Neurochirurgie : et si des greffes de têtes humaines étaient bientôt possibles ?

Si la Révolution française, riche en guillotinés, avait eu lieu plus de deux siècles plus tard, en 2015 par exemple, la tête et les idées de Robespierre aurait pu se retrouver sur le corps de Louis XVI. Certes, l’image est tirée par les cheveux, et la chose inconcevable. Et pourtant…Dans une étude publiée le mois dernier par Surgical Neurlogy International, le grand neurologue italien Sergio Canavero annonce qu’il sera bientôt possible de greffer des…têtes humaines, d’ici deux ans.

Rendu célèbre pour avoir sorti après deux ans d’un coma végétatif une patiente, le neurochirurgien, inspiré par les travaux de l’Américain Robert J White, semble rendu au bout des derniers problèmes posés par une opération de ce type. Robert J White, avait ouvert la voie de ce type de greffes. Pionnier, il avait dans les années 1970 transplanté la tête d’un singe sur le corps d’un autre, avant de réitérer l’opération.

A l’heure actuelle, Sergio Canavero estime la reconnexion des moelles épinières possibles. Et cela grâce à l’utilisation de matériaux chimiques qui permettent de rétablir les liens entre les fibres nerveuses, indique Gentside. Ce genre d’opération est dépendante de plusieurs paramètres rendant possible la greffe de tête. Il faut évidemment "un receveur, par exemple un tétraplégique ou une personne souffrant d'un cancer sans métastases au cerveau. Et il faut un donneur de la même corpulence et du même sexe (car ce détail a, dans ce genre de greffe, son importance...), en état de mort cérébrale", précise le blog du Monde Passeurs de Sciences.

Des questions de bioéthique à étudier

La rapidité doit être également au rendez-vous. En état de "mort contrôlée", la tête du donneur doit être transférée et greffée immédiatement, et les branchements, grâce aux matériaux chimiques, être effectués. S’il n’y a pas de rejet du greffon, un accompagnement psychologique doit être prévu pour le receveur, afin qu’il s’habitue à son nouveau corps. Robespierre ne s’attendrait pas à l’embonpoint de Louis XVI…

Enfin, ce type d’opération, particulièrement délicate, coûte les yeux de la tête: pas moins de dix millions d’euros. Mais pour ce type de prouesse… Si le neurochirurgien italien préconise à ses confrères de s’entraîner sur des primates, ou mieux, sur des humains en état de mort cérébrale, afin d’être opérationnel(s) –une équipe nombreuse d’assistants doit être constituée-, ces futures greffes soulèvent plusieurs questions de bioéthique. La Science allant à la vitesse de la lumière, contrairement aux règles et aux lois, qu’en serait-il si le receveur se reproduisait ? Les gamètes n’étant pas fabriqués dans la tête, ils descendraient donc du donneur mort…Autres interrogations posées par Sergio Canavero : "Que se passera-t-il si un vieux milliardaire chinois réclame un nouveau corps ? Les médecins se serviront-ils dans les prisons comme c’est le cas pour certains organes ?", ou encore "imaginons un nouvel Albert Einstein. On pourrait décider de greffer sa tête sur un corps pour l’empêcher de mourir. Des règles éthiques doivent être établies avant que le procédé ne tombe entre les mains de médecins peu scrupuleux". Mieux vaut en effet examiner ces questions à tête reposée plutôt que de foncer tête baissée. 

Une greffe de tête dans deux ans, c'est possible selon le chirurgien Sergio Canavero par Gentside