Guerre en Ukraine et opération Doppelganger : la France dénonce une campagne de désinformation en provenance de Russie via des sites miroirs<!-- --> | Atlantico.fr
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Paris accuse Moscou de diffuser de faux articles hostiles à l'Ukraine en imitant des sites internet de nombreux médias.
Paris accuse Moscou de diffuser de faux articles hostiles à l'Ukraine en imitant des sites internet de nombreux médias.
©STEPHANE MAHE, Odd ANDERSEN / AFP / POOL

Propagande et guerre de l'information

Paris accuse Moscou de diffuser de faux articles hostiles à l'Ukraine, prétendument publiés par de grands quotidiens français. Ces opérations s’inscrivent dans un vaste plan d’ingérence numérique mené par la Russie et ciblant la France.

La France a accusé ce mardi 13 juin la Russie de mener une vaste opération d'ingérence numérique en publiant de faux articles hostiles à l'Ukraine, prétendument publiés par de grands quotidiens français. 

Ces révélations de la rédaction du Monde témoignent d’une nouvelle étape dans la guerre hybride menée par Moscou contre les Occidentaux. Ces « agissements (sont) indignes d'un membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies », selon la ministre des Affaires étrangères.

« Les autorités françaises ont mis en évidence l'existence d'une campagne numérique de manipulation de l'information contre la France impliquant des acteurs russes et à laquelle des entités étatiques ou affiliées à l'État russe ont participé en amplifiant de fausses informations », a précisé Catherine Colonna dans une déclaration lue par sa porte-parole, ajoutant que Paris était en « lien étroit » avec ses alliés « pour mettre en échec la guerre hybride menée par la Russie ».

La campagne a visé plusieurs sites de médias, mais aussi celui du ministère des Affaires étrangères et d'autres sites gouvernementaux, en créant des sites miroirs, a précisé la porte-parole Anne-Claire Legendre. 

L'opération dévoilée par le gouvernement est plus précisément « la seconde phase d'une campagne déjà connue, mais avec des modes d'action plus sophistiqués destinés à contourner les contre-mesures et être moins visibles », explique à l'AFP une source sécuritaire impliquée dans le dossier. Il s'agit de l'opération Doppelgänger, déjà documentée en 2022 notamment par l'organisation européenne EU DisinfoLab et le géant américain Meta.

Fin septembre, la maison mère de Facebook avait annoncé avoir démantelé sur sa plateforme une opération « d'influence secrète » provenant de Russie pour amplifier la visibilité de ces articles issus de sites pirates, pour laquelle ses promoteurs, deux sociétés de conseil en marketing et technologie de l'information, avaient dépensé 105.000 dollars. 

Au moins quatre quotidiens français, Le Parisien, Le Figaro, Le Monde et 20 minutes ont été victimes de l'opération, mais d'autres grands médias ont aussi été visés, notamment allemands (FAZ, Der Spiegel, Bild, Die Welt...) Les hackers produisaient de faux articles sur une page en tout point identique à celles du site officiel de ces médias, mais avec un nom de domaine différent, par exemple .ltd au lieu de .fr. Ces faux articles sont ensuite diffusés via les réseaux sociaux.

La structure initiale de l'opération est baptisée RRN, du nom du site pro-russe RRN.world, pour Reliable Recent News (auparavant appelé Reliable Russian News), un site créé quelques mois après le début de la guerre en Ukraine qui a partagé de nombreuses intox, notamment sur une soi-disant mise en scène du massacre de Boutcha. Elle se livre à d'autres opérations d'influence, comme la production de dessins animés anti-Zelensky ou de narratifs pro-russes et de désinformation via certains sites dits de «réinformation». Cette opération vient s'inscrire dans une pratique déjà longue et documentée d'actions d'influences menées par la Russie.

Dans le cas de l'invasion de l'Ukraine, Moscou mise sur les fausses informations pour saper le soutien des opinions publiques occidentales. 

Selon la rédaction du Monde, une fausse page présentait notamment une copie du site du ministère des affaires étrangères français. La fausse page en question annonçait la mise en place d’une taxe de 1,5 % sur « chaque transaction monétaire » pour financer le soutien militaire à l’Ukraine.

Cette vaste opération d’influence russe dure depuis plus d’un an. 

Des faux similaires ont aussi été diffusés en Italie, au Royaume-Uni, et en Ukraine.

Ces articles factices prennent position pour la Russie, critiquent la visite du ministère des armées français en Ukraine, annoncent que les sanctions contre la Russie ruinent l’économie allemande, ou que le président ukrainien Volodymyr Zelensky conduit son pays à la catastrophe.

Ces opérations dénoncées par la France montrent que Doppelganger est toujours actif, et a même étendu ses opérations, avec de fausses pages du ministère des affaires étrangères français, du ministère de l’intérieur allemand, ou en copiant désormais des médias jusqu’en Israël. Au moins une quinzaine de pages Facebook ont ainsi été créées pour diffuser et sponsoriser des témoignages de soit-disants ouvriers allemands récemment licenciés de divers sites industriels, comme Ford et BASF.

Après la diffusion du communiqué du quai d’Orsay dénonçant mardi cette opération, une nouvelle vague de faux documents ont été publiés, siglés cette fois du ministère de l’intérieur et mettant en garde contre un « nouveau type d’escroqueries » commises par « des migrants et réfugiés, souvent originaires d’Ukraine ».

Le Monde

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