca.

Giorgi soupçonne ou accuse deux parlementaires européens de faire partie du réseau, ainsi qu’un autre Italien dirigeant d’une autre ONG proche de l’institution. L’argent des corrupteurs était versé via les ONG ou directement en liquide.

L’eurodéputée grecque Eva Kaili, écrouée pour des soupçons de corruption impliquant le Qatar, restera en détention jusqu’à son audience du 22 décembre. 

Francesco Giorgi, le compagnon de la vice-présidente, a demandé au juge la libération d’Eva Kaili, en échange de sa totale collaboration.

Des zones d’ombres persistent néanmoins : à qui tout l’argent liquide retrouvé à Bruxelles était-il destiné ? Et pourquoi le père d’Eva Kaili a-t-il été appréhendé à Bruxelles avec plusieurs centaines de milliers d’euros dans sa valise ?

Ce scande éclabousse l’institution européenne et écorne son image. Le secrétaire général du groupe S & D a écrit à tous les membres, mercredi soir, afin d’appeler les uns et les autres à des réformes, qui seront débattues lors de l’assemblée générale du groupe le 12 janvier.

Le Parlement européen a défini des règles pour encadrer le lobbying et se prémunir de toute tentative de corruption. Le scandale devrait aboutir à davantage de transparence. Des mesures et des réformes sont annoncées pour les mois à venir.

Sud-Ouest

En raison de débordements, nous avons fait le choix de suspendre les commentaires des articles d'Atlantico.fr.

Mais n'hésitez pas à partager cet article avec vos proches par mail, messagerie, SMS ou sur les réseaux sociaux afin de continuer le débat !