Enfants maltraités dans des crèches : vers une "crise des EHPAD 2.0" ?<!-- --> | Atlantico.fr
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Des baby-sitters s'occupent d'enfants dans une crèche à Roubaix, dans le Nord de la France, en octobre 2022.
Des baby-sitters s'occupent d'enfants dans une crèche à Roubaix, dans le Nord de la France, en octobre 2022.
©SAMEER AL-DOUMY / AFP

Bilan alarmant

Un rapport sur la qualité d’accueil dans les crèches françaises dresse un constat alarmant sur la maltraitance des enfants. L’Inspection générale des affaires sociales (Igas) appelle à de profondes réformes.

Alors que 20 % des places en crèche sont détenues par des groupes privés, certaines de leurs méthodes posent question. Une enquête de l’Inspection générale des affaires sociales (Igas) appelle à de profondes réformes. La "qualité de l'accueil" n'est pas toujours au rendez-vous dans certaines crèches. Les enfants peuvent être exposés à des risques de négligences, voire de maltraitance, selon ce nouveau rapport et d’après des informations de L’Express.

Selon Charlotte Caubel, la Secrétaire d’Etat chargée de l’Enfance, il n'est "pas question de vivre une crise des Ehpad 2.0". Des mesures seront prises par le gouvernement dans les mois à venir. 

Le rapport de l'Inspection générale des affaires sociales (Igas) sur la qualité d’accueil dans les crèches a été remis ce mardi 11 avril au gouvernement qui l’avait commandé suite à la mort d’un bébé dans une crèche privée lyonnaise en juin dernier, dresse un bilan alarmant. Selon celui-ci, des milliers d’enfants sont victimes de maltraitances dans ces établissements d’accueil.

Parmi les cas évoqués figurent des enfants laissés en pleurs, attachés à un radiateur, oubliés sur les toilettes ou qui restent dans des couches sales.

Les auteurs du rapport expliquent néanmoins qu’il existe des crèches "de grande qualité, portées par une réflexion pédagogique approfondie". Mais de nombreux "établissements de qualité très dégradée" ont été recensés aussi dans l’Hexagone. 

Selon les inspecteurs de l’Igas, ces mauvaises conditions d’accueil peuvent entraîner "des carences dans la sécurisation affective et dans l’éveil" des jeunes enfants. 

Dans le cadre de ce rapport, les inspecteurs ont visité 36 crèches (publiques et privées) et diffusé un questionnaire auquel ont répondu 5.275 directeurs, 12.545 salariés de crèches et 27.671 parents. 

Certains ont évoqué des cas d’enfants à qui on ne donne pas à boire, humiliés ou insultés ("tu chouines pour rien", "tu sens mauvais"…), nourris de force et maltraités physiquement. 

D’après l’Igas, un renforcement des contrôles, un relèvement des taux d’encadrement (ainsi que du niveau de qualification des professionnels) et un mode de financement des établissements conditionné à des objectifs de qualité sont nécessaires pour éviter ces maltraitances. 

Selon les conclusions du rapport, remédier au manque d’attractivité des métiers de la petite enfance est également vital.

Le gouvernement a l’intention de déployer un certain nombre de mesures suite à la publication de ce rapport. Les premières décisions devraient être annoncées au printemps prochain, dans le cadre du lancement du Service public de la petite enfance, un engagement d’Emmanuel Macron.

Selon l’enquête de L’Express, la marchandisation du secteur des crèches et de la petite enfance inquiète. Nombreux sont ceux ayant dénoncé auprès de la rédaction de L’Express "une course à la rentabilité" dans certains établissements privés, notamment permise par les financements publics. 

D’après l’Igas, "l’évolution du secteur au cours des dernières années aurait conduit, selon des acteurs entendus par la mission, à une dégradation progressive de la qualité d’accueil au profit de logiques financières". 

Selon ce rapport, "les leçons tirées en 2022 des rapports entre la puissance publique et les gestionnaires privés d’Ehpad peuvent à ce titre être très largement appliquées au secteur des crèches". 

Dans un souci quotidien du moindre coût, certains témoins interrogés dénoncent, dans le privé - et sans généraliser à l’ensemble des structures -, des économies "de bout de chandelle sur tout" : le matériel, les jeux, la lingerie, les couches, voire les barquettes de nourriture. "C’est le même principe qu’à l’Ehpad : on retire chaque jour un, deux ou trois repas en partant du principe qu’il y aura des absents. Mais parfois, tous les enfants sont là, et il n’y a plus assez pour tout le monde", décrit un témoin interrogé par L’Express.

Suite aux recommandations de l’Igas, un projet de loi sur la petite enfance devrait être présenté devant le Parlement dans les prochains mois.

L'Epxress

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