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Le casse-tête chypriote : les fonds d'un plan de sauvetage européen risquent-ils d'aller directement dans les poches d'oligarques russes ?
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Magouillage

L'Europe et la Russie sont sur le point de s'accorder sur la participation de cette dernière à un plan de sauvetage de Chypre, pays qui entretient des relations privilégiées avec Moscou.

Le président chypriote Demetris Christofias a affirmé mercredi que la Russie était prête à participer au plan de sauvetage de la République de Chypre, aux côtés d'autres bailleurs internationaux. "Le président Poutine m'a assuré que la Fédération de Russie était prête à contribuer, avec l'Union européenne, à un accord sur un prêt à Chypre", a déclaré le président communiste. Une nouvelle accueillie avec enthousiasme à Nicosie. Demetris Christofias, qui a étudié à Moscou, a ainsi  "remercié chaleureusement" Vladimir Poutine et indiqué qu'il espérait que la participation de la Russie à un plan de sauvetage "se conclut positivement".

Mais des responsables chypriotes estiment que l’Allemagne, en pleine campagne électorale, et des pays envieux du rôle de l’île comme plate-forme financière, entravent les efforts destinés à sceller un plan de sauvetage européen pour éviter sa faillite. Nicosie, dont l’économie a été très affectée par la crise grecque, est en discussion depuis juin avec le Fonds monétaire international (FMI), l’Union européenne et la Banque centrale européenne (BCE) concernant un plan de sauvetage. Elle a estimé avoir besoin de quelque 17 milliards d’euros, dont 10 dont 10 milliards pour renflouer ses banques.

Des responsables allemands ont critiqué ce plan d’aide, et des médias outre-Rhin ont relayé des informations décrivant l’île méditerranéenne comme un paradis pour des fonds douteux, venant notamment de mafieux russes. "Il s’agit d’une question politique en raison des élections allemandes", estime une source gouvernementale chypriote sous le couvert de l’anonymat. Elle estime en outre que ces accusations s’expliquent aussi par le fait "que certains pays souhaiteraient obtenir une part de notre gâteau en tant que centre financier".

Selon l’ex-ministre des Finances, Michalis Sarris, la question du blanchiment est sans cesse évoquée car il s’agit d’un "sujet sexy" et vendeur pour les médias et la campagne électorale en Allemagne. "C’est évident que derrière les attaques contre Chypre, se cachent des intérêts personnels. Ceux qui attaquent Chypre veulent prendre sa place comme centre international financier et d’investissement", a de son côté déclaré le porte-parole du gouvernement, Stefanos Stefanou. Selon lui, Chypre est le quatrième investisseur en Russie et le deuxième en Ukraine.

Alors que le gouvernement se dit ouvert à une surveillance plus approfondie de son secteur financier, le Parlement chypriote a lancé une campagne pour défendre en Europe la réputation "propre" de l’île. Chypre a reçu "de très bonnes évaluations" en matière de lutte contre le blanchiment du comité Moneyval du Conseil de l’Europe, a tenu a souligner un responsable de la Banque centrale, Michalis Stylianou. La Deutsche Bank a d’ailleurs estimé dans un rapport la semaine dernière qu’il y avait "une focalisation excessive" sur le blanchiment d’argent. "C’est plutôt du statut de Chypre en tant que paradis fiscal doté d’un système bancaire opaque fortement utilisé par des étrangers qu’il s’agit" affirme le rapport, faisant référence à des dépôts de non-résidents s’élevant à 24 milliards d’euros, venus en grande partie de Russie.

Lu sur The New York Times

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